Tartifle
Tartifle « pomme de terre ». Grâce à l’essor des sports d’hiver, tout le monde connaît aujourd’hui la tartiflette.
Les Savoyards croient qu’ils sont seuls propriétaires du mot tartifle dont il est dérivé en oubliant qu’il appartient aussi au provençal et au languedocien de l’est (Ardèche, Gard). En plus toute cette région a emprunté le mot au dialectes du Nord de l’Italie : le piémontais; il est composé de terrae + tuber « terre + bosse, truffe » .
L’introduction de la pomme de terre en Europe s’est faite en deux phases. Elle est venue du Pérou en Espagne au début du XVIe siècle et de là en Italie où elle a reçu le même nom que la truffe : tartoufli, tartífoula. De l’Italie elle a été importée en Suisse, notamment à Bâle, où le nom tartuffoli a été adapté et transformé en Kartoffel, qui est devenu ensuite le mot allemand. La forme suisse catofle est bien implantée dans la région lyonnaise.
De la Suisse la plante est également importée dans le Dauphiné et probablement dans le Vivarais voisin ainsi qu’en Bourgogne au début du 17e siècle.
Olivier de Serres qui vivait dans le Vivarais écrit dans « Théâtre d’Agriculture et Mesnage des Champs » 2e éd. Paris 1603 p.513 :
« c’est arbuste dict cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d’aucuns ainsi appellé ».
La pomme de terre, à l’époque une plante rare, était considérée comme une sorte de truffe, du latin tuber qui a donné en ancien occitan trufa (XIIe siècle) « espèce de champignon souterrain, truffe » et le mot trufo, trufa, désigne toujours la « pomme de terre » dans beaucoup de patois galloromans et en même temps la « truffe » ou le « topinambour » comme par exemple dans le Gard. Pierre Larousse donne pour tartifle « nom vulgaire de la truffe ».
Enfin en provençal et en est-languedocien c’est le mot piémontais qui a été adopté tartifle qui en languedocien au début du XVIIIe siècle avait les deux sens : « topinambour » et « pomme de terre » (Sauvages) . En Ardèche, par exemple à Saint-Alban d’Ay existe une autre forme piémontaise trifólas , devenue triffoles en français régional
La deuxième phase n’a eu lieu qu’’au XVIIIe siècle, grâce à Antoine Augustin Parmentier, quand la pomme de terre devient un élément de la nourriture quotidienne partout en France et que dans le vocabulaire l’élément truffe a été remplacée par pomme.