cat-right

Ruscle

Ruscle signifie dans la région de Montpellier « faim canine » ( Alibert) . Une information confirmé par Lhubac qui définit  ruscle  par  « faim de loup » et Marius Autran pour le provençal : « Appétit dévorant.  » Ai lou ruscle «  je meurs de faim ».

Mais en rentrant du marché ma femme, toute mouillée, me dit « J’ai chopé un rúúúuúscle« . En effet à Nîmes, ruscle signifie « averse ». Confirmé dans un  site disparu, et dans une transposition en occitan des « Sabots d’Hélène » de Georges Brassens :

E la pauro Eleno
Ero coume uno amo en peno.
Tu qu’atendiés d’un ruscle l’aubeno

ruscle               ruscles

Le vide-grenier de Manduel, lundi 7 mai 2007  s’est terminé brusquement vers 4 heures de l’après-midi par un véritable ruscle. En quelques minutes tous les chineurs avaient disparus.  Un visiteur me signale que Louis Roumieux parle d’un « ruscle de cop de bastoun« . Ma copine catalane me dit « cela s’appelle un « ruixat » (prononcez ruichà). C’est le même mot, mais en catalan.  Je n’en suis pas sûr. Voir la fin de l’article rusco ci-dessous.

Juillet 2024: un visiteur  confirme : en Camargue un ruscle  est une grosse averse. Le mot  et ce sens sont aussi attestés en catalan.

Le latin connaît le verbe ustulare « roussir, brûler à la surface; brûler (en parlant du froid), attaquer »,  qui a abouti en occitan à usclar (voir ce verbe). Ustulare est un diminutif du verbe urere « brûler ». Rusclar doit être un dérivé avec re- qui renforce le sens. Dispersées dans le départements de l’Ain, dans le Périgord , à Marseille et dans le Gard rhodanien on trouve ces formes avec un r-, par exemple à Jujurieux rucler « brûler », à Périgueux ricle « incendie », et les mots donnés ci-dessus.

En ancien languedocien (XIIIe siècle) est attesté berusclar « brûler le poil à quelqu’un » qui existe encore en niçois bourouscla « flamber une volaille »; en provençal et languedocien besusclar « flamber » a abouti à Nîmes buscla et à Alès, en combinaison avec le mot charbon : chabusclá « flamber (une volaille); échauder » .

L’évolution sémantique n’est pas évidente.  Nous pouvons supposer que « brûler, roussir » > « brûler en parlant du froid » (déjà en latin !) a pu donner > » brûler de faim », > » avoir une faim de loup ».  Une évolution analogue  s’est produit dans les Hautes Alpes où   braso « braise » a donné abrasa « affamé ».

Le sens « averse » est expliqué par von Wartburg1 par l’image d’un pré après une averse qui ressemble à un pré brûlé , mais je ne trouve cette explication par très convaincante. Je pense c’est plutôt le bruit de l’averse qui fait penser à de la viande qui est entrain de roussir sur le feu. A midi ma femme a fait cuire des saucisses au piments d’Espelette. Essayez! Le bruit des petites gouttes de graisse qui sautent et salissent la plaque, imitent bien le bruit d’une forte averse! Une évolution analogue  se trouve dans la famille  raspon  » gratter » 2. Dans  plusieurs villages du canton de Vaud le mot rapaye « bruit de forte pluie; action de râper, écorchure, grosse averse ». Le bruit d’une forte pluie fait penser au bruit quand on met une viande dans la poêle, ou quand on gratte fortement un objet. Voir mon article Contributions à une nouvelle approche …  pour d’autres exemples de ce genre d’étymologies.

    ruscle     piments_d_Espelette

saucisses dans la poêle                                                                averse                                                      piments d’Espelette

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  1. FEW XIV, 81b
  2. FEWXVI,670a + 768b

Rusco, rusca, ruscla

Rusco « écorce; tan « (S), rusca « écorce; tan; gouttière pour conduire l’eau; surface d’une pierre de taille; lard de porc entier; prostituée; crasse, saleté; sainbois (daphne gnidium) à Donnezan » (Alibert).

Rusco vient du gaulois rusca « écorce » (> ruche en français). La première attestation se trouve dans un texte en latin médiéval du VIIIe ou IXe siècle. La famille de mots rusca est également vivante en catalan et dans le nord de l’Italie. Dans le domaine de la langue d’oïl rusca a été remplacé par le type scortea « écorce »et en Gasccogne par le type pellis.

Dans le TLF s.v. ruche je trouve: « les ruches étant à l’origine réalisées à l’aide d’écorces d’arbres comme le chêne-liège; l’ancienne dénomination est restée pour désigner la ruche en paille tressée apportée dans la Gaule septentrionale par les Francs, car le rapport du mot rusca avec la matière utilisée n’était plus senti, le lat. scortea ayant remplacé rusca pour désigner « l’écorce » (cf. aussi des dér. de rusca pour désigner des objets variés, seaux à linge, mesures ou formes à fromage, réalisés à partir d’écorce ».

  • Le sens « écorce » s’est maintenu en occitan et en franco-provençal, également dans des dérivés comme à Ales rusquá « ecorcer » et au figuré « éreinter; frapper quelqu’un ». Un lecteur me signale que dans la région entre Béziers et Narbonne dérusca quelqu’un c’est « lui nettoyer la crasse en grattant fort » et par extension l’équivalent de l’argot français « recevoir une dérouillée » = trapa uno déruscado.
  • Le sens « tan » s’explique par le fait que l’écorce du chêne contient beaucoup de tanin et sert à tanner le cuir. En France, l’écorce de chêne fut la principale matière tannante végétale utilisée pendant des siècles. L’abbé de Sauvages donne la description suivante sous rusco : « tan, ou l’écorce brisée et moulue dans le moulin à tan et qu’on met par lits, alternativement avec les cuirs, ou les peaux dans le fosse au tan, c’est par ce moyen que le cuir se fortifie, et qu’il acquiert en même temps de la souplesse, en absorbant les sels et les huiles qui abondent plus dans l’écorce que dans le bois. » Il donne aussi le mot rosco, je pense accentué sur la finale, avec le sens « tannée »: c’est le tan qui a déjà servi dans les fosses et qui n’est plus bon qu’à brûler et à faire des mottes à brûler. Le feu de tannée dure longtemps et uniformement; ce qui le rend très propre pour l’éducation des vers-à’soie ».
  • Uniquement en bas-limousin j’ai trouvé une autre attestation du sens « lard de porc entier ».  A  Lallé (Hautes Alpes) russia signifie « porc ouvert et salé » et à St.Martin de la Porte en Savoie c’est « la carcasse du porc débarrassée des organes intérieurs ». Cela doit ressembler à une ruche ou un arbre vue de l’intérieur…
  • Le sens « crasse, saleté » et au figuré « prostituée » de rusco s’est développé à partir du sens « écorce » > « croute ».
  • En ouest-languedocien et en gascon, un dérivé rusquié désigne le « cuve à lessive » et ruscado la « lessive », ruscà « faire la lessive » c’est-a-dire « enlever la crasse » à Toulouse.
  • Le sens « sainbois » doit s’expliquer par une utilisation ou un phénomène naturel, puisqu’en allemand il s’appelle Seidelbast (littéralement « écorce d’abeille commune » de Zeidel, « abeille » en langage populaire, et Bast, « liber, écorce »). Si vous savez pourquoi n’hésitez pas à me contacter.

Dans un site allemand, je trouve que les sainbois fleurissent très tôt au printemps et que les Zeidler « apiculteurs au moyen âge » mettaient autrefois leurs ruches au milieu des sainbois, ce qui expliquerait le nom. Le nom français sainbois, aussi saintbois s’expliquerait par le fait que l’écorce est utilisée comme vésicatoire en pharmacopée.

En ancien occitan on trouve une forme ruscla attestée à Tarascon et Nîmes aux XIVe-XVe siècles avec le sens « écorce ». Le mot est encore vivant dans les patois de l’Aude,  dans la région de Loriol et à St Hippolyte du Fort (Gard, voir ci-dessous vin de ruscle) etc., et le verbe composé avec porrum « poireau » : espourruscla « gratter l’écorce du pin » mais aussi « faire sa toilette à grande eau » en Lomagne. et là il doit y avoir une influence de notre ruscle « averse » ou bien celui-ci avec ce sens fait partie de la famille rusco, comme le catalan « ruixat » et le verbe ruixar « jeter un liquide en pluie ».

Parfois l’étymologie est utile! Ruscla « écorce »  Forme attestée depuis le moyen âge. Une visiteuse de St Hippolyte du Fort (30) m’écrit:

Bonsoir. Je cherchais une explication à une recette qui soigne le pelage des animaux qui se grattent et que je connais sous le nom de « vin de ruscle ». Grace à votre définition je comprends que ruscle n’est pas seulement une grosse averse mais aussi l’écorce. Le vin de ruscle est bien la recette que je connais : Faire bouillir de l’écorce fraiche de chêne dans du vin. Laisser refroidir et passer sur le pelage s’il n’y a pas de plaie. Merci beaucoup.

Sabte, dissabte

Sabte ou dissabte « samedi ». L’étymon est bien sûr le latin sabbatum repris par l’intermédiaire du grec sabbaton à l’hébreux où shabbath signifie « jour de repos ».

Cette forme rattache l’occitan à l’italien sabbato, l’espagnol sabado et le catalan dissabte.

Pour l’étymologie de la forme du français samedi voir le TLF.

Sabuc "sureau"

Sabuc « sureau, sambucus nigra » vient du latin sabucus « sureau ». Le latin avait deux formes sabucus dans le langage populaire et sambucus dans un style soutenu. C’est la forme populaire qui s’est maintenue dans les langues romanes. Les grandes variations que sabucus a subies dans les parlers occitans posent un problème de rangement de cet article. Voir le Thesoc pour avoir une idée. Et si vous allez voir les détails donnés pour le type sabuc, vous y verrez réunis les formes sabuc, sayt, soj, sawuk, sojk, et j’en passe. Les sept types donnés par le Thesoc, eissabucon°° , eissabuc, sabuc, sabucal°° , sambuguièr°° , seu (fr), sureau (fr), suyer (fr) ont d’après le FEW la même étymologie : latin sabucus.

Dans le vol. VI, pages 262-273 de RollandFlore, vous trouverez les noms pour toute la Galloromania.   L’article Sambucus nigra  a été mis en  ligne par Michel Chauvet dans le Wiki sur les plantes utiles et les usages des plantes Pl@ntUse.

 

             

On peut se demander pourquoi certaines notions (« signifié » en linguistique  ) sont exprimées par des mots (« signifiant » ) qui ont la même racine dans beaucoup de langues ou parlers, tandisque d’autres notions s’expriment par une grande variété de mots. Par exemple, la notion « père » est exprimée par le type pater dans toutes les langues romanes et germaniques. La notion « frère du père ou de la mère » par contre est exprimée par les types avunculus, thius, awa (proto-germanique), et d’autres. (Essayez avec Google traduction). Dans les parlers galloromans la notion « eau » est partout exprimée par le type aqua, mais la notion « génisse » par au moins quatre types: manza, taure, vedela, genisse. J’ai constaté la même tendance dans les noms d’animaux. Par exemple asinus et caballus sont conservés partout, mais le nom du lézard varie beaucoup.

Nous pouvons aller plus loin. Malgré le principe de la régularité des évolutions phonétiques, appelées lois phonétiques, nous voyons que certains types lexicaux présentent peu, d’autres beaucoup de variations phonétiques. Aqua > aygo dans pratiquement toute l’Occitanie, mais sabucus présente une infinité de formes. L’explication de ce phénomène de variation des formes dialectales se trouve certainement dans le domaine économique et/ou social. L’eau est de toute première nécessité mais le sureau n’a en effet aucune importance économique. Il sert éventuellement dans la pharmacopée familiale, la confiture des baies de sureau est laxative, le thé des fleurs de sureau est utilisé pour le traitement du rhume. (Wikipedia). Il est présent partout. Impossible de faire quoi que ce soit du bois de sureau, à part des fifres ou des esclafidous. Par conséquence, on ne parle du sureau qu’à la maison ou avec les voisins, contrairement au chêne ou au sapin qui a une gande valeur économique, sociale  et culturelle.

C’est un sujet à approfondir.

sac, saca, saque

Quel est le rapport entre un Sac Vuiton  et une chèvre?  Vous avez  deviné que cela doit être l’étymologie.

        Chèvre angora d'Ankara

Le mot « sac » est masculin en occitan comme en français. En occitan existe  aussi la saca  « grand sac », la saque  en français régional. L’étymologie, le latin saccus « sac » vous semblera peu intéressante.  Pourtant les Romains l’ont emprunté aux Grecs σακκος  « sac »et les Grecs l’avaient emprunté aux habitants de la Cilicie où il désignait un « tissu fabriqué en poils de chèvre ». Par la suite, grâce au commerce déjà mondialisé, le nom a été transféré à des sacs fabriqués avec ce tissu. Vous trouverez plus sur l’histoire du mot  sac ici.

Cilicie      laine en poils de chèvre

A partir de la Cilicie le mot a été introduit également  dans les langues sémitiques, et à partir du latin il a trouvé son chemin dans toutes les langues romanes, germaniques, celtes et le basque.  Vous voyez que la mondialisation ne date pas d’aujourd’hui.

C’est à la même région que fait référence le mot cilice.  (TLF)

Dans un petit article du Midi Libre l’auteur citait  l’expression bramer comme une saque « brailler la bouche grande ouverte ».  Le français régional saque correspond à l’ancien occitan saco, saquo « grand sac ».

 

Saladèlo

Saladèlo s.f. « statice limonium » d’après Mistral, saladela « petite oseille » d’après Alibert.

C’est un dérivé de sal « sel » parce qu’elles poussent sur des terres très salées, qu’elles tapissent de mauve à la fin de l’été. Il y a 6 espèces de saladelles en Camargue.  Le mot est passé en français depuis 1845 mais garde la connotation provençale (TLF). Comme il n’y a des saladelles qu’en Camargue, on peut affirmer qu’il s’agit d’un mot camarguais prêté au français.

statice limonium

Mistral donne plusieurs autres significations, mais nous n’avons pas trouvé des confirmations.

Sampa

Sampa nom f. 1. mare; 2. creux où l’eau se rassemble loc.; 3. eau dormante loc. La première attestation vient de l’abbé de Sauvages (S2) sâmpo « égout ». Il ne se trouve qu’en languedocien (cf Thesoc, s.v. » mare ») et rarement en  gascon.

L’initiale varie suivant les localités : champo à Castres, tsompo à Calmont (Aveyron), tchompo à Espalion (Aveyron). La signification varie de « mare » à « flaque d’eau », « creux de terrain où l’eau stagne », « petite source », « bassin ».

D’après Pégorier on trouve un diminutif sampeto, sampoun « petite mare, petit creux » comme toponymes en Provence. Une toute première attestation comme toponyme vient des anciennes coutumes le Lamontjoie (Lot-et-Garonne) qui datent de 1299, où est mentionné un Galhaordo de Sampot. (le lien vous mène directement à la page voulue!)

D’après Hubschmid (dans FEW XIII/2,344a-b) il s’agit d’une racine *tsampa « mare, flaque d’eau » pré-indoeurpéen. Si ce sujet vous intéresse, veuillez googler dans la catégorie Livres : « Hubschmid + vorindogerm » et verrez qu’il est spécialiste dans ce domaine.

Spécialement dans l’Aveyron, il y a des formes avec -ou- , tsoumpo, soumpo « creux du terrain où l’eau s’amasse et où vont boire les bêtes au pacage » ou « réservoir maçonné étanche et muni d’une bonde de vidange » qui sont rattachés au même étymon.
Honorat mentionne une sambro avec le même sens pour le Var.

Sambra_Honorat Extrait Honorat. Caussols (Wikipedia)

Comme Alibert, j’ai pensé à un lien avec l’allemand Sumpf « marais; creux où l’eau se rassemble », mais je n’ai pas trouvé de confirmations. Il doit y avoir des difficultés phonétiques. Voir l’article Sumpf chez Grimm qui fournit beaucoup de renseignements.

Sanguio 'vase pour traire'

Sanguio « seau, vase pour traire » est un mot plutôt gascon, qui se retrouve dans les parlers aragonais  et en basque  šantša « petit vase pour traire ». L’origine remonte à la  nuit des temps. C’est G. Rohlfs qui a proposé une racine pré-indo-européenne *sandika.1

Mistral mentionne les deux formes   sanguio  pour les Pyrénées  et sancho pour le Bearn.

En franco-provençal la sanguio est appelé seille. Cette photo vient de la  base de données lexicographiques panfrançophone  Une découverte importante pour  moi.  Allez y faire un tour et regarder les résultats pour le mot  seille.

La Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP) est un projet d’envergure internationale qui s’inscrit dans l’entreprise du Trésor des vocabulaires français, lancée par le professeur Bernard Quemada dans les années 1980. La BDLP est actuellement en voie de réalisation pour les pays et régions figurant ci-dessus, mais d’autres équipes se préparent à s’y associer. L’objectif est de constituer et de regrouper des bases représentatives du français de chacun des pays et de chacune des régions de la francophonie.

  1. Pour tout savoir sur les noms des seaux, vases, cruches dans les langues romanes, suivez ce lien vers l’étude  de Walter Hebelsen de 1921

sansogno ‘cornemuse’

Sansôgno « cornemuse; chant monotone et intermittent »  vient du grec συμφονια (symphonia)  « concert » dans le sens le plus large possible. Zambonha ‘concert’, zambonhaire ‘musicien’ ont a même origine.  Cette forme du mot nous est venu de l’Italie du Nord.  L’évolution sémantique de « concert »  vers « instrument de musique s’est produit très tôt au IIIe siècle.  La forme sampogna  se trouve déjà en ancien italien chez Dante et nous le retrouvons dans les parlers du Nord de l’Italie et dans les Alpes.

Dans les parlers occitans existe une grande variété de formes et de sens. Je cite les principaux:

  • Champòrgna à Barcelonnette  »  lyre de fer qu’on fait sonner entre les dents »,  champòrni « guimbarde » Marseille, zambougnaire « joueur de vielle » à Alès.
  • samphogno « orgue de Barbarie » à Limoges
  • fanfounià « faire résonner de bois, du métal ou du papier comme si l’on jouait de la mandoline » provençal
  • founfoní « mandoline (vieux), objets d’amusement des enfants » provençal
  • sansogno  « cornemuse », sansougnarié « répétition monotone, radotage » à Montpellier.

Vous trouverez plus de formes et de sens dans le FEW XII, 489  ainsi que des explications sur la naissance de toutes ces formes à la fin de l’article du FEW.

cornemuse GrandMa soeur  Carla a eu la bonne idée d’enregistrer un orchestre  da joueurs dans les environs  de La Romieux dans le Gers.

sansouïre ‘salicor’

Saussouiro, sansouïro « salicorne, salicor »  . Mistral, Trésor:   Voir aussi l’article  enga,o, lengano !  https://www.etymologie-occitane.fr/2014/06/engano-lengano-salicorne/ ‎

et; https://www.etymologie-occitane.fr/2014/04/sansouire-salicor/

Ma voisine Maryse, originaire de Cannes et excellente cuisinière, m’a raconté que la salicor(ne) était comestible. Wikipedia confirme dans l’article Salicorne d’Europe :

Les tiges tendres de la salicorne jeune, récoltée en mai/juin, peuvent se déguster crues, nature ou en vinaigrette. Plus tard, la salicorne devient un peu amère et il est préférable de la blanchir. Quelques minutes dans l’eau bouillante suffisent à lui ôter son amertume et le sel en excès. Elle sera alors cuisinée comme l’épinard, à la vapeur, à l’eau (non salée !) ou revenue à la poêle. La salicorne fraîche, très fragile, ne se garde pas plus de deux jours au réfrigérateur.

salicor   sansouïre

 Dans RollandFlore, IX,165 nous trouvons les attestations suivantes de saoussouïro pour la « soude1 »

En français : « Les sansouires sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales, soit la partie haute des marais maritimes. Ce terme est employé en France méridionale (Camargue, Languedoc et Corse). » (Wikimedia Commons).   Littré propose l’étymologie  latin salsūra « saumure »,  mais  salsūra  aurait dû aboutir à *saoussura.

L’étymologie de de saussouïro   semble être inconnue. Je n’ai pas trouvé d’attestations anciennes, mais nous pouvons reconstruire une forme *salsoria.  Dans le FEW, que vous pouvez maintenant consulter sur le site de l’ATILF en mode image,   s.v. salsus , vol XI, p.110, il y a une série de noms de champignons du type sauceron  et l’occitan sausseiroun « fenouil de mer »  Les formes sont très proches mais le sens « salicor » ou « sansouire » n’y est pas.

Dans le site e-santé, je trouve la remarque suivante: « La salicorne est parfois confondue avec la criste-marine car toutes deux poussent presque dans la mer. Mais elles n’appartiennent pas à la même famille botanique et ne se consomment pas de la même façon. »

Si vous cherchez des images de « fenouil de mer » vous verrez qu’en effet il y a une forte ressemblance, mais la criste-marine est un ombellifère!

Salsola.Dans la même page du FEW je trouve le type saussola « pain trempé dans du café etc » attesté à Clermont-l’Hérault et à Pézenas.  Je ne pense pas que Linné  ait trouvé le nom salsola  en trempant le  pain dans son café en compagnie d’un botaniste montpelliérain (Linné, Genera Plantarum, p. 67 cf.TLF). En effet, la première attestation que nous avons vient de Bauhin2 1671, p.289 salsola

J’ai suivi le lien de Bauhin « Cæs. », qui renvoie à Andreas Cæsalpinus, De Plantis Libri XVI. Florence, 1583(De plantis (1583), 621 p.disponible sur Gallica). Je n’ai pas cherché la page exacte, mais nous pouvons conclure que le mot  salsola  est d’origine italienne ou a été créé par Cæsalpinus, d’autant plus que l’adjectif salso  « salé » y est à la base de nombreux dérivés:

Salicor, salicorne.

Le TLF  suit Corominas et propoe comme étymologie de  salicor,  (salicorne  en français)     le mot catalan salicorn attesté en 1490:

salicorne (id. » (Cotgr.). Empr. au cat.salicorn (att. dep. 1490 ds Alc.-Moll), plus prob. issu d’un b. lat. salicorneum, comp. de sal « sel » et de corneum « en forme de corne », que d’orig. ar. Voir Cor.-Pasc., s.v. sal et FEW t. 21, p. 154a.

Un petit détour historique.

L’utilisation de la salicorne a été très importante dans la fabrication du verre.

Voici un extrait du  site des verriers du Rouergue

Soude ou salicor employée par les verriers (3 parties)

Cet article est extrait du Dictionnaire raisoné universel d’histoire naturelle de M.Valmont de Bomare publié à Lyon en 1776.

SOUDE, soda, plante dont on distingue nombre d’espèces. Nous décrirons ici les espèces les plus en usage dans les Arts & dans la Pharmacie.

1°. La Soude appelée Salicor : c’est une plante annuelle qui croît dans les pays chauds, sur les bords de la Méditerranée. …    La plante appelée salicor, dit M. Marcorelle, est utile par le revenu qu’elle rapporte ; précieuse par ses usages ; curieuse par ses diverses métamorphoses; & agréable à la vue par la variété de ses couleurs & sa forme régulière : elle figurerait dans un parterre & y réussiroit très bien, mise dans une terre appropriée. Cette plante de salicor est connue en Latin sous le nom de kali majus cochleato semine. C. B. Tournts infl. p. 247, salsola (kali ), Linn. N°. 1 : en Arabe sous celui de kali : en François sous celui de soude, & en Languedoc & dans le Roussillon, sous celui de salicor. C’est le boucar des Poitevins & des Saintongeois.

2°. La Soude SAlicor appelée Salsovie Ou Marie épineuse, kali spinosum : elle naît aussi dans les pays chauds, sur les rivages sablonneux de la mer, le long des lacs salés, quelquefois même dans les champs éloignés de la mer.

3°. La Soude appelée la Marie Vulgaire Ou la Grande Soude, est le kali geniculatum majus, C. B. salicornia articulis apice crassioribus, Linn. Il y en a de deux espèces, l’une est le salicornia annua, l’autre est le salicornia semper virens.

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  1. Saeda (genre)L. et Salsola (genre)L.
  2. Bauhin Caspar (Caspari Bauhini Viri Clariß.) – Pinax Theatri Botanici sive Index In Theophrasti Dioscoridis Plinii Et Botanicorvm qui à seculo scripserunt Opera: Plantarvm Circiter Sex Millivm Ab Ipsis Exhibitarvm Nomina cum earundem Synonymiis & differentiis methodice secundum genera & species proponens. Bâle,1671. Plusieurs numérisations en ligne, dont Google books