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Robert Geuljans le 1 Juin 2011 dans
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L’orthographe de votre dialecte , ou comment écrire mon patois ?
Il y a deux réponses possibles à cette question que de nombreux visiteurs me posent,:
1. Appliquez la graphie mistralienne ou la graphie classique, la norme de l’escola de Pau pour le vivaro-alpin et les vallées occitanes en Italie et la norma bonaudiana. pour l’auvergnat.
Autrement dit :Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Vous pouvez trouver toutes les règles de la prononciation correspondant à la graphie « classique » dans un site en occitan de Wikipedia. Pour l’appliquer il faut aussi connaître l’étymologie. Par exemple : « Quand –ll- vient d’un étymon avec tl, dl, ld il faut l’écrire avec – tl-. » A Nîmes on prononce amenlier mais on écrit ametlier.
Solution du problème!
2. Ecrivez comme vous parlez. C’est le conseil que je donne en général, si les personnes en question ne disposent ni du Trésor de Mistral, ni du Dictionnaire Occitan > Français d’Alibert ou s’ils veulent que leur écriture reflète leur occitan à eux. Dans ce cas les Nîmois doivent écrire amenlier.
Comment écrire mon occitan à moi? Une réponse se trouve dans la brochure du Professeur Ernest Schüle de l’Université de Neufchâtel, Comment écrire le patois? (principes et conseils pratiques) écrite pour les habitants de la Vallée d’Aoste en 1980 et dont une 2e édition a paru en 1992. Le mot patois n’a rien de dépréciatif! au contraire, voir mon introduction.
Dans son introduction Ernest Schüle écrit:
But: La propagande en faveur du patois a besoin d’une graphie facile à lire et facile à écrire. Il ne faut pas dérouter l’usager et éviter l’apprentissage d’un nouveau code mais utiliser au maximum les automatismes de l’orthographe qu’il connaît, à savoir l’orthographe française. En faisant cela nous suivons une tradition vieille de plus de 1000 ans.
Le choix qui s’impose est donc de se servir du code de l’orthographe française pour écrire en occitan.
Principes:
1.Ecrire le plus simplement possible. L’orthographe française ne permet pas toujours de rendre les sons de l’occitan. On en retiendra l’essentiel. Il ne s’agit pas de faire une graphie phonétique. Utilisez le clavier AZERTY français.
2.N’écrire que ce qu’on prononce. Une orthographe normative ou étymologisante (p.ex. français doigt pour douà ou dwa) pose des problèmes insolubles à celui qui veut écrire l’ariègeois, le toulousain, le niçoud, le languedocien, le vivaro-alpin, le gascon , le nîmois, le beaucairois, etc. Donc dans les Alpes-Maritimes on écrira frèi (froid) et dans le Tarn-et-Garonne fret, et frè, frèi ou frèit dans la Gironde.
3.L’accent tonique. Contrairement au français, les mots occitans ont un accent tonique à une place fixe : la dernière syllabe quand le mot se termine par une consonne ou par une diphtongue, dans les autres cas l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe.. En général il n’est pas nécessaire de le noter graphiquement.
Les voyelles.
Les voyelles orales : a é è o i u ou eu auxquelles il faut ajouter les voyelles nasales, an in on un oun eun bien que la nasalisation en occitan n’ait pas les mêmes caractéristiques qu’en français. Si cela est utile vous pouvez y ajouter les nasales én, èn et ûn. Ce dernier remplace un pour indiquer que vous prononcez un -u- (comme en français pur) nasalisé et non pas comme –un en français Verdun, parfum. La même remarque vaut pour la graphie –in. Si vous prononcez vin comme en français vin, avec un è nasalisé il faudra écrire vèn, surtout si dans votre région on ne prononce pas de la même façon vèn « vient » et vîn « vin ». Ceci est très important pour les poètes.
A, a : que le a porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le a français vous écrivez a . Par exemple : si vous prononcez luna (Clarensac) »lune », vilas « villes », flama « flamme », cap « tête », passat « passé », si vous prononcez luno etc. écrivez luno, vilos, flamo ou flambo etc.
É, é : que le é porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le é français (comme chanté) vous écrivez é.
È, è : que le è porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le è français (comme père), vous écrivez è.
e : le -e- » muet » du français n’existe pas en ocitan. Il est toujours prononcé et il a des valeurs qui varient selon les localités. Ecrivez e. Nou suivons ici l’exemple de l’italien, comme par exemple dans pane « pain », où le –e est prononcé comme le -é français.
Quand vous prononcez le même son que le -e- muet français, notamment sous l’accent, comme dans « à la queue leu leu, meuf , deux et même peur, Europe, écrivez -eu-.
I, i représente le son i comme en français il dit.
O, o a les deux prononciations comme en français, par exemple pot et porc. Eventuellement vous pouvez distinguer les deux sons, ouvert et fermé, en utilisant l’accent circonflexe ^ pour marquer le o ouvert ô, ou bien écrire un ò avec l’accent grave, mais il ne se trouve pas sur le clavier AZERTY. Il fait partie des « caractères spéciaux ».
U, u représente le son u comme en français pu, pur.
OU représente le son ou comme en français pour, cou.
Les diphtongues et triphtongues
Les diphtongues et triphtongues sont écrites comme les voyelles et semi-voyelles qui les composent, par exemple : èi = è + i, oi = o+i, aou = a + ou,
oou ou ôou = o+ ou , ièi = i + è + i, ieu = i + eu, ièou = i + è + ou etc.
La semi-voyelle y et la semi-consonne -lh-
La graphie y représente le son du y comme en français payer, ou -ill comme dans fille, bouillir. (Attention ce n’est pas le même son que le l mouillé comme en italien figlio ou l’espagnol llama. Nous suivons Alibert et proposons d’écrire ce son -lh- pour le l mouillé comme en italien. Une autre possibilité est d’écrire -ill mais parfois il faudrait écrire -ieiilli- et cela fait drôle.
Les consonnes
Même principe que pour les voyelles : appliquez les codes de l’orthographe française. Evitez le k et le w sauf dans des mots qui présentent ces signes en français, comme kilo, wagon.
B, b ou V,v écrivez comme vous le prononcez. Une grande partie des Occitans auront du mal à choisir, comme les Catalans, qui distinguent le b– de Barcelona du b- de Valencia
C,c ou G,g suivi de a, o, u ou une diphtongue qui commence avec a , o , u et prononcé comme ca-, ga en français casse, gagner, écrivez c ou g. Par exemple can « chien » caoussoun « chausson », gal « coq », gaoug « joie, plaisir ».
C,c ou G,g suivi de e,i et prononcé comme qu-, gu en français qui , guise, est écrit à la française qui, gui; que, gue, . Par exemple, qui, quichar « presser », guidar « guider », guerdon « récompense ».
Dans les parlers Nord-occitan surtout, le c et g du latin se sont palatalisés et on prononce tch, ts, dz, dj, ch, j Rien de plus simple que de les écrire comme cela. Par exemple vilatche ou viladje « village », chabr « chèvre » (Vienne), mais cabro (Aveyron).
D,d si vous prononcez comme en français deux
Dj, dj comme en anglais John (mettez vos haut-parleurs et cliquez sur « listen »), ou en italien giorno.
F,f si vous prononcez comme en français fête, fanfaron
H,h seulement quand vous le prononcez dans votre occitan, ce qui doit être rare, comme en anglais hip hop, ou en allemand Haus. Normalement le h sert à indiquer la mouillure du l et du n : lh et nh.
J,j a la même prononciation que j en français jour;
K, k, seulement dans des mots internationaux comme kilo
L, l si vous prononcez comme en français laver, baladeur
M, m si vous prononcez comme en français maman, aimer
N, n si vous prononcez comme en français nana.
Après une voyelle le -n indique la nasalisation.
Pour rendre le son -gn- comme en français agneau, nous suivons Alibert et conseillons d’écrire -nh- , par exemple anhèl « agneau ».
P, p si vous prononcez comme en français papier
Qu, qu, sert à écrire le son k devant e ou i.
R, r Vous le prononcez roulé ou guttural, vous l’écrivez r. Eventuellement vous marquez la prononciation dans une note.
S,s Nous préconisons de suivre les règles du français (et d’autres langues). s en position initiale, finale, devant ou après un consonne correspond au s comme prononcé en français sang. Par exemple sal, festa, bas, dansar, Fransa, fransés, fransésa.
Devant é, è, e et i le son s est souvent écrit c. Il est en effet conseillé de maintenir cette irrégularité pour ne pas dérouter le lecteur. On peut écrire fasil pour facil et sèl « ciel », selar « celer, cacher » sercle « cercle » mais trop de simplicité nuit à la simplicité.
Vous pouvez aussi maintenir le ç dans les cas où le français le fait puisqu’il est sur le clavier AZERTY.
Le même son s’écrit deux –ss- quand il se trouve entre deux voyelles, par exemple bassa, grossa.
Le son z prononcé comme en français base est écrit s comme en français, entre deux voyelles, et z dans les autres cas
T,t si vous prononcez comme en français tête
V, v voir ci-dessus sous B
Z, z est utilisé comme en français.
Consonnes doubles.
Si vous avez le sentiment que l’écriture d »un seule consonne ne rend pas la prononciation prolongée ou double de votre parler, vous en écrivez 2. Par exemple mama a une prononciation différente de mamma, pate <> patte. Suivez votre intuition, c’est aussi simple que cela!
Si vous voulez approfondir la question :
Lire d’abord l’article de René Merle:
René Merle – Orthographe du provençal – 1987 « Le son et la lettre, ou l’impossible graphie de l’idiome natal », (suivi de textes dont un texte inédit d’Honnorat).
et les arguments aussi dans l’article La Langue Provençale Polynomique .
Commentaires des visiteurs:
Aredius (lefenetrou.blogspot.com henri.habrias@univ-nantes.fr) m’écrit : « Olala ! vous allez provoquer la grogne des occitanistes. Je me suis fait incendier parce que j’utilisais le terme « patois » (considérant lorsque j’écrivais mes mémoires que « occitan » aurait été un anachronisme. Jamais je n’ai entendu ce terme en Limousin (Saint-Yrieix-la-Perche) et Périgord (Excideuil) dans les années 50, 60. J’ai découvert « l’Occitan » à Montpellier en 1970.
http://lefenetrou.blogspot.fr/2007/01/lo-gerbo-baudo-lous-magnacaous.html
Un auteur des environs de Châlus Fernand Murguet a fait l’objet de bien des critiques
http://lefenetrou.blogspot.fr/2008/08/critiques-du-livre-de-fernand-mourguet.html
J’ai répondu: « Occitan » désigne tous les parlers du Midi, mais les « Occitanistes » l’ont dévié. Imposer une graphie étymologisante et archaïsante à tous ceux qui parlent encore un occitan local me semble inefficace et élitiste. Mistral n’a pas fait cela. Il suffit d’ouvrir son Trésor.
Eleno m’écrit: Merci, merci de le dire. Et puis il est temps de cesser la gue-guerre entre « occitanistes et provençaux ». L’essentiel n’est-il pas de parler notre belle langue d’o? d’autant que si la graphie change, la prononciation reste la même…. J’utilise quant à moi la graphie de Mistral qui me semble la plus simple. Après, on peut se promener ailleurs et comprendre tous les textes. J’ai lu récemment un livre écrit en parler du Rouergue « contes de Siblot » de l’Abbé RICON de LAURENS, pratiquement sans problème, et je me suis régalée!
à bèn lèu, Elèno.
Je l’ ai remercié : Merci de votre encouragement! Faites le savoir. Envoyez le lien de la page vers vos amis.
On peut écrire l’occitan sans consulter le dictionnaire pour chaque mot.et réserver l’écriture à une élite. Amistas!