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Robert Geuljans le 28 Juil 2011 dans
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Capelan « prêtre, curé d’une paroisse ». Bien sûr l’étymologie est la même que celle du fr. chapelain, mais j’en parle quand-même parce que
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1) L’histoire de cappella + -anus est intéressante.
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2) Le sens du languedocien capelan « curé » n’est pas identique à celui du mot français « chapelain » prêtre chargé de dire la messe dans une chapelle particulière ».
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3) Dans ma langue maternelle, le néerlandais il y a le kapelaan « prêtre qui assiste le pastoor« ; le pastoor n’est pas le « pasteur », mais le « curé », le responsable de la paroisse! Une série TV intitulé « Le chien berger » montrait la vie d’un kapelaan dont voici la photo:
Le sens du mot français, mais avec la forme occitane ou latine se retrouve en allemand Kaplan, italien cappellano, espagnol cappelan, catalan capellà (qui signifie aussi « salive » dans l’expression quan parla de pressa tira capellans (quand il parle à toute allure il envoie des postillons) , etc.
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4) Dans la région de Narbonne et d’Albi le
capelan s’appelle
rector Pourquoi? A
Montagnac (34) il y a un proverbe :
Michanta afaire quand los capelans lauran. « Mauvaise affaire quand les curés labourent. »
- 5) A la fin du 19e siècle, la personne interrogée à Sumène (Gard) par Edmont pour l’Atlas Linguistique de la France a donné la forme capelan avec le sens « coquelicot » (parce qu’il est noir quand les pétales sont tombées?). Si vous connaissez ce sens contactez-moi.
- D’après le Statistique du département du Gard par Hector Rivoire, 1842 p. 220 c’est la Centaurée laineuse Carthamus lanatus L., 1753, qui s’appelle lous capelans. Cette liste des plantes pour le Gard a été dressée par Pouzols.
- La bourse-à-pasteur ou tabouret s’appelle d’après la liste de Pouzols herba de l’evangile ou bonnet dé capélan en languedocien. En surfant sur le net, je trouve en plus un toponyme Bonnet du Capelan « Au nord du circuit pédestre de Valescure se dresse le bonnet du Capelan. Imposant, sur sa colline mise à nue par les incendies. «
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- Un lecteur très attentif m’écrit que pour Max Rouquette c’est une autre fleur: » Une fleur splendide poussait entre les épis de blé, grasse et violette, toute chargée de clochettes. Nous l’appelions « capélan » pour sa couleur de semaine sainte » in « Vert Paradis » ( Éditions le Chemin Vert, 1980, page 108, avant dernier paragraphe, dans le texte : « Le secret de l’herbe »). Je n’ai pas pu l’identifier. Si vous avez une idée, contactez-moi
- Un visiteur originaire de Montagnac (34) l’a fait; il m’écrit : . lou capelan ou compagnon bleu : plante de la famille des liliacées appelé « Muscari neglectum » (ou muscari négligé) de couleur violette, qui, pour nous était le signe de l’arrivée du printemps. Il existe un autre Muscari, plus grand que le précédent, qui pousse plus tard, appelé « Muscari comosum ». Max Rouquette était originaire d’ Argilliers, un village à 40 km de Montagnac. Voir Wikipedia pour plus de renseignements sur le muscari neglectum.
Différents insectes: « bruche, ver blanc à tête noires, grande sauterelle verte, grande araignée, libellule et traquet s’appellent capelan en occitan. Et puis à Tréminis dans l’Isère est attesté chapelan « tussilage ». Mais le tussilage est une fleur jaune.
D’après l’
abbé de Sauvages
capelan est aussi un « ver à soie mort d’une espèce de maladie qui le fait devenir noir.
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6) Le mot
capelan a été prêté au français avec le sens : « Espèce de petite morue qui vit dans nos mers et dont la chair est estimée : Les pêcheurs de morue se servent de CAPELANS pour appât. (Acad.). Les pêcheurs donnent aussi ce nom à plusieurs poissons qui ressemblent plus ou moins au véritable
capelan Le capelan a l’intérieur de l’abdomen
noir. On appelle également capelan un petit gade de la Méditerranée, mais on n’est pas certain qu’il soit de la même espèce que celui de l’Océan. »(Pierre
Larousse). La première attestation en ancien occitan dont le sens donné par le
FEW est « gadus minutus » date de 1433. Il existe toujours en français régional (
Lhubac). La raison de cette évolution sémantique n’est pas claire. Il faudrait voir le « gadus minutus » et demander à un pêcheur. Le même poisson s »appelle aussi
praire « prêtre »!
capelan
Et maintenant il y a le « Mas des capelans » à Nîmes, transformé en salle de fête. Un visiteur m’informe que son vieux mas à Montfaucon a le même nom.
L’origine de capelan est latin cappella « petit manteau » un dérivé tardif du VIIe siècle de cappa « sorte de couvre-chef », mot également attesté tardivement. Capella désigne « le manteau de St Martin » qui, en 338, en avait donné la moitié à un pauvre.
et un vitrail moderne avec le même sujet :
Au VIIe siècle ce manteau ou ce qui en restait, est rentré dans les reliques du roi des Francs. La cappella était conservée dans un petit bâtiment à Tours près de l’église qui à l’époque s’appelait oratorium. Pendant un siècle capella signifie aussi bien ce manteau que ce bâtiment. Dans un texte on trouve in oratorio nostro, super capella domni Martine. (où capella signifie « manteau »).A partir du VIIIe siècle le mot cappella désigne « l’oratorium du roi ». D’autres cappellae sont construites entre autres à Dijon et à Aix-la-Chapelle par Charlemagne.
Entrée de la chapelle à Aix-la-Chapelle (Maintenant une cathédrale)
A partir de la Gaule le mot capella « lieu de prière du roi » remplace oratorium dans les autres pays: italien cappella, allemand Kapelle, néerlandais kapel, anglais chapel etc.
Un prêtre était chargé de la conservation de ces reliques qui appartenaient au roi. A partir du VIIIe siècle le capellanus est « celui qui doit garder et entretenir les reliques » et comme il avait probablement du temps libre, le capellanus devait à partir du Xe siècle s’occuper aussi de la correspondance du roi » et enfin au XIIe siècle nous trouvons le sens actuel : « le prêtre chargé de dire la messe dans un chapelle », et dans le Languedoc « prêtre » > « curé ».
Il faudra la collaboration d’un historien de l’église catholique pour savoir pourquoi le capelan est devenu le « curé » dans le Midi de la France. En principe un capellan est un subalterne et le curé est « responsable de la paroisse ».
J’aurai besoin du même spécialiste pour expliquer pourquoi dans le Midi, et plus spécialement dans le ouest-Languedoc et en Gascogne, mais aussi dans le nord-ouest de la France, le curé est appelé recteur », en languedocien ritou du latin rector « celui qui gouverne, maître, chef, guide ». Dans l’église ce mot désignait un « supérieur ecclésiastique, un prelat; un directeur de certaines maisons religieuses ». Je crois savoir que dans le droit canonique, une recteur n’est pas à la tête d’un paroisse, mais qu’il gère une église qui fait partie d’une paroisse. D’après des Coutumes, le même sens se retrouve en Bretagne , TLF: 1575 en Bretagne « curé d’une paroisse »
Un prelat
En ancien occitan déjà retor signifie « curé », mais les attestations des parlers modernes proviennent surtout du Languedoc et de la Gascogne d’où viennent également les dérivés reitouret « petit recteur », retouras « gros ou vilain curé » et ritouraille « prêtraille ». (Mistral).Y a-t-il un lien avec les Alibigeois ou le protestantisme dans la région??