Broa « bord, orée, talus ». Mot trouvé dans la revue La Clau, Bulletin de l’Oubrador Jonquierenc de Provencau, n° 78, Nîmes, Printèms 2005. A Jonquières existe depuis quelques années la Z.A. de la Broue, en occitan la broa ou la brova. L’auteur mentionne les dénominations La Broue, La Brouve pour 1758 et La Broue pour 1589. Dans le dictionnaire d’Alibert nous trouvons en plus les formes: bro, abro et l’expression : a broa d’uelh « à vue d’oeil’, et les dérivés broal « bord d’un champ, partie inférieured’une vigne, berge de rivière » et broàs, broassa « grand talus gazonné, tertre, hallier ».
Pour le toponyme Labro , contraction de La Broa voir le commentaire de Christian en dessous de l’article
avant travaux
après
Les parlers occitans ont donc conservé le sens d’origine « bord, bordure », mais le paysage a changé.
Ce mot fait partie d’une petite famille basée sur un étymon gaulois broga « frontière, limite, bord » . On lit dans le vieux Scholiaste de Juvénal, IVe siècle : brogae Galli agrum dicunt « de la terre que les Gaulois appellent brogae » et ce sens correspond au mot breton bro « pays, contrée », Gallois, brô, ancien celtique *mrogi-« pays, région », ancien irlandais, mruig, persan, marz « frontière, limite ».
La broue relie notre région à une grande zone dans les vallées alpines du Nord de l’Italie: par exemple en piemontais broa signifie entre autres « bord d’un précipice ». Mistral donne aussi un mot catalan brua mais je ne l’ai pas retrouvé dans les dictionnaires catalans. Dans le site de l’IGN vous trouverez de très nombreux toponymes composés avec broue, brova, broga, et broa. Si quelqu’un a envie d’en faire une carte et de ma la passer, n’hésitez surtout pas. Dommage que l’agencement du site ne permet plus de regrouper des toponymes.
Dans le Thesoc vous trouverez que dans la Hte-Vienne 3 informateurs ont donné broal comme nom d’un « talus ». Un talus est souvent la limite d’un champ. Durand fournit pour l’Aveyron les expressions a la broa de l’aiga, a la broa d’un cami, le verbe abroar « approcher du bord » et le dérivé broal « une haie à la limite d’une terre ».
A Barcelonette, vallée de l’Ubaye: abrouàr v.a « Faire approcher les brebis du bord des champs, où se trouvent des touffes d’herbes dites abrouas ». Debroua » débarasser le bord d’un champ de ses brousailles », ce qui était fait à l’aide d’un debrouaire « une serpe pour couper les broussailles ». Suivant la configuration du terrain le type broga peut désigner une « haie », une « bordure de rivière », un « bord gazonné au pied d’une terre » etc., mais la notion de « limite » est toujours présente.
Il semble que l’évolution sémantique a dû être « limite »> « terrain en bordure » > « terrain ». On trouve une évolution analogue dans le mot germanique marka et un évolution dans le sens contraire serait difficile à comprendre.
Voir aussi l’article breilh qui vient d’un dérivé de broga
Brodo s.f. « paresse, fainéantise » (S2) est encore très vivant dans le français régional : avoir la brode, avé la broda (Camps) , la brode le prend (Lhubac). D’après Camps il y a de nombreuses attestations dans le Gard et les Cévennes (où?). Dans le FEW il n’y a que les attestations de l’abbé de Sauvages (S2), reprises par Mistral et deux attestations dans le Puy-de-Dôme où brodo signifie « envie de dormir ». S2 donne aussi le verbe broudà « lambiner ».
Je viens de trouver une attestation cévenole, dans le Vocabulaire de mots occitaniques de Fabre d’Olivet:
Mistral ajoute les composés abroudi et abroudimen:
Tout ce groupe de mots est limité au languedocien, à part les deux attestations du Puy-de-Dôme. L’étymologie en est inconnue.
En cherchant dans les Incognita du FEW, j’ai encore trouvé d’autres attestations, qui du point de vue sémantique et phonétique peuvent appartenir à la même famille: limousin brodo s.f. « homme lâche qui manque de vigueur et de courage; mauvais cheval »; « personne capable de rien, nulle »; dans le Puy-de-Dôme brodo « envie de dormir »; dans le Dauphiné brodo « sobriquet des montagnards alpins; mal élevé, grossier ».
Broufade ou brouffade du provençal broufado d’après Wikipedia. Dans les Additions au second volume de son Trésor1, Mistral nous renseigne:
Vous trouverez de nombreuses recettes sur le web.
Mistral connaît un verbe broufa :
Il semble que le plat revient à la mode. En tout cas ma femme a récemment trouvé une recette dans une revue locale, avec le titre ‘Broufade du Gard » et elle me l’a servi à midi. Voulait-elle que je m’ébroue ou que je broufe lou rire?
Le lien sémantique entre le verbe broufar et la broufade n’est pas évident. Broufado se trouve dans le FEW avec le français brifer « manger goulument » et l’occitan bifra dans l’article brf- une onomatopée dont nous trouvons des représentants avec le sens « manger gloutonnement » et « souffler, s’ébrouer, mugir ». Le premier avec la voyelle -i- et le second avec la voyelle –ou-. Quand la broufado est bien faite, les deux sens contribuent à expliquer son nom.
Broumegeà « appâter ». Le broumet est ce qu’on met dans le broumegeur.
Dans la CIGALE ET LA FOURMI façon provençale !!! écrite par Caldi Richard.
» En la broumégeant un peu je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube « .
D’après le Trésor de Mistral ( le t. 2, p.1155) le verbe broumeja signifie « jeter dans la mer l’appât dont on se sert pour attirer le poisson ». Le substantif broumet désigne:
L’étymologie est le grec broma « appât, fessure en bouillie qu’on jette à la mer pour attirer le petit poisson ». broumejà est le verbe. Le mot broumet a été apporté directement par les Grecs à Marseille. Ce n’est pas une fantaisie d’étymologistes, regardez:
Le sens s’est spécifié dans le milieu des pêcheurs, pour ensuite se généraliser totalement dans le verbe broumejà.
Un pêcheur de Marseille écrit: « je viens de me fabriquer un broumegeur ( cage en grillage que je compte lester sur le fond remplie de sardines broyées ). » Un broumégeur pro contient jusqu’à 1,5 kg de broumé. À immerger sous le bateau pour pêcher la bonite, juste au dessus du fond pour pêcher les sparidés.
Un pêcheur de Narbonne l’appelle broumegeur ou BROUMEUR, BROOMER. Cette dernière graphie a subi l’influencé du grec ou de l’anglais broom « balai ».
En galloroman, cette petite famille de mots qui semble être bien vivante, n’est attestée qu’en provençal, mais le pêcheur narbonnais le connaît aussi. Je n’ai pas de renseignements sur la côte ligure en Italie…
Un collègue catalan, auteur du site Petit és Polit a trouvé le mot dans un nouveau dictionnaire du Nord catalan et il s’est rappelé de mon article qui date de 2010. Il a écrit:
Seguint amb la lletra ‘B’, una petita observació però: a l´entrada ‘Bromeig‘ se´ns ofereix aquesta traducció al català de la resta del territori: ous de peix servint d´esqueramb la qual cosa sembla donar-se a entendre que es tracta d´un mot exclusiu del nord.
En realitat pel que sabem la paraula és ben present una mica arreu, per exemple a les Balears. El diccionari Alcover la registra amb tota normalitat i nosaltres l´hem sentida en boca de pescadors de la costa de Tarragona.
De les dues variants del terme, Bromeig i Grumeig, la primera és la que va arribar als dialectes lígurs des del provençal:
Bromes, Brümezzu esca pei pesci. (Carlo Randaccio. Dell´idioma e della letteratura genovese 1894)
segons Alibert provindria del grec βρῶμα ‘aliment’.
A la web Cumpagniadiventimigliusi trobem la mateixa etimologia:
greco: BROMA “immondizia” > brüma “fanghiglia di origine organica”.(..)
Modalità di pesca (..) greco: BROMA “cibo” + IZO – IDIARE > brümézu – brümezà “gettare esca in mare”Degut a l´existència de l´altra variant, però, l´explicació etimològica més habitual fa derivar el mot de ‘grum’ (del llatí grūmu, emparentat amb, per exemple, l´anglès crumb)
Brousto « pousse, ramée » (M). Alibert donne deux formes: brost et brot. Brousto est dérivé du germanique *brust– « pousse ». Ancien occitan brost et brosta « feuillage, ramée » fin XIIe s. Cf. fr. brouter, broutille. Le sens « jeune pousse » se trouve surtout dans le Midi et en catalan brosta.
Voilà une famille de mots qui relie le moyen âge à internet. Pour trouver ce site sur internet vous avez utilisé un browser , comme Mozilla ou IE, littéralement un « brouteur ».
Le verbe anglais to browse: « paître »; to browse through a book « feuilleter un livre « . Emprunté au moyen français brouster dans lequel on a pris le -t final pour la forme du participe passé : *browsed.
Le substantif occitan brousto « pousse » se traduit en anglais par the browse « tender shoots, twigs, and leaves of trees and shrubs used by animals for food « . Suivez ce lien vers le Metaglossary
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Bru « erica scoparia » et picho bru « callune vulgaris » (Pouzolz II,19-20). L’abbé de Sauvages (S1) l’écrit brus, brussës au pluriel : « dont on fait des balais ou qui servent comme rameaux pour les vers-à-soie » brussës de magnas.
Actualités: « terre de bruyère dans le tabac »:
E.Rolland, Flore populaire VII, 251
No comment!
De nombreuses formes dans Rolland Flore Populaire, VII, p.248-250; toponymes, onomastique, proverbes et dictons p. 250 ss.
L’étymologie est probablement un gaulois brūcus « bruyère », qui vient d’un ancien celtique *vroicos. (FEW suivi par TLF). La racine simple n’a été conservée que dans le Midi, où le dérivé brugiera désigne un « champ couvert de bruyères », comme en ancien français, mais très tôt ce dérivé y désigne la plante seule.
Dérivés: languedocien bruguiè « taillis de bruyère à balai qu’on met en coupe réglée »; brugas « lande couverte de bruyère » , brugassiè « habitant des bruyères » ou en Rouergue « pie-grièche ».
Une utilisation spéciale a donné le verbe brugar dans le Var « flamber l’extérieur d’un bateau avec de la bruyère »
Le nom vulgaire brémale donné par Pouzolz ci-dessus est mentionné dans le TLF s.v. brumaille²: Étymol. et Hist. 1548 brumalles (Chatelleraud, Arch. Vienne dans Gdf.); 1858, 23 mai bremaille (Article sur la terre de Chambord dans le Journal L’Union, cité par Jaub.); 1874 brumaille (Les Primes d’honneur, p. 365, Paris dans Littré); 1925 breumaille, supra. Mot dial. du Centre (Jaub. : brumâle, brumaille, bremâle, bremaille) et de la région de Blois (A. Thibault, Gloss. du pays blaisois : brumaille, bremaîlle) issu du croisement de bruyère* avec mâle*, lat. masculus (FEW t. 1, p. 558b), cette bruyère (bruyère à balais) étant celle qui prend les plus fortes dimensions (Jaub.).
Stephane Gendron, Les noms de lieux de l’Indre. Académie du Centre, 2004, p.160-161 signale ce nom comme toponyme:
Une Villa Brugariae est attestée dans le Gard depuis 870.
D’après E.Rolland, Flore VII, p.215 et l’ALF Supplément le « rhododendron ferrugineum » s’appelle bruirasso, bruassa, brouàsa dans le dép. des Hautes-Alpes.
En Gascon un bruc est un « cèpe, boletus edulis » , à Toulouse le bruguet « sorte de champignon », mais je ne sais lequel??, languedocien brugassou « agaric marbré »
En Italien 1. brugo , 2 brughiera. En piemontais brùvéra.
Azaïs, Bulletin 1871, p.17 sur bremale
L’étymologie de brus, brusc, bruk, bru « ruche » serait d’après le FEW 1, 575 latin bruscum « noeud de l’érable ».
Mais, comme vous le savez, le premier volume du FEW paru en 1922, a été complètement revu et corrigé, SAUF un grand nombre de mots de la lettre B. L étymologie bruscum > brusc est entièrement basée sur la phonétique historique. Le premier problème déjà signalé par von Wartburg est que la qualité du –u-, long ou court est inconnue. En plus il est difficile d’établir des liens sémantiques entre un « noeud de l’érable » et une « ruche », du « bruyère; broussaille » ou la notion de « rude au toucher » (> « brusque »), tous des sens classés sous cet étymon. Le TLF brusque renvoie vers « Cor., hyp. probable », ce qui signifie probablement « Corominas »…… Dans le Diccionari etimològic de Jordi Bruguera, qui est basé sur le travail de Corominas, est noté que le mot brusc « brusque » est probablement préroman.
Heureusement que le Lessico Etimologico Italiano est plus clair; dans l’article brusk-, brosk-, brisk- ‘radice nocchiuta’ « racine avec des noeuds »; brūscus ‘pungitopo’ « petit houx »; briscus ‘pianta’ est inclus le sens « ruche, rucher « , attesté en Ligure :
Lig.occ. (Olivetta San Michele) brǘsk m. ‘alveare ricavato da un tronco cavo’ AzarettiSt.8037, lig.centr. bṛǘšk ‘apiario, alveare’ Massajoli.
L’article brusk- etc. du LEI est très complexe; si cela vous intéresse visitez le site. De toute façon la conclusion est qu’il s’agit d’un mot préroman, et que le latin bruscum en est un exemple.
Le Thesoc nous fournit des attestattions de brusc « ruche » pour la région voisine de la Ligurie, les Alpes-Maritimes, et de brutse à Job (Puy-de-Dôme).
Le mot languedocien brus « bruyère à balai » fait partie de la même famille. L’abbé de Sauvages donne deux articles brus.
1. Brus « la grande bruyère dont on fait les balais, les rameaux des vers-à-soie » Brussës dê magnas « des rameaux ».
2. Brus « une ruche de mouches ou pour les abeilles, on les fait avec quatre ais1 assemblés ou avec un tronc d’arbre creusé, on les construit aussi avec de l’éclisse, de la paille, du jonc, de l’osier, & l’on dit en conséquence, j’ai cent paniers dans mon rucher. Dans la deuxième édition l’abbé ajoute brus ou brés d’abél.
Ci-dessous une image d’une ruche naturelle! (source où vous trouverez beaucoup d’autres images).
Anglais brusque « brusque ».
Buc » chicot d’une branche d’arbre ; pointe ; écharde ; cime de montagne ; ruche d’abeilles ; tronc d’arbre creusé où l’on plaçait les bébés ; dans l’Aude : conque ou bassin fabriqué avec un morceau d’écorce ; …. » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne en plus le sens » chicot d’une dent cariée « . Le mot a existé en ancien français avec les sens » tronc du corps » et » tronc d’arbre « , comme en ancien occitan. Dans les parlers modernes, buc n’est attesté qu’en wallon, en franco-provençal et en languedocien.
D’après le FEW l’origine est l’ancien franc buk » ventre « , que l’on retrouve en allemand Bauch,, néerlandais buik et ancien néerlandais buuk avec le sens » ruche » comme le mot buc occitan ! Le sens primaire de buk semble être » cavité » et de là » tronc » ou » ventre » et ruche, » chicot » etc.. Le mot existe également en catalan, espagnol et italien.
Bugar, bugat ou bugalh « rucher ». Le visiteur/apiculteur Jean Courrènt m’envoie la contribution suivante:
« Comme vous le savez, la ruche est appelé buc, de Toulouse à la mer1. Dans votre présentation, je ne trouve pas le bugar (le rucher). Buc est apparu après l’installation des Wisigoths. L’orthographe de « buga » (rucher) est bugar, bugat ou bugalh (avec des nuances de sens), en Terre d’Aude. Le mot bugar, qui désignait « un gros rucher » (probablement du seigneur civil ou religieux, à l’origine, à l’époque de la féodalité et des droits d’abeillage et d’épaves) n’est plus utilisé depuis que la production de sucre à bon marché a réduit l’importance de l’élevage des abeilles (probablement deuxième moitié du XIXe siècle). Actuellement, les vieux apiculteurs ne disent plus que « ai bucs » (« Vau ai bucs » ou « Vau a las abelhas« ) ce qui rejoint le apiaria [pluriel de apiarium], les lieux où l’on met les ruches des abeilles, constaté dans le langage commun, par Aulu Gelle, au IIe s. (Nuits Attiques, II, 20). Le rusca des Gaulois devait également se maintenir jusqu’alors, pour la ruche familiale (ce qu’il faudrait quand même prouver).
Bien cordialement. J.COURRENT.
PS : En 1704, le compoix de Montredon-des-Corbières signale deux bugars (un gros et un petit). A la même date, il y avait trois bugars à Tuchan, dans les Corbières. Le bugar ne désignait donc plus le rucher du seigneur. »
Budèl « boyau, tripe, intestin » est la forme de l’ancien occitan, conservée dans le Lauragais, ailleurs dans l’Ouest-occitan c’est budets avec changement de suffixe.
L’étymologie est la même que pour français boyau à savoir latin botellus « petit boudin, petite saucisse », mais le –ü- des formes occitanes comme le -u- de l’italien budello reste inexpliqué.
Dans beaucoup de parlers occitans budets, budel est remplacé par le type tripes. Voir Thesoc pour la répartition géographique. Catalan budell « intestin ».
Le languedocien a créé un dérivé embudela « éventrer », comme l’ancien français emboeler. Ce dernier, comme ancien français boel sont passé en anglais : bowel « intestin » et embowel rendu plus transparent par disembowel « éventrer, vider des intestins ».