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Escapoulaire ‘ébaucheur de jais’

jais brute

jais brute

Sans le vouloir, je pense, la dormeuse de Mirepoix me fournit  régulièrement des sources d’inspiration. Dans son dernier article, intitulé:Le diocèse de Mirepoix vu en 1776 par Antoine de Gensanne, ingénieur géologue, commissaire des Etats du Languedoc  elle cite  un long passage sur le travail du jais. 

Avant la retraite j’étais artisan lapidaire, un métier non réglementé  et très peu connu en France.  Cet article est un complément intéressant et utile à mon bouquin La taille des pierres fines pour débutants. 2012. 92 p. avec de nombreuses illustrations. (15 € pour mes lecteurs!) Le jais n’étant plus à la mode quand j’ai décrit le travail des pierres semi-précieuses , je n’y ai pas consacré une description détaillée.

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La voici:

Travail du jais ou jayet.

Le jais est une substance fossile, bitumineuse, très-noire, passablement dure, et d’un grain très-luisant, lorsqu’il est poli. On le tire de ces veines qui sont semblables à celles du charbon de terre, dont le jais est une espèce : en général plus ces veines sont fortes, moins le jais a de dureté, et moins il est précieux. On le tire par morceaux de différentes grosseurs, qui ne passent guères quatre pouces d’épaisseur, et souvent beaucoup plus petits. Les Mineurs le vendent en cet état à tant la livre, Il y en a de plusieurs prix, depuis quatre jusques à dix sous la livre, suivant sa dureté et sa finesse. Celui qu’on tiroit à une petite demi-lieue au- dessus des Bains de Rennes, sur la petite rivière qui descend de Bugarach au Diocèse d’Alet, passoit pour le meilleur qu’on ait vu ; mais le travail de ces Mines a cessé, quoiqu’elles y soient encore abondantes.

Les Négocians qui font commerce de cette espèce de bijouterie, achètent le minéral, et le remettent à des ouvriers qu’on appelle, dans le pays, Escapoulaires ; ce sont ceux qui dégrossissent la matière et donnent la première forme à l’ouvrage. Ils travaillent sur une espèce de billot ou forte établie, et se servent de couteaux dont la lame est large et fine. Ils ont à côté d’eux plusieurs petites sébilles de bois ; dans l’une ils mettent les boutons dégrossis ; dans une autre les grains de chapelets ; dans une troisième les grains de collier, et ainsi de suite, avec cette attention que chaque sébille ne contient que des pièces de même grosseur, soit en boutons d’habits, ou autres ouvrages.

Les sébilles remplies de ses ouvrages dégrossis, sont remises à des femmes pour les percer ; ce qui se fait avec des forets de différentes grosseurs, et dont quelques-uns sont extrêmement fins. Ils sont montés sur des petits tours à bobèche qu’on tourne avec l’archet. Chaque espèce de grosseur et d’assortiment est remise dans une petite sébille, après avoir été percé. Tout ce travail jusqu’ici se fait dans la chambre et dans des maisons particulières.

Les ouvrages ainsi préparés, sont portés au moulin pour y être polis, et recevoir leur dernière forme. I1 n’y a ici que des jeunes filles ou des jeunes femmes qui soient propres à ce travail, parce qu’il faut avoir la vue bonne. Il y en a, comme vous avons dit, quatre à chaque meule, deux à droite et deux à gauche : elles ont chacune deux sébilles de bois devant elles ; dans l’une sont les ouvrages dégrossis, et dans l’autre ceux qui sont finis. La planche qui forme la lunette dans laquelle la meule tourne, leur sert de table. Elles sont assises sur des scabelles ou petits sièges placés deux de chaque côté de la meule ; et par là deux travaillent de la main droite, et deux de la main gauche, afin d’avoir tout le jour de la croisée sur leur ouvrage.

La fille qui travaille de la main droite, appuie sa main gauche sur son genouil gauche ; et avec le pouce et l’index de la droite, elle prend une pièce dégrossie dans la sébille, et l’applique sur la meule, le coude appuyé sur la table ; elle forme de cette manière la première facette à la pièce ; elle n’a pas besoin de l’autre main pour former la seconde facette : l’habitude lui apprend à tourner sa pièce avec les deux doigts de la droite, et à lui donner toutes les faces dont elle a besoin, suivant la nature de l’ouvrage ; d’où l’on voit qu’il n’y a que la main droite qui opère ; la gauche reste toujours appuyée sur le genouil, afin d’affermir l’attitude de la fille. La pièce étant finie, ce qui est fait en très peu de temps, elle la met dans la sébille qui lui est destinée, et en prend une autre dégrossie dans la sébille qui est auprès, et ainsi de suite. Il n’est pas besoin de dire ici qu’a l’égard des deux filles qui sont à l’opposite et en face, c’est la main gauche qui fait ce travail, et la droite est appuyée sur le genouil.

Les ouvrages finis, sont ensuite remis à d’autres femmes qui les enfilent, et en font des colliers, des chapellets, etc. qu’elles arrangent très proprement sur du papier, et dont on fait des paquets pour être vendus.

Tout ce travail se paie à tant la grosse2 ou au cent, suivant leur qualité.

(sébille  est une orthographe de sébile « petit récipient creux et de forme ronde ». Genouil « genou ».)

jais_roules roulés jais_taillé_cab cabochon

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Les trois méthodes de travail sont décrites dans « La taille des pierres fines pour débutants ».

Etymologie

Escapoulaire  est un dérivé du verbe escapoular, escapolar « ébaucher, dégrossir; hacher », composé de ex- + *cappare« châtrer ». Cappare  est dérivé de la racine *capar  qui avec le sens « châtrer »  est uniquement conservé à Barèges (Htes-Pyr), en catalan, en espagnol et en portugais capar et curieusement aussi dans des parlers allemands comme le Tirol et en Suisse kappen.  Le sens  généralisé « couper » a été conservé en néerlandais kappen « couper des arbres » et dans d’autres langues germaniques. En galloroman ce sens ne s’est maintenu que dans des dérives comme   à Die chaplar « hacher, couper menu », chaplaire « hache-paille (bac en bois mini d’un grand couteau) », chaplosa « coupe racines ». Languedocien chaplun « chapelures », chapladis « débris »(Sauvages S1).

La première attestation du verbe capolar « couper en petits morceaux » vient de l’Ariège ! Languedocien capoulado est un « hachis ». Escapoula « ébaucher, dégrossir » attesté à Puisserguer et dans l’Ariège signifie « couper les billots dont on fait des sabots », les autres attestations viennent également du travail du bois. Pierre Larousse l’a adopté pour le français escapouler « dégrossir (dans la forge) », mais ses successeurs ne l’ont pas retenu.

quicoun ‘quelque chose’

Quicoun « quelque chose » vient du latin quidamcum Voir FEW II, 1469a s.v. quidam « un certain ».  D’après les données du FEW  la zone géographique du mot est  limité au languedocien et à l’auvergnat.

Joel Pon, Histoires extraordinaires de patients presque ordinaires, paru en 2005, note p. 55  écrit : Quicoun como aco  expression en patois occitan qui signifie « quelque chose comme ça ».

Un quicomet, quicoumé est un « petit quelque chose »

L’évolution des formes pose quelques problèmes. Si vous voulez en savoir plus, il faut lire l’article de Schulz-Gora dans la Zeitschrift für romanische Philologie 53, p.93 et suivantes. (en allemand)

En ancien occitan a existé aussi la forme quezacom « une petite quantité », ce qui me donne l’occasion de faire une petite note de phonétique historique. Hier j’ai visité la Collégiale Saint Didier à Avignon   où se trouve le Gisant de  Saint Bénezet .

Gisant StBénezetEn dessous est écrit son nom en latin : Sanctus BenedictusBénezet est la forme occitane écrite avec un -é-pour que les francophones arrivent à la prononcer correctement.

Le nom Benezet est la forme régulière en provençal du latin Benedictus, en particulier le passage du -d- entre deux voyelles qui passe à -z-.  Autres exemples  sudare > suzar, audire > auzir.  Cette  évolution est relativement récente parce que dans les plus anciens monuments de la langue comme dans la Chanson de Sainte Foy, de -d-intervocalique est maintenu : audi,  Judeu, etc.

Dans le Limousin par contre  le -d- intervocalique  a disparu sans laisser de traces, comme en français (laudare > louer), toutefois les Limousins ont comblé souvent l’hiatus en y insérant un -v- : laudare > lauvar, audire > auvir.

 

 

api ‘céleri’

Api « céleri »  vient du latin apium  FEW XXV, 14b . Grâce à Racine et  Daudet  le mot se trouve encore dans le TLF :

« … sa façon de donner aux objets des tas de noms baroques, d’appeler les céleris des api, les aubergines des mérinjanes, la faisaient, elle [Audiberte], Française du Midi, aussi égarée, aussi étrangère, dans la capitale de la France, que si elle fût arrivée de Stockholm… A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 107.
Rem. Attesté ds Littré (qui écrit apy), DG et Quillet 1965.
Etymologie … Empr. au prov. api « ache » (lat. apium, ache*) dep. Daudé de Prades, xiiies. ds Rayn., 1.2, p. 104a; l’api empl. par Daudet, supra est le mot prov. lui-même;
ache des marais

ache des marais

D’après le TLF s.v. ache , le latin apium ne désigne pas seulement « appium graveolens » ou l’ache sauvage, mais plusieurs ombellifères:

Du lat. apium (plur. apia) désignant un groupe de 6 plantes ombellifères, d’apr. André 1956, s.v., cf. Pline, Hist. nat. 19, 123 ds TLL s.v., 239, 62 : plura genera sunt … apia. Id enim quod sponte in umidis nascitur, helioselinum vocatur …, rursus in siccis hipposelinum …, tertium est oreoselininum … et sativi; attesté dep. Virgile, Églogues, 6, 68, ibid. 240, 22 (floribus atque apio crinis ornatus amaro) où il désigne l’apium graveolens L., var. sativum (d’apr. André, loc. cit.). Le fr. du nord ache et la plante qu’il désignait furent évincés par le céléri*, plante comestible, obtenue en culture par modification de l’ache et importée de Lombardie; ache conservé dans la langue des botanistes, et sporadiquement comme nom d’une variété comestible cultivée dans les jardins; voir aussi api2.

Api ou apit en ancien occitan, ache, aiche en ancien français désigne le céleri sauvage ou ache des marais.  Les attestations  de api « céleri » en français sont rares; le mot se trouve uniquement  dans les parlers franco-provençaux et occitans, api, apit et avec agglutination de  l’article dans l’est-languedocien et le gascon lapi.

Dans le Nord de la France ache est remplacé par céleri depuis le XVIIe siècle. Le progrès de   céleri au dépensde api est bien illustré dans la Lozère où , d’après les données recueillies par Rudolf Hallig entre 1932 et 1934, le nord du département a le nom céleri, le sud a conservé lapi. La zone api  s’étendait plus vers le nord au début du siècle quand Edmond a fait les enquêtes pour l’ALF. Ci dessous la carte céleri tirée du livre Lectures de l’ALF   .

CeleriALF

céleri

céleri

Dans le Var  est attesté le dérive  apioun « ache ». L’apium graveolens  s’appelle  eppe en neérandais, eppich en allemand, appio  en italien, api, apit en catalan, apio  en espagnol, aipo en portugais.

D’autres ombellifères ont un nom composé avec api. Dans le Gard la berle ou cresson sauvage (berula erecta) s’appelle  api bouscas  (bouscas « sauvage, bâtard).

api bouscas

api bouscas

Dans l’Hérault, le Lot et le Tarn l’ammi élevé s’appelle api fol, dans le Tarn-et-Garonne lapi fol, à Frcalquier api fer.

api fol

api fol

En ancien occitan est attesté le nom apiastro pour le « ranunculus sceleratus« ,  en français la renoncule scélérate ou renoncule à feuilles de céleri, ce qui me rappelle qu’à La Seyne  tronche d’àpi est une insulte.  L’auteur de l’article Wikipedia écrit : « La plante était connue au Moyen Âge comme « Céleri du rire » car son ingestion provoquait un rictus sur le visage de la personne empoisonnée. », mais je ne l’ai pas retrouvé dans les articles en allemand ou néerlandais qui disent que son ingestion rend gravement malade. Par contre frotter la peau avec le lait de cette plante provoque des ampoules, un moyen pour les mendiants pour se faire prendre en pitié.  Une tronche d’àpi ?

apiostra

apiostra

Le mot céleri vient de la forme lombarde seleri emprunté au grec σελινον . Voir FEW XI, 416.   En moyen français écrit avec sc-.   Je ne sais qui a décidé de supprimer le s- pour simplifier l’orthographe.

Tueis, tuy ‘if’

Tueis, tueï « If [et non thuya], arbre de la famille des taxacées (Taxus baccata) est attesté en Provençal (par exemple à La Seyne) et dans le Périgord.  Il y a dans le domaine occitan et franco-provençal deux formes : teis tech, tatch   « if » ou le dérivé  tasiñe « laurier-tin » (Alès)  qui viennent du latin  taxus  « if », mais aussi les formes tueis, tuei, tuy « if » qui ont subi l’influence ou viennent directement du grec τόξον (toxon) « arc à tirer ». L’explication de cette évolution sémantique  se trouve dans le fait que le bois de l’if était considéré comme le meilleur pour la fabrication des arcs  et des arquebuses. Grâce à Internet archive  j’ai pu retrouver la source de cette information :  Warburg Otto,  Die Pflanzenwelt 1, p. 343:

Warburg O DiePflanzenwelt1_343

If millénaire breton.

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                                                               Chalet Les Touisses

Dans le FEW XIII/1, 147b   von Wartburg écrit que la présence du mot en Périgord ne peut être un argument contre  cette étymologie grecque, parce que ce n’est pas rare de trouver des mots grecs qui se sont répandus à partir de Marseille dans tout le domaine occitan.  Nous retrouvons la forme provençale dans le toponymes comme La Touisse, Les Touisses. Voir le Pégorier, s.v. Tueis et Tuy

La latin taxus est aussi à l’origine de l’italien tasso, du catalan teix, de l’espagnol tejo, du portugais teixo et a été emprunté par le breton ; taouz.

Corominas propose une influence du mot thuya ce qui est rejeté par von Wartburg   pour des raisons  d’ordre phonétique.

Quicou ‘cul, fond’ à Arles ?

Quicou ‘cul’ à Arles. d’après le dernier tome du   Dictionnaire provençal-français manuscrit publié par l’Université de Toulouse. (dernier tome de cette publication), utilisé notamment dans le jeu de la pétanque lou quicou de la bòulou « l’appui de la boule ».

Quicou15072014 - 19:13:52

Je n’ai retrouvé ce mot nulle part. Contactez-moi si vous le connaissez. Merci d’avance !

 

 

Rapégon, rapegon

Rapégon, rapegon « fruit de la bardane ». L’étymologie est probablement le verbe germanique rapôn « saisir, attraper ».  Voir l’article rapar.  Rapégon appartient à la même famille de mot que <arrapar et rapugaire « grapilleur ». Il est à ajouter à l’article rapôn du FEW. XVI,664-667.

Vu l’attestation suivante ; Pégon (ou rapégon) : (Prov.) Personne collante, importun. « Il m’a parlé pendant au moins une heure. Un vrai pégon », il est aussi possible que rapégon est composé de rapar + pégon dérivé de pégar « enduire de poix ». du verbe latin picare. D’après Alibert un pegon est un « amas de résine sur une branche de confère; torche de résine ».

Je penche plutôt pour la première hypothèse, parce que le fruit de la bardane ne colle pas mais s’attache avec des petits crochets aux cheveux ou au vêtements. Mais Mistral donne toute une série de mots rapega ou rampega qui ont les deux sens  « s’accrocher »  et « se coller ».  Difficile de se décider.

rapegon_bardane fruit

Aguiélas ‘aquilon’

Aguiélas « aquilon, vent du nord ». La dormeuse est retournée aux archives de Mirepoix et affirme que « il y a de la poésie, quoi qu’on en pense, dans les actes des notaires. » Elle a raison! On retrouve dans ces vieux papiers un sentiment d’attachement à la terre, à la région où l’on habite, qui a disparu dans notre monde global. Les noms locaux des vents  à Mirepoix  désignent les points cardinaux.

Son article: Chez Jean Pierre Gibelot, un médecin de l’époque des Lumières

Le compoix de 1766 indique qu’il tient à cette date, au n°169 dans le moulon 3, trente une cannes maison à la rue Courlanel [aujourd’hui rue Maréchal Clauzel] faisant coin à celle de la porte de laroque [aujourd’hui Petit Couvert] ; confronte d’auta en deux endroits ladite rue de la porte de laroque ; midy, auta et aquilon le sieur Jacques Arnaud [bourgeois], midy la dite rue Courlanel, cers en deux endroits et aquilon aussy en deux endroits Jacques Pons [bastier], du restant d’aquilon le sieur Jean Malot [marchand] ; estimée quatre vingt six livres de rente ; alivré deux livres dix huit sols cy…

L’abbé de Sauvages écrit en 1756 :

Aghiélas  s.m. le vent du Nord-Est. C’est l’Aquilon un peu défiguré dans le mot Aghiélas. Celui d’Aquilon n’entre guères que dans le style sublime ou dans la Poésie.

Aquilon « vent du nord »  est attesté en ancien français (1120) et en occitan depuis le XIIIe siècle(1.)  On le trouve avec le sens « nord » dans le Breviari d’Amor du troubadour biterrois Matfre Ermengau rédigé à partir de 1288 qui écrit :

Aguilos es secz ab frejor / quar le soleilhs de luenh li cor, / e per sso li ven d’aqui nat / son sec e freg… (Voir d’autres attestations dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval).

Aguilon vient du latin aquilo, aquilonis « vent du nord; le Nord ».  D’après le FEW XXV,75b il s’agit d’un emprunt au latin et le mot n’est indigène qu’en catalan aquiló et en portugais aguião, mais je crois que la forme du dérivé aghiélas   de l’abbé Sauvages montre qu’il est également indigène en occitan.  Le fait que le notaire de Mirepoix l’utilise dans la même phrase avec  midi et  aut et cers un peu plus loin, dans un style qui n’est ni « sublime » ni de la Poésie », me semble renforcer cette hypothèse. Le –q- au lieu du -g-  dans le texte du notaire, est probablement dû au français ou au latin.

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1. Le FEW donne 1529, mais cette date récente est due à un manque de dépouillement d’archives à l’époque de la publication.

 

Quiquette ‘pénis’

Quique ou quiquette: Sexe de l’homme. (Lexiue marseillais ) D’après l’excellent  Dictionnaire marseillais     quique  est aussi « Affectueux pour s’adresser à un enfant ou une femme ». L’étymologie d’après le FEW est une onomatopée kik-  » « . En français c’est la forme parisienne quéguette qui s’est imposée. Le TLF cite l’étymologie du FEW, mais ajoute celle de Sainéan, qui propose comme origine le mot bistoquette qui a le même sens et est dérivé du verbe bistoquer « faire l’amour », une forme ancienne  du verbe biscoter (TLF), emprunté au parlers flamands besteken proprement « accrocher, fixer qqc. à qqn » d’où « piquer des ornements sur des habits, parer », « faire des cadeaux, fêter ». Le sens actuel le plus courant en néerlandias est « corrompre’.

De « fêter » est issu le sens de « faire la cour à une femme » puis « faire l’amour ».

Lein Geschiere, Éléments néerlandais du wallon liégeois, Amsterdam, 1950, écrit que le –o-  de bbistoquer fait difficulté. Je n’ai pas pu consulter le livre de Geschiere, mais je pense qu’il ne savait pas que participe passé de besteken,  est   bestòòke  avec un –ò– long.

Le verbe besteke était vivant au Limbourg néerlandais quand j’étais jeune. A Roermond on chantait  en dansant autour de la table,  les paquets cadeau à la main, la veille de l’anniversaire de quelqu’un :

Vandaag is ‘t de aovend, morge is ‘t de daag

Dèt ich ……(le prénom) bestèèke maag.

‘T is neet om te aete

‘T is neet om te drinke

‘t is om ……(le prénom) ziene verjaordaag te gedinke.

 Dans l’excellent  Dictionnaire marseillais     quique  est aussi « Affectueux pour s’adresser à un enfant ou une femme ».

 

 

asagadouiro ‘pelle à arroser’

asagadouiro  « pelle à arroser, arrosoir » est un dérivé du verbe adagar devenu asagar « arroser » qui vient du participe passé  adaquatus du verbe latin adaquare « arroser », Dans les attestations en ancien occitan du XIVe siècle le verbe a aussi le sens « ajouter de l’eau au vin » et la « piquette » s’appelle adagat.

Le mot est commun au languedocien et le gascon. En languedocien c’est la forme asaga- , en béarnais la forme  adaga qui est conservée. Voir le Thesoc asagar ARDECHE, AUDE, AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE, PYRENEES ORIENTALES. et surtout le FEW XXIV,134a-b

Ma fille m’a procuré une photo d’un modèle utilisé à Taleyrac (Valleraugue), avec le mode d’emploi : « On puise l’eau et on l’envoie à droite et à gauche. »

asagadouiro_Taleyrac   asagadouiro_Taleyrac2

A ma demande un visiteur m’a procuré une autre photo de l’utilisation de l’asagadouiro. J’ai l’impression qu’il s’en sert plutôt comme d’une vanne. Photo prise à La Coste, hameau de St-Abdré de Majencoules (Gard)

Asagadouiro_foto 2  détail  asagadouiro_foto 2Detail

Description de cet outil tel qu’il est utilisé encore de nos jours selon un témoignage personnel, se trouve dans Maison  rustique du XIXe siècle. Vol.1, page 254. :

Asagadouire_1  Asagadouire_2

A la page 255 de la Maison rustique vous trouverez plus d’informations sur l’arrosage dans les Cévennes.. Suivez le lien ci-dessus.

Trenco ‘pioche’. le 28 juin 1914

Tranchée, anglais trenche.

Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.