Afatrassir v.tr. « rendre mou, lâche » v.r. « s’avachir » (Mathon ; Alibert ) composé de ad + fatras. Voir ce dernier
Affenacé « ensemencé en pré » dans le Compoix de Valleraugue 1625: Pièce du long du Vallat arrosable nouvellement affenacé contenant pred . L’attestation du Compoix de Valleraugue est la première ! Voir le DOM s.v. afenatge « redevance de foin »
Provençal afenassa » ensemencer un champ en pré « , Marseille afenassar, languedocien afénassa déjà chez l’abbé de Sauvages 1756 sont dérivés du latin fenum ‘foin’. Le -é final pour le participe passé est bien sûr une francisation.
Ce n’est pas la même chose que français affener. (afenar et ses dérivés en languedocien, voir Alibert.) également dérivé du latin fenum. En occitan affenaje est » l’action d’ensemencer en pré » et le verbe français affener signifiait autrefois » faucher » Voir le TLF.
Afanar (s’), afaná (s’), afanamar (s’), v.tr. et intr. « se fatiguer, se hâter » (s’afana sens jamais entancha lou trabalRouquier2 p.9), comme fr. ahan.
On suppose que l’origine est un latin *af(f)anare « se fatiguer », mais ce sens n’existe ni en italien affanno ni en espagnol où le mot a le sens de « douleur, souffrance ». Il n’est donc pas impossible que ce dernier est le sens d’origine, étant donné que l’évolution sémantique « douleur, souffrance » > « travail » est assez courante. Latin labor (> labeur) signifie d’abord « peine », et secondairement « travail ». Labor est de la même famille que le grec loobè « mauvais traitement, outrage ». Français travail vient de tripalium « torture, souffrance » , le néerlandais arbeid et l’allemand Arbeit « travail », mais aussi « peine, douleurs de l’enfantement ».
Ancien occitan afan s.m. « effort, tâche pénible, peine, fatigue »; afanador n. m. « homme de peine, manœuvre »; afanamen s. m. ‘effort, travail’.
Le verbe afanar signifie en ancien occitan
Allez voir le site du Dictionnaire de l’Occitan Médiéval. Pour chaque signification moult exemples!
Adobar v.tr. »accomoder, préparer, arranger, apprêter » a la même étymologie que le français adouber « armer chevalier » : le germanique *dubben « frapper ». L’évolution sémantique est bien expliquée dans le TLF s.v. adouber qui fait la remarque générale suivante: « Malgré la diversité des domaines dialectaux où il est fait usage de adouber, on y trouve toujours le sens de accommoder, raccommoder, mettre en état. »
La dormeuse de Mirepoix me signale le mot adoubairie, adouvairie dans le Compoix de Mirepoix de 1766. Il s’agit toujours d’ habitations de tanneurs. Les nombreux exemples donnés par le DOM s.v. adobar ss. confirment que cette famille de mots est très usuelle pour les tanneurs.
Le verbe adobar, adoubar est un exemple parfait de la flexibilité sémantique des mots. Le sens s’adapte aux besoins de ceux qui parlent. Adobar a pris les significations suivantes en occitan :
Pour l’abbe de Sauvages (S1) un adoubairé de boutos est un « relieur de tonneaux », un adoubairé de souliés un « saveteur ambulant » et un adoubairé de pels un « peaucier, mégissier ». D’après le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval, l’adobaria est le nom de l’atelier des tanneurs.
Daube. Pour les Catalans adobar signifie aussi « cuire la viande à l’étouffée dans une marinade richement aromatisée » et ils parlaient d’une viande en adop ou a la doba. La cuisine catalane a eu une grande influence en Italie où est adoptée la dobba « à l’étouffée ». Au 17e siècle la daube a été introduite en France, dobo « étuvée » à Marseille, douogo « daube » en Aveyron. (Voir TLF daube).
Cot s.f. « queux, pierre à aiguiser » et français queux s.f. représentent le latin cōs, cōtem « pierre à aiguiser », comme l’italien cote et le catalan cot. (FEW II, 1242) En occitan nous trouvons les formes cout(s), cot, acou(t), toujours avec le sens « pierre à aiguiser surtout (la faux) ». Pour l’abbé de Sauvages co est synonyme d’ esclafidou (S1)
La forme queux du français a subi des déformations dues à l’homonymie avec queue du latin coda.
L e dalhaire avec la cot. Remarquez le coufié, codier, codil sur sa hanche.
A Marseille et en ancien provençal est attesté le mot escoudo « marteau de carrier, servant à briser les pierres », qui doit dériver d’un verbe escoudar avec le sens « former la pierre à partir du bloc ». Le latin avait déjà créé le dérivé cotarium « coffin du faucheur » mot prononcé coufié, koudié, koutyé en occitan, couié à Champsaur, écrit « codier, codil d’après Alibert. Mistral donne une dizaine de graphies différentes suivant les régions.
La forme languedocienne coudiou, coudièou (Gard) est expliqué par le linguiste Gamillscheg comme une influence des faucheurs lozériens qui venaient faucher dans la plaine. En effet en Lozère cotarium devient régulièrement coudyo, transformée par les employeurs de la plaine en coudiou. Cet article qui doit être très intéressant est publié en 1922 dans la revue Archivum Romanicum t.6 (1922). Numérisé mais pas consultable…
Voir aussi l’article codou, code « caillou ».
Gamillscheg (E.). Wetzstein und Kumpf im Galloromanischen. Arch. rom. 1922, t. 6, n o1, p. 4
Acoquelar, acouquli 1.v.tr. « mettre en grumeaux »(Mathon), 2.s’acoquelir « se grumeler, se rapetisser »(Alibert) a été créé à partir du substantif coquèl, du latin coccum. Latin coccum signifie « cochenille, excroissance d’un arbre ».
Coccum a pris les sens » baie, noix, oeuf, coquille de la noix », par analogie avec la forme de ces excroissances et sous l’influence du mot câouquïo « coquille » issu du latin conchylium. En languedocien a été créé un diminutif couquel « flocon, grumeau; petit enfant; femme mal mise ». Ensuite coquel désigne tout ce qui ressemble à une coquille, comme languedocien coucou « bouton de rose » ou « oronge en boule, non encore développé » ou « cocon du ver à soie »; coquo « châtaigne »; le verbe couquelá « mettre en grumeaux » et s’acouqueli « se mettre en grumeaux ».
Acabar, v.tr. et intr. « finir » est dérivé du latin caput « tête » , et au figuré : « bout, extrémité ». En ancien occitan on disait issir a cap » venir à une fin ». Acabar comme français achever, a probablement déjà été formé en latin tardif. Voir également d’autres dérivés de caput : capitelle, capejar et caput.
Acabaïre « dissipateur, prodigue » est limité à l’occitan. Voir ocobaïre la forme de Valleraugue.(Gard)
Acabaire, ocobaire « dissipateur, prodigue »(Valleraugue). Atger p.64: Oprès l’esporognaïré, ben l’ocobaïré « A père avare, fils prodigue ». Forme typique pour Valleraugue et environs : tous les –a– non accentués > o. Mistral nous donne les sens que voici:
Etymologie: acabaire est un dérivé du verbe acabar « achever ». Le sens « dissipateur » est limité à l’occitan , du dauphinois jusqu’en Gironde. D’après le FEW acabar vient par l’intermédiaire de l’expression issir a cap de (ancien français venir a chief de) » venir à bout de » d’un latin accapare1 dérivé de caput « tête, bout » mais pas tous les étymologistes sont d’accord; voir à ce propos le TLF. Le français connaît aussi le mot acheveur mais seulement avec un sens technique.
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