recatar ‘recater’
recatar « ramasser quelque chose qui traîne » et se recatà « s’endimancher; se marier » voir acatar
recatar « ramasser quelque chose qui traîne » et se recatà « s’endimancher; se marier » voir acatar
Acaptar, acatá 1.v.tr. « ranger, couvrir ». 2. v.r. « se baisser, s’accroupir, se tenir coi ». Pour des raisons phonétiques le FEW suppose une forme latine *coactitare « presser, serrer » à l’origine des formes occitanes et franco-provençales avec un -t-, comme p.ex. en Lozère cata « couvrir » ou acata « couvrir » attesté à Avignon. Au XVIe siècle acaptage, acatage signifie « couverture , vêtements d’hiver » en languedocien. A St.-André-de-Valborgne (Gard) le catage s.m. est « l’édredon ».(Thesoc). Il n’y a pas si longtemps on invitait un visiteur à Manduel ainsi: « Achevez d’entrer, enlevez les acatages et remettez-vous « .
A la même famille appartient le mot recaptar, recatar « ramasser quelque chose qui traîne » .
Le sens du verbe réfléchi se recatà « s’endimancher; se marier » (Manduel) n’a rien à voir avec le sens du verbe transitif! ! mais est lié au sens ‘vêtements’ du mot acatage
En français régional nous trouvons récate « provision de bouche; plat de résistance » que Lhubac explique ainsi : »ce qui a été mis de côté par précaution ». Nous le retrouvons en ancien occitan recatar « cacher » (Avignon, 1465). Recata (Manduel), lang. recate « économie, soin » , et à Millau cato-musso ‘ colin-maillard ‘ proviennent tous d’un sens « mettre de côté ».
Est-ce que récaté « être mort » (Lhubac) s’est développé à partir du sens « couvrir »?
Le sens « se tapir comme un chat » (Andolfi) me semble de l’étymologie populaire en le rapprochant du mot cat chat ).Cf. cach.
A la même famille de mots appartient acapta, acato « pierre de couronnement » (terme de maçon) , celles qui forment le cordon d’un mur de clôture ou de terrasse; on le fait avec de grandes et larges pierres surtout pour affermir des murs en pierre sèche » (abbé de Sauvages). C’est la pierre qui couvre. Dérivé du verbe acatá.
Je ne connais pas l’origine du -p- dans la graphie dite classique dans acaptar, recapta.
Christian Laval, informant fidèle, m’écrit:
Bonjour,L’autre jour ma mère m’a dit: « Je l’ai récaté« …A Montpellier « récater » s’entend comme « mettre de côté« , « cacher« , « garder pour plus tard »; ce qui confirmerait l’origine supposée: « L’étymologie est d’après le FEW un verbe non-attesté *coacticare « cacher »«Bonne continuation.
Cantounade voir cantou
Canton, cantou « pierre d’angle; coin ; carrefour ; canton » cf. pour l’étymologie acantouna.
L’expression Sap y faïre, touto peïro li fo contou (pour l’entendre cliquez), signifie pour mon informateur de Valleraugue « Il (sc.un maçon) connaît son métier, de toute pierre il fait une pierre d’angle ».
L’expression « au coin du feu » devient en nîmois ou cantoun dou fiò (Antoine Bigot) .
Dans le milieu de la bouvine camarguaise cantoun, cantounade signifie « terrain de prédilection ». Domergue donne l’exemple suivant: « Le taureau qui se tanque prend sa cantounade, le plus souvent dans un angle de la piste.
Acantonar 1. v.tr. « rencoigner, cantonner » 2. v.r. « se tapir, se blottir dans un coin » est dérivé du latin canthus 1) bande de fer qui entoure la roue. 2) « angle, coin de l’oeil ».
Ces deux significations se retrouvent dans le grec kanthos, mais il semble que le grec a emprunté le mot au latin. Quintilien (1er siècle) écrit que c’est en Afrique ou en Espagne qu’on appelle la bande de fer autour d’une roue cantus, mais il y a peu d’attestations. Cant(h)us pourrait être d’origine préromane. Peut-être y a-t-il un lien avec le celte. Il y a par exemple le mot breton kant « cercle ». Le TLF cite le Thesaurus Linguae Latinae : « Du lat. canthus « bande de fer qui entoure la roue » prob. d’orig. celt. plutôt qu’esp. ou africaine comme l’indique Quintilien (Inst., 1, 5, 8 ds TLL s.v., 282, 83). » Je ne peux pas consulter le TLL, si quelqu’un a la possibilité, contactez moi.
Le passage du premier sens de canthus vers « côté, le côté le plus étroit d’une planche », qui est conservé en ancien occitan can « côté, bord », et à Pézenas de cantels « posé de chant », est facile comprendre, surtout si on pense à des roues pleines. Ce sens a été conservé en italien, espagnol et portugais canto, et dans les langues germaniques : le néerlandais kant « côté, bord; dentelle », l’allemand Kante et l’anglais cant « côté; bord; angle ». Sur l’histoire de ces mots dans les langues germaniques voir par exemple le dictionnaire des frères Grimm ou cherchez pour l’anglais le site de « The American Heritage Dictionary of the English Language ».
Le français décanter, attesté depuis 1690 seulement a probablement été formé sur le latin des alchimistes decantare. La forme régulière qui se trouve dans le mot chant, le chant d’une brique, d’un livre, une scie à chantourner etc. est attestée depuis 1155.
A partir du sens de cantoun « côté étroit » , s’est développé en occitan le sens « angle, coin (surtout en parlant d’une maison, d’une rue) » que nous retrouvons dans de nombreux dérivés : ancien occitan canton « coin » (12e s.), languedocien cantou « coin » , ancien languedocien cantonier « pierre qui lie deux murailles à l’angle » (Millau 1415), Aveyron contounat « ce qui est entassé dans un coin » , recantoun, ricantoun « petit réduit dans une habitation » (Andolfi) et provençal /lang. acantouna « garder le coin du feu, se blottir dans un coin « . L’abbé de Sauvages parle du cap de cantou « coin de rue ».
Antoine Bigot, le poète et conteur nîmois, écrit s’assétè ou cantoun dou fiô, Pér nous ésclarci la visto, …(Voir le site de Georges Mathon pour le texte complet.)
A Montpezat un canton est une « pierre d’angle » , comme en témoigne l’adage « Per un bon maçon toti li pèiras fan canton ». Une variante à Valleraugue : Sap y faïre, touto peiro li fo contou ». Je crois que c’est une expression très répandue en occitan. (Domergue).
A partir du sens « angle d’une rue » nous arrivons à languedocien canto « carrefour » et trescantou « carrefour de 3 rues » . La Place des Treize Cantons à Marseille est un trescantou, dont le nom a été mal compris et mal traduit en français. Tres « trois » est devenu « treize ».
A partir du sens cantou, canton « coin », on est passé au sens « partie d’un pays » et ensuite à « bout de terre, champ »; en fr.rég. a été créé le mot péjoratif cantounailles « recoins de terre peu propices » (Domergue)
Français canton « sous-division d’un département » introduit depuis 1789 est un emprunt à l’occitan plus spécialement au languedocien. C’est une extension de sens de canton « ensemble de sections de route » . Canton et cantonnier ont été empruntés au languedocien ou formés sur cantou « partie d’un pays » , au 18e siècle. Il semble que c’est le marquis Henri de Carrion Nisas (1660-1754) de Pézenas (actuellement château Ormesson) qui a organisé l’entretien des routes par canton dans le Languedoc et que ce système avec le mot a été ensuite adopté dans la capitale et la langue française. La proposition de loi qui divise la France en cantons (appelés vigueries jusqu’à cette date), a été faite en 1790 par Sieyès, un Provençal. Le seul doute qui subsiste c’est que les mots français n’apparaissent que bien plus tard dans les dictionnaires.
Allemand Kanton vient de l’italien de Lombardie cantone à travers la Suisse.
Le mot néerlandais kanton a une autre histoire. Pendant l’occupation française des Pays Bas et de la Belgique à partir de 1795 et l’annexation pure et simple de 1810 à 1813,
la répartition administrative française y a été imposée, notamment les départements, arrondissements, cantons et communes. Cette répartition est partiellement maintenue aux Pays Bas jusqu’à nos jours :
En Belgique par contre, l’organisation adminitrative en cantons, arrondissments etc. a été maintenue dans beaucoup d’autres domaines.
Un paradoxe ou l’ironie de l’histoire. La Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden ( République des Sept Pays Bas Unis) a existé de 1581 jusqu’à 1795, c’est-à-dire jusqu’à l’invasion par les troupes françaises. Sur la carte ci-dessous vous voyez aussi que le Limbourg, avec sa capitale Maastricht, a été annexé à l’empire français dès 1792. Vingt ans d’occupation française ont laissé pas mal de traces dans les patois limbourgeois, notamment dans le patois de Maastricht.
Napoléon l transforme la République en Koningrijk Holland, Royaume de Hollande et nomme son frère Louis Napoleon Bonaparte roi. Louis appelé Lodewijk de goede (Louis le bon) défendait trop bien les valeurs des républicains néerlandais et les conflits avec son frère l’amènent à abdiquer le 9 juillet 1810. Le Royaume de Hollande est alors annexé. Après la Bataille de Waterloo et la libération en 1815, l’ancienne République des Pays Bas est restée le Royaume des Pays Bas jusqu’à nos jours.
Abelhana, abélïano s.f. « mélisse, citronnelle » est un dérivé du latin apicula « petite abeille » > abelha « abeille ». Pour une transcription phonétique et les localisations voir le Thesoc).
Cette plante est nommée ainsi parce qu’elle est recherchée par les abeilles. En latin, il y a un dérivé analogue de apis « abeille » : apiastrum « mélisse . D’ailleurs le mot mélisse vient du grec et signifie également « abeille ».
Le guêpier, abelhièr, abelhòla ou avec aphérèse beïola (Hérault), est appelé ainsi parce qu’il se nourrit principalement d’abeilles et de guêpes.
Abaus, abalç s.m. « bucher de fagots », abauçar v.tr. « faire un abauç » voir l’article avaus « chêne kermès »
Bau(s) « rocher escarpé dont le sommet est plat; précipice ». Le Pégorier donne exactement cette définition avec la remarque graphie préférable Baou et il répète la même définition sous bau, baus, bauso, balso. Etymologie: latin balteus, -i, m. qui a les sens suivants:
C’est cette dernière signification, attestée au Ier siècle, qui est à l’origine des mots occitans, principalement en provençal et en est-languedocien. Ce transfert « gradin circulaire » > « bande de rochers » s’est produit en Italie, Occitanie et en Catalogne.
Un transfert analogue s’est produit pour cingula « ceinture » > cengle « enceinte d’une ville » en Normandie, Flandres ( > néerlandais singel, Valais suisse sangla « chaîne de rochers »; cingulum > Barcelonette séngle s.m. « petites bandes recouvertes de gazon, entre des escarpements », Nice cengle « corniche d’une falaise » etc.
Un visiteur me fournit des exemples de bau dans la toponymie : près de Marseille, le Baou de Vespre dans Sainte Victoire ou le Baou de Bartagne à la Sainte Baume. Il est à noter que les géographes français ont copieusement massacré nos « noms géographiques », mais ont conservé le mot baou. Ainsi près de Toulon on trouve bien un baou de l’ Heure où ce dernier mot provient d’une confusion avec le vent du nord ( l’Aure)
A partir du sens « bande, ceinture » s’est développé le sens de obals « bûcher de fagots entassés en carré » (Aveyron), báa « tas de foin sur le pré »(Vaucluse), « gerbier, meule, tas de foin » ailleurs. Panoccitan donne dans la même catégorie sémantique abauç « bucher de fagots » et abauçar « faire un abauç« .
Bausan « balzane, tacheté, avec une bande de couleur blanche » en parlant des chevaux, baucent en ancien français, serait dérivé de balteus + anus. Dans le site le Saboteur vous trouverez plusieurs types de balzanes.
Balteus (arènes Nîmes) obaous (Aveyron)
ien un baou de l’ Heure où ce dernier mot provient d’une confusion avec le vent du nord ( l’Aure).Evolution sémantique: A partir du sens « bande, ceinture » s’est développé le sens de obals « bûcher de fagots entassés en carré » (Aveyron), báa « tas de foin sur le pré »(Vaucluse), « gerbier, meule, tas de foin » ailleurs. Panoccitan donne dans la même catégorie sémantique abauç « bucher de fagots » et abauçar « faire un abauç« . Baltei dans les arènes Nîmes. obaous (Aveyron) bausanBausan « balzane, tacheté, avec une bande de couleur blanche » en parlant des chevaux, baucent en ancien français, serait dérivé de balteus + anus.
Abrivada, abrivado s.f. « fête traditionnelle camarguaise pendant laquelle les taureaux sont amenés aux arènes » ; autrefois « poisson d’avril ».
L’abbé de Sauvages donne comme sens d’abrivado : « élan, ou mouvement subit avec effort de celui qui saute ou qui court », mais le prieur Seguier connaît à la même époque le sens « attraper quelqu’un le 1er avril » (SeguierI f.90r qui conjugue: l’ant abbriva; s’est laissa abbriva; l’abbriveront; vous abbrivara) et pour lui l’abrivado est un « poisson d’avril » .
En 2011 une visiteuse me confirme : « J’ai entendu cette expression s’es fach abrivar « il s’est fait attraper » dans le Tarn, Monts de Lacaune et il me semble que mes cousins de l’ Aveyron (limitrophe) le disaient aussi.
Pour Louis Rouquier (2e moitié 19e siècle) l’ abrivado est une « farce »(Rouquier1).
Abrivado est un dérivé du gaulois *brivos « force, courage, vivacité » , attesté dans les langues celtiques et en ancien occitan briu « impétuosité, empressement ; valeur, force ; court espace de temps ; attaque ». En languedocien moderne briou signifie « espace de temps », dans l’Aveyron brieu « espace de temps assez long » ou briu « étendue, espace ». A Manduel em briou signifie » longtemps » et on en fait un bravo briou.
Le verbe ancien occitan abrivar, ou s’abriva signifie « (se) hâter, (s’) élancer ». Ce sens s’est spécialisé en provençal de Barcelonnette : abriva « goulu » et le verbe s’abrivar « se jeter brusquement sur quelque chose, sur des aliments en particulier. »
La tradition camarguaise veut que des jeunes font tout ce qu’ils peuvent pour écarter les chevaux afin de voir s’échapper les taureaux ; tout ou presque est permis : jet de farine, feu, pétards, banderoles qui sortent de nulle part pour essayer d’effrayer les chevaux. Ce sens se rattache bien au sens « mouvement subit » et » poisson d’avril « .
Dans la Notice des Travaux de l’Académie du Gard pendant l’année 1807 (!!) numérisée par Google, j’ai trouvé une description en vers par Madame Verdier de la Course camargaise 1807. C’est très amusant à lire.
La famille de mots *brivos est bien implantée dans le Midi, (cf. Alibert, s.v. abrivar et briu pour les sens et les nombreux dérivés). Français, espagnol, portugais et italien brio ont été empruntés à l’occitan. Les patois d’oïl ont surtout repris le verbe abriver, embruer « lancer, mettre en train » .
Par hasard je suis tombé sur le site www.herodote.net qui explique le pourquoi des » poissons d’avril » :
Depuis près d’un demi millénaire, le 1er avril donne lieu en France et dans quelques autres pays à d’aimables farces surtout pratiquées par les enfants et leurs parents. Cette tradition semble remonter au roi Charles IX. Avant lui, en France, l’année calendaire commençait le 25 mars et, de ce jour jusqu’au 1er avril, les Français avaient coutume de se faire des cadeaux pour célébrer le passage à l’année nouvelle. Par l’Edit de Roussillon du 9 août 1564, le roi de France décida de reporter le début de l’année au 1er janvier, sans doute pour s’aligner sur les pays voisins. Cette décision fut généralisée à l’ensemble des pays catholiques en 1582 par la papauté.
En souvenir des temps anciens, les Français n’en continuèrent pas moins à se faire des cadeaux « pour rire » à l’occasion du 1er avril. Comme le 1er avril coïncidait aussi avec la fermeture de la pêche, la période étant réservée au frai, des plaisantins auraient eu la bonne idée de lancer dans les rivières des harengs pour tromper l’impatience des pêcheurs d’eau douce ! De là, croit-on, l’origine des « poissons d’avril ».
Mais il y a d’autres explications : « On appelle Poisson d’Avril, un poisson de figure longue & menuë dont on fait une pesche fort abondante en cette saison, qu’on nomme autrement Maquereau : & parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là Poissons d’Avril. » (Dictionnaire d’Antoine Furetière (1690.)
Alandá (2) v.tr. « cajoler ». Dans le dictionnaire de l’abbé de Sauvages (S2), nous trouvons un autre verbe alanda ou alandra « cajoler pour tromper, manquer de parole » et un subst. alan ou alandaïre « hableur, qui donne de belles paroles, qu’il ne tient pas ».
A mon avis l’étymologie de ces mots est inconnue. Dans le FEW je trouve le verbe alander « amadouer » (Hte-Loire) et s’alandrir « se parer, faire toilette » (Barcelonette), landrejà « flaner » (Quercy) dans l’article landel « femme de mauvaise vie », un mot germanique qui aurait donné landra en italien. Il appartiendrait à la même famille que l’allemand landeren, lenderen ou slenderen, néerlandais slenteren.
Dans une note (FEWXXIV,551a, note 21) Th.Gossen écrit qu’ « à la lumière des noueaux matériaux italiens . [..] on devra réétudier la question à fond. »
Voir aussi l’article balandar « balancer »