Bartasséger
Bartasséger « aller dans les bartas. Voir ce mot.
Bartasséger « aller dans les bartas. Voir ce mot.
Bartàs, s.f. « touffe d’herbe, terrain vague ». En fr.rég. « buisson; épineux » (Lhubac). Ancien occitan barta “buisson, broussaille” et les dérivés se trouvent surtout en provençal et languedocien, mais aussi en gascon.
La forme fait supposer un ancien *barrat- , du gaulois *barros, comme breton barr « tige de bois ».
Le sens passe de « broussaille, ronce » à « terrain vague », par métonymie. A Valleraugue bortassés « broussaille » : Commencèrou per foutré fioc os bortassés, djinésses e rounssassés.. « Ils commencèrent à mettre le feu aux broussailles, genêts et ronces » Atger,p.59b.
A Arles le bartas désigne un « séchoir » car dans le Midi on séchait souvent le linge sur une bartas « haie ».
Cette photo a été prise en 1890 au mas de Taxil, mainenant à l’entrée des Stes-Maries de la Mer.
La répartition géographique du type *barros est caractéristique pour le galloroman : nous ne le trouvons que dans le Midi et en wallon, c’est-à-dire dans les régions qui sont le plus éloignées de Paris. Comparez l’histoire de fandaou « tablier ».
L’abbé de Sauvages connaît un emploi au figuré: » ës toujhour per lous bartasses, « il est souvent mêlé dans de mauvaises affaires. » ainsi que les dérivés bartassado et bartassejha « quêter, chercher un lièvre », bartasseina « épagneul qui quête bien ». Ménage (1650) mentionne bartas « buisson » comme languedocien dans son dictionnaire.
Bartasser « aller dans les bartas« . français régional. Andolfi explique les différentes raisons pour lesquelles les jeunes font cela. Dérivé de bartas. D’après R.Domergue la forme en français régional est bartasséger: « Dans la garrigue, il arrive souvent que les chasseurs ( et les jeunes couples!) bartassègent. Voir aussi le site de René Domergue, qui explique comment et pourquoi on bartassège dans le Midi.
Près de Lac de Salagou j’ai photographié :
Barrica, barriquo « espèce de tonneau » Dans les parlers occitans (et pas seulement en gascon comme prétend Mme H.Walter) il y a eu un autre dérivé de la même racine *barr-, le type *barrikka toujours avec le sens « espèce de tonneau », ancien occitan barrica, Alès bariquo. Dérivé d’une racine barr* voir baraou. Le mot avec la chose ont été empruntés par le français barrique.
Comme on pouvait s’y attendre, les Français du nord en ont fait un tout autre usage. A partir du XVIe siècle ils remplissent les barriques de terre ou de matières combustibles pour se mettre à couvert et se battre contre l’ennemi ou pour incendier les vaisseaux ennemis ». Cette utilisation des barriques est devenu tellement populaire qu’on en faisait des rangées, des barricades. La « Journée des Barricades de 1588. »
Les barricades à Paris en 1853
Les révolutions françaises de 1830 et de 1848 ont rendu le mot et la chose populaire dans le monde entier : anglais, allemand Barrikade, néerlandais barricade, italien, espagnol etc.
Barril, barièl, barial, bariol « baril, petit tonneau » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne « barico ou bariélo « un baril ou caque aux anchois » un barico de bonas anchoios ». On se sert des barils aux anchois pour les chapelets de nos puits à roue ».
Dérivé d’une racine barr* voir baraou
Voir à propos des « chapelets » l’article posaraca.
Raca(r) « vomir, rendre ». v.tr. et intr. Etymologie : dans les parlers galloromans, mais aussi en dehors de cette zone, nous trouvons une onomatopée rakk- qui dans la langue d’oïl signifie « cracher » et en occitan et franco-provençal « vomir ». Les attestations de ce deuxième sens vont de Macon jusqu’à Nice et de Nice jusqu’en Béarn.
Au figuré racar signifie « être forcé de payer » (Alès), sens qui a gagné l’argot parisien vers 1900 (vivant en 2009). Le TLF donne les détails que voici de l’argot raquer:
Raquer v. a. et n. payer − acquitter une dette). Mot d’orig. dial.: pic. raquer « cracher », prov. racá et lyonn. raco « vomir », d’où raquá « être forcé de payer » (Gard), rakọ́ « débourser » (Rhône), raccâ, racar « payer » (arg. des maçons de la Tarentaise ds Pont, Vocab. du terratsu de la Tarentaise, Chambéry, 1869 d’apr. A. Dauzat, Les Arg. de métiers fr.-prov., Paris, 1917, p. 201). Toutes ces formes correspondent à l’a. fr. rachier « cracher »
Il n’est pas surprenant de constater que cette racine a donné de nombreux dérivés : racaduro (Marseille), rakeyro, raquèira (Barcelonette), rakadze, tous en rapport avec « vomir ».
Un glissement de sens au moins curieux a eu lieu en Saintonge où raquer signifie « avoir la diarrhée ».
Y aurait-il un lien avec l’argot anglais racket « chantage »? Qui viendrait également d’une onomatopée imitant du bruit et dont l’étymologie n’est pas établie.
Voir aussi posaraca
Posaraca « puits à roue »(XIIIe s.) posaranca, posalanca etc. A Arles le fameux arpenteur Bertrand Boysset a noté la forme poaraqua en 1395, d’après un article dans la revue Romania21(1892)p.540 :
D’après de nombreux dictionnaires occitans il s’agit d’un puits à roue et non pas d’un puits à bascule comme l’indique Alibert.
Un visiteur me signale que je n’ai pas donné l’étymologie de ce composé posaraca, posaranca, pouzaranco, etc. Je rattrape cet oubli.L’abbé de Sauvages a eu une idée:
Mais il n’est pas suivi par Mistralqui donne 6 variantes pouseraco, pousaraco, pousaranco, pousalanco, pousolonco, pousolongo, et propose de l’expliquer comme un mot composé de posar (puiser) +– racar (vomir, rendre). Cette étymologie est aussi donnée par le FEW : (il) posa + (il) raca « il puise et il crache ».
La première attestation occitane date de 1200. Pour l’étymologie de racar cliquez.
Les formes avec l’insertion d’un -n- sont dues à une étymologie populaire qui a assimilé la terminaison -aca au suffixe -enco, -anco très fréquent en occitan.
Le commentaire d’olive34 ci_dessous m’a incité à mettre une petite vidéo sur Youtube
Une deuxième video, cette fois avec un cheval faite par un ami à Manduel le 2012-10-09
Pous « puits ». du latin puteus « puits » est conservé dans toutes les langues romanes et a été emprunté très tôt par les langues voisines : néerlandais put, anglais pit, basque butzu, via le français en breton puns.
Pour voir les différentes formes du mot en occitan, consultez le Thesoc. Le domaine galloroman est divisé en deux zones : dans le nord la base doit être un putiu avec un –u- long tandisque dans le sud, comme dans les autres langues romanes, la base est un poteus. Un résumé des différentes explications est donné par Fouché dans la RLR 68,pp.28-42.
Le FEW propose une influence du mot franc putte dans le Nord, parce que la zone géographique où nous trouvons la forme puits, est la même dans deux autres mots d’origine franque à savoir aune et houx.
Pous restauré à Vauvenargues
Alibert donne de nombreux dérivés : posaca « puisard », posada « quantité puisée en une fois », posador « cuillère à long manche », posadoira « puisoir » et posa « eau de puits ».
Voir aussi l’article posaraca
Barouler « rouler, tourner dans tous les sens, faire du lèche-vitrines, rôder, etc. » fr.rég. Alibert donne une graphie barrutlar avec un -t- étymologisant (?) que je n’ai trouvé nulle part dans les dictionnaires patois. Les formes avec -u- existent dans plusieurs endroits, mais les formes avec -ou- sont bien plus fréquents. Voir la page Comment écrire mon occitan à propos de la graphie de l’occitan de votre ville ou village.
Le type baroular est commun à l’occitan et au franco-provençal. Il est encore très vivant en français régional. Dans la langue des jeunes il a pris le sens de « vadrouiller » ( Tapez barouler sous Google).
C’est un dérivé/composé du latin rotella « petite roue ». Le premier élément, ba-, vient probablement du mot bas ou du type barrot « brouette ». Le premier sens est « rouler de haut en bas » > « rouler »conservé dans barroulaire « rouleau pour les champs » e.a. dans le Gard. Et une fois qu’on commence à barouler dans tous les sens cela peut devenir « vagabonder, rôder ».
Barjaqua, synonyme de barjaboudre. Dérivé de l’occitan barjar, bardzar « bavarder », du germanique brekan “broyer”. Un babillard fait penser au bruit et aux gestes quand on broie le chanvre. Ancien provençal bregas « machoires » (15e s.) et St.André de Valborgne bárdzo « lèvres ». Voir la page spéciale Brega.
La forme avec –jaqua, limité au provençal et franco-provençal, est composée avec la racine *jaq– cf. jacasser (TLF) du latin jacobus > français jacque(s) « sobriquet donné aux paysans insurgés de 1358, parce que ce vêtement court et simple rappelait celui porté par les paysans ». Voir l’article jacouti.