cat-right

Bouisserola "raisin d'ours"

Bouisserola « raison d’ours » ou « busserole, bousserole »  en français qui a  emprunté ce dernier à l’occitan à la fin du XVIIIe siècle. Le nom courant en français est « raisin d’ours ».  Le nom  botanique est arctostaphylos officinalis. Etymologie : bouisserola est  dérivé  de bouisso « touffe, branche de buis » un  dérivé de bouis  « buis » buxus en latin.

Pouzolzdonne une description exhaustive dans le tome 2 de sa
Flore du département du Gard :

qu’il termine ainsi:

Les feuilles de la busserole sont encore utilisées en phytothérapie et en homéopathie, mais pour d’autres maladies.

Un bouissiero  est un « lieu planté de buis », nom qu’on retrouve dans de nombreux toponymes. Quelques exemples tirés de  Longnon:

La toponymie est une science qui pose beaucoup de pièges!  Un  Boisset  n’est pas un petit bois!

 

tapets-tapas

Tapas « bouchée »(voir l’article tapar)  ou « bouchon »? Dans  la  Statistique du département des Bouches-du-Rhône, avec atlas 1,   M. le comte de Villeneuve  écrit:

       

 

Les tapets  ou  tapados   sont  des escargots tapàs « bouchés » ,   qu’on sert comme « bouchées ».

Voir l’article tapar.

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  1. Tome 1, Marseille 1821.  p. 788. Une description exhaustive de cette hélice se trouve dans l’Encyclopédie méthodique: ou par ordre

    de matières

    , Volume 121:helix naticoides Enc.Method.

En "seigneur" par Robert lo don

En « seigneur » vient du latin dominus « seigneur ». Je l’ai mentionné dans l’article  Na « madame »,  sans l’approfondir. Un visiteur me signale:

Concernant En, on trouve dans les noms de rues de Montpellier des En :  Impasse de la Tour d’En Canet

En vérifiant sur le web je constate que dans la grande majorité des cas ce En  est écrit en.  Cette graphie montre que en  n’est plus compris.  Il est dommage qu’il est impossible de trouver avec un moteur de recherches d’autres noms de lieu avec  en  suivi d’un nom de seigneur.  Dans le Dictionnaire topographique de l’Hérault par contre j’ai trouvé un bon exemple1

     Théâtre Jacques Coeur à Lattes dans le Mas d’Encivade

Dans le Gard sont mentionnés  le Clos d’Auriac,  en latin Claustrum d’En-Auriac ,  et  la ferme   Endevieille  dans la commune du Vigan, appelée en 1472  Territorium d’En-Devielha alias el Camelho.

Dominus  a été abrégé déjà en latin à domnus  qui est devenu don   en italien,  don  ou dons  en ancien français et   don ou  en  en ancien occitan, domne  en ancien béarnais.  Dans la féodalité don   prend le sens de « seigneur, suzerain »; en plus il devient synonyme de sanctus  « saint », ce qui a donné de nombreux noms de villages comme  Domrémy, Domjulien, Dommartin  etc.  En basque done  signifie « saint »,   non seulement  dans les toponymes comme Donostia  « San Sebastian ».

On se sert aussi du titre  Don  pour  nommer un « maître, un propriétaire, un administrateur » , mais ce titre a trouvé très tôt un fort concurrent dans senior qui l’a rapidement battu.  Pourtant on trouve en ancien occitan encore  le don  pour « le vieux, l’ainé ». Senior   a subi une évolution en sens inverse de celle de dominus.

Il est évident que les linguistes ont longuement débattu sur  l’origine de le forme En. L’explication la plus probable est que En  vient du vocatif domine  utilisé devant le nom propre, et abrégé en N’ devant une voyelle, En  devant consonne. En, N’  existe aussi en catalan.En catalan Institut d’Estudis Catalans – Diec2

Un extrait de l’article  En de Mistral:

Comme mes enfants m’appellent « le vieux, ou l’ancêtre » je peux me permettre de signer cet article:

Robert Geuljans lo don

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  1. D’après Pégorier cet emploi de En  serait limité au Lauragais, l’Albigeois et le Gers, ce qui n’est manifestement pas le cas; cf. aussi l’extrait de Mistral

Prat du Raïs, dans l’Aude, ou les pièges de ...

Prat du Raïs  à Coursan (Aude) et Prat du Rais à Cuxac. Déversoir du Prat del Raïs  et vers le nord-ouest  le Chemin de Prat de Rais, 11590, à Cuxac-d’Aude.

A première vue, j’avais l’impression que le Raïs,  Gamal Abdel Nasser, avait acheté  dans les années ’60 un petit refuge pour se retirer  à la campagne audoise, en cas de problème.

Heureusement j’ai pu consulter le Dictionnaire Topographique du département de l’Aude  par l’abbé Sabarthes, Paris 1912, qui me donne les noms anciens.  Ce n’est pas  le Raïs  mais un ou plusieurs Juifs qui étaient  propriétaires du pré, nommé en latin pratum judaicum. 

L’histoire des Juifs en Languedoc nous explique l’histoire du nom du pratum judaicum.

Le XIIe siècle est une période de prospérité pour le judaïsme provençal et languedocien qui profite de l’esprit de tolérance qui règne alors dans les cours de Toulouse et de Béziers. Armand Lunel peut écrire : « Sous le ciel des troubadours et par la douceur native des tempéraments, l’âpreté des rapports entre l’Église et la Synagogue put peu à peu se réduire et le poids de la réprobation théologique s’alléger jusqu’à rendre pacifique la cohabitation des chrétiens et des juifs. »

Benjamin de Tudèle, le rabbin voyageur du XIIe siècle, cite certaines communautés du midi, évoque leurs nombreuses écoles talmudiques et leurs maîtres de l’époque. Les Juifs peuvent s’adonner à l’agriculture comme au commerce. Une des plus importantes communautés juives est alors celle de Narbonne, forte de trois cents personnes et où les Juifs disposent d’un hôpital.

Après la mort de Raymond VII en 1249  ses terres passent  sous la possession d’Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis et mari de l’héritière de Ryimond VII. Dès lors, les Juifs sous sa domination souffrent d’un arbitraire semblable à celui qui règne à leur égard dans le royaume de Saint Louis. Alphonse de Poitiers ne manque pas de les pressurer : taxes pour dispense de rouelle ; fonds pour la croisade en 1248 puis nombreuses extorsions de fonds avec menaces d’expulsion et imposition forcée qui lui rapporte autant que celle sur les chrétiens pour la Huitième croisade. Les Juifs émigrent alors vers la Provence, sous la domination de la maison d’Anjou. (Wikipedia)

Deux siècles  plus tard on écrit en languedocien  Prat Jusayc, mais les Narbonnais ne connaissait plus le sens du nom  Jusayc.  Les Juifs étaient partis en Provence. Quelques années plus tard ils l’écrivent Jurayc,  ou avec un –t final Jurait.  Ensuite le -t  final de prat « pré »a fondu avec  le j-  initial (prononcé dzj-)  de  Juraic  pour devenir  PratDuraic.    Au XVe siècle déjà on hésitait sur la consonne finale:  -t  ou –c ?   La finale ne se prononçait plus, peut-être sous l’influence du français, obligatoire  dans les documents administratifs depuis l’ordonnance de Villers-Cotterets  (1539).  Ainsi le   Prat Juraic  devient  le Prat Durais.

Le nom  Durais  n’avait pas de sens non plus, alors pourquoi pas du Raix avec un -x  comme dans  Cuxcac. Au XVIIIe siècle on simplifie dans les archives communales et écrit du Ray, mais l’ancienne graphie Prat du Rais  reste dans le cadastre napoléonien, probablement copié du compoix.

Ce nom est resté à Cuxac d’Aude, mais à Coursan on a voulu continuer et donner un sens au nom Rais  en y mettant un tréma Raïs « le chef » en arabe,  peut-être en souvenir des l’invasion du Languedoc par les  Sarrasins.

Dans les Annales du Midi de 1896, p.195-199,  Alphonse Blanchet a écrit un article  intitulé « Les transformations du latin judaicus  à Narbonne. »

Ribiera 'bord de l'eau'

Ribiera « bord de l’eau ». En latin a été créé un adjectif  riparius « qui se trouve sur la rive », qui en combinaison avec un substantif comme terra  est devenu substantif  *riparia avec le sens  » bords d’un cours d’eau, terrain qui borde une rivière; rive de la mer »,  en ancien occitan  ribièra, ribèira, ribera. 

Ribièra  a donné des dérivés comme ribeyrolo « airelle des marais » à Chavanat (Creuse), ribeiròu « celui qui habite sur la rivière »,  « portefaix » à Marseille, ribeiroun « habitant des terrains le long d’une rivière » ribairés « variété de châtaignier » dans les Cévennes (Alibert), rabeireso (d’Hombres-Firmas en 1819).

RABEIRESO très bonne grosse près des ruisseaux moyenne très productive. Tire son nom des rivières, au bord desquelles elle réussit à merveille.

Source1

Il est difficile de déterminer le sens des noms de lieux comme Ribeyrolles qui ont  *riparia comme origine.  Cela peut être  un  « mur de soutènement de terrasses le long d’un rivière » ou un « terrain où poussent des airelles ou des châtaigniers », mais on peut supposer que dans des cartulaires et autres documents ribeire  est synonyme de condamine, abstraction faite de la notion fiscale.

Le toponyme Riviera  a été emprunté à l’italien, qui l’avait emprunté à l’ancien français ou occitan.

Allemand revier  « quartier », basque erribera.   Anglais riverain, espagnol  ribereño  « riverain »; néerlandais  rivier  « rivière, fleuve ».

Riviera

  1. Source: « Recueil de Mémoires et d’observations de Physique, de Météorologie, d’Agriculture et d’Histoire Naturelle » par le Baron Louis-Augustin d’HOMBRES-FIRMAS, Nismes, 1838, volume 3, page 81: Mémoire sur le châtaignier et sur sa culture dans les Cévennes (1819).

Ribeyrolle et condamine

Riba « terrain qui borde une rivière, un lac, etc. »  est  le mot courant dans tout le domaine occitan.  Riba  prend des sens secondaires comme « bord du chemin, lisière d’un champ ».  Le dérivé ribàs   désigne un « talus, talus couvert de ronces, une planche de jardin le long d’un mur; bord du fromage gras »; ribéjà est  » confiner, limiter » à Alès.  Toute cette famille de mots a le latin ripa « rive »  comme origine. En latin a été créé un adjectif  riparius « qui se trouve sur la rive », qui en combinaison avec un substantif comme terra  est devenu substantif  *riparia avec le sens  » bords d’un cours d’eau, terrain qui borde une rivière; rive de la mer »,  en ancien occitan  ribièra, ribèira, ribera.   Ribièra  a donné des  dérivés comme ribeyrolo « airelle des marais » à Chavanat (Creuse), ribeiròu « celui qui habite sur la rivière »,  « portefaix » à Marseille, ribeiroun « habitant des terrains le long d’une rivière » ribeirés « variété de châtaignier » dans les Cévennes. Il est difficile de déterminer le sens des noms de lieux comme Ribeyrolles qui ont  *riparia comme origine.  Cela peut être  un  « mur de soutènement de terrasses le long d’un rivière » ou un « terrain où poussent des airelles ou des châtaigniers », mais on peut supposer que dans des cartulaires et autres documents ribeire  est synonyme de condamine, abstraction faite de la notion fiscale.

Condamine « terre alluvionnaire » . Etymologie *condominium « domaine commun » ( composé de con + dominium ) une expression qui vient de la constitution féodale.  Dans le latin médiéval on le trouve dans la forme condamina, condemina,  etc.  probablement créée à partir du pluriel.  Le terme est courant dans le Midi et en catalan.  Le sens est en général « terre affranchie de charges » , en occitan « terres fertiles » ou « bonne terre réservée dans un domaine » (Nant dans l’Aveyron, Paulhan dans l’Hérault, Ladern et Axat dans l’Aude; quatre attestations dans le Supplément de l’ALF p.217). En catalan le sens de conomina, coromina a évolué jusqu’à «  »péninsule dans une rivière ».  Condamine  est surtout conservé  comme toponyme. O. de Labrusse  donne  dans UN ESSAI de GEOHISTOIRE du FONCIER des GARRIGUES du GARD et de l’ HERAULT la description suivante :

Condamine: au moyen-âge, terres lourdes, « grasses », alluvionnaires, en général situées près de cours d’eau, particulièrement fertiles consacrées, essentiellement, à la céréaliculture intensive. Très présentes encore dans la toponymie, elles témoignent de l’appropriation seigneuriale ainsi que de l’aménagement et de la mise en valeur des « rives » des cours d’eau entre l’an Mil et le XIIIe siècle. Ce sont, le plus souvent de très grandes parcelles avec des moyennes d’une trentaine d’hectares au XIIe et XIIIe siècles, alors que les parcelles « ordinaires » n’ont des moyennes que de 0,25 hectares. Elles jouxtent souvent les ortales* et les ferragines*(d’après A.Durand, 2003, p.259-256). Elles sont travaillées à l’araire tractée par des boeufs, ce travail étant 15 fois plus productif que le labour à la main à l’aissade (la houe coudée) (A.Durand, 1999, p.1).

Clausado "enceinte"

Clausado « enceinte » est dérivé du latin clausus le participe passé du verbe claudere  « fermer ». Dans de nombreux cas cette forme verbale a été substantivé,  comme dans  clau « enclos, jardin ».  Clausado  est un terme de droit ancien comme il ressort du dictionnaire de l’abbé Sauvages (S2):

L’abréviation  v.l.  signifie « vieux langage ». En effet O. de Labrusse  le mentionne dans sa définition des 3 types de Compoix ou  coupés:

Compoix à clausades : « il n’est plus tenu compte de la nature des cultures mais de la proximité de la parcelle cultivée par rapport au village. Le terroir est divisé en zones d’allivrement plus ou moins nombreuses, nommées , selon les régions, cercle, circuit, clauzade, vaute, termine ». C’est la zone la plus rapprochée du village qui est la plus imposée, l’allivrement décroît avec l’éloignement du village ». Exemple de compoix (1597 et 1652) à 3 clausades, celui de Langlade (30) en Vaunage :

Compoix Clausade par Barry J.P.1955

Sur cette carte on note également, que les zones d’allivrement, les clausades, prennent en compte la diversité, les différences de terroir (et pas seulement la distance au village). La clausade 1 est en plaine, la clausade 3  recouvre les reliefs (garrigues) (O. de Labrusse).

Le vocabulaire a changé, mais les principes sont restés! Vous retrouverez  les coumpés  et  clausades  dans votre feuille d’impôts fonciers, qui distingue fonds bâtis et fonds non-bâtis. Cherchez par exemple les définitions du mot allivrement.

 

Compoix, coumpés

Compoix, coumpés « cadastre dans le Midi sous l’ancien régime ». J’ai utilisé  le mot des dizaines de fois à propos du Compoix de Mirepoix décrit magnifiquement par la Dormeuse,  et du Compoix de Valleraugue  sans donner sa définition et son étymologie.   Dans IGPDE vous trouverez la définition complète1

O. de Labrusse a eu la gentillesse de me faire parvenir le lexique de  l’avant-projet  d’ UN ESSAI de GEOHISTOIRE du FONCIER des GARRIGUES du GARD et de l’ HERAULT.  Il  écrit

Les plus anciens compoix apparaissent  au XVe siècle (Le Roy Ladurie,1969,p.8). Ce sont des registres décrivant avec précision, les biens, le foncier, en localisation, surfaces, occupation du sol, et valeur ou catégories : terres « maigres », « grasses », …etc…. Ils sont établis à des intervalles de temps d’une ou 2 générations. Les mutations, échanges fonciers etc… sont  consignés en surcharge sur les registres.
Ils servent de base à l’établissement annuel des « rôles de taille », par les greffiers des Communautés,  c’est à dire la liste de répartition de l’impôt (« globalisé –  « l’allivrement » – par Communautés ou paroisses) par  propriétés, c’est à dire la ventilation par « taillables ».
Lorsqu’au fil des générations et des changements le compoix devient par trop surchargé d’annotations et trop éloigné des nouvelles réalités terrain, ne permettant plus d’allivrer correctement les tailles, il est refait. (Le Roy Ladurie, 1969, p.29 et 30).
Les compoix ne recensent que la « partie taillable » du territoire de la Communauté ou paroisse. (Blanchemain, 2005, p.96).
Voir aussi sa définition sur le site des archives départementales de l’Hérault :  et aussi le compoix .
On notera que certains compoix comportent des plans de propriétés ou parcelles.

Un plan du "moulon" 3 du Compoix de Mirepoix

L’étymologie est le latin compensus « sorte de cotisation  » attesté avec ce sens dans des textes en latin du VIe au XIVe siècle écrits dans le Midi de la France. (Du Cange Compensus). « Cotisation » est bien sûr un euphémisme, c’est bien d’un impôt qu’il s’agit.

La première attestation en ancien occitan compes avec le sens « cadastre » vient de Béziers et date de la fin du XIVe siècle.

On distingue le coumpes terrié « cadastre des biens-fonds » et le coumpés cabalisto « cadastre des revenus mobiliers ».  Après l’ordonnance de VillersCotterêts (1539) , coumpés  a été francisé en compoix (Albi 1601) mais le mot ne s’appliquait qu’au domaine occitan. Il est resté dans les dictionnaires français jusqu’au XIXe siècle. Il ne se trouve pas dans le TLF, même pas comme terme de droit ancien.

O. de Labrusse distingue dans son Lexique foncier 3 types de compoix:

  1. Compoix à degrés : « l’allivrement s’établit suivant plusieurs degrés qualitatifs propres à chaque culture et fixés par les estimateurs nommés par les habitants du lieu ».
  2. Compoix à clausades : « il n’est plus tenu compte de la nature des cultures mais de la proximité de la parcelle cultivée par rapport au village. Le terroir est divisé en zones d’allivrement plus ou moins nombreuses, nommées , selon les régions, cercle, circuit, clauzade, vaute, termine ». C’est la zone la plus rapprochée du village qui est la plus imposée, l’allivrement décroît avec l’éloignement du village ». Exemple de compoix (1597 et 1652) à 3 clausades, celui de Langlade (30) en Vaunage :

    Compoix Clausade par Barry J.P.1955

    Sur cette carte on note également, que les zones d’allivrement, les clausades, prennent en compte la diversité, les différences de terroir (et pas seulement la distance au village). La clausade 1 est en plaine, la clausade 3  recouvre les reliefs (garrigues) (O. de Labrusse).

  3. Compoix cabaliste : il dénombre les têtes de bétail.

Le  comperayre   est le cadastreur (Béziers, fin XIVe s.) .

Dans le Tarn existe le verbe coumpesia « enregistrer » d’après le dictionnaire de J.P. Couzinie de 1850.

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  1. Dans certaines provinces, registres publics servant à établir l’assiette de la taille réelle et autres impositions. Le compoix terrien servait à constater la valeur des immeubles roturiers, en vue de la perception de la taille réelle. Le compoix cabaliste était dressé dans le pays où une partie de l’imposition devait être supportée par les habitants, à raison de biens d’une autre nature que des fonds et à raison de leur industrie. (Dictionnaire encyclopédique, Larousse, 1960, t. 3, p. 339.)

    Il s’agit d’une matrice cadastrale, établie seulement dans les pays de la taille réelle, donc dans le Sud du royaume. Les plus anciens compoix du Languedoc remontent au xive siècle. Ils énumèrent avec précision la surface, la nature et la valeur des biens-fonds, pour permettre de fixer le prélèvement fiscal. Périodiquement, il faut refaire le compoix afin de tenir compte des défrichements, des abandons, des changements de culture. Le compoix cabaliste énumère les biens mobiliers : cheptel, meubles, industries, créances, etc. (Guy Cabourdin et Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1978, p. 74.) Voir : Emmanuel Le Roy Ladurie, Les Paysans du Languedoc, Paris, 1966, 2 vol.

Garri, jarri "souris, rat"

Garri « souris »  est attesté en provençal depuis le XVe siècle. L’étymologie est un *garrium « souris », non attesté. Dans l’article *garrium « souris » von Wartburg explique que la répartition géographique, notamment le fait que le type *garrium « souris » est limité à l’est de l’occitan et au piémontais, rend l’étymologie *garr-  « bigarré »  improbable. Je ne suis pas 100% convaincu.

Garri , prononcé  jarri à Die par exemple,   avec les sens « souris, rat, loir, gros rat » est très vivant dans les parlers provençaux. Voir le Thesoc  à ce propos.

Voir les nombreux sens et composés dans le Trésor du Félibrige de Mistral. Voici un extrait :

garii chez Mistral

Un jeu presque oublié  est  faire kou garri-baboou « projeter sur quelqu’un avec un miroir les rayons de soleil ».

garri-babaou

Garrel 'bigarré'

Garrel « bigarré, de plusieurs couleurs ».   Garél ou garil   « bigarré » se dit surtout animaux, pourceaux, brebis et chèvres.  L’abbé de Sauvages donne l’exemple de Jacob qui arrive à faire des brebis bigarrées en mettant des bâtons bigarrés dans l’abreuvoir (Bible, Genèse 30).

garrel

Garrel avec ce sens est un dérivé d’une racine mystérieuse *garr- « bigarré, tacheté ». Cette racine garre ne se trouve que dans la Haute-Bretagne et la région voisine en bordure de la Loire.  Des dérivés se trouvent un peu partout dans le Centre et le Midi. En ancien rouergat est attesté le verbe  garrezir « rendre gris » et en provençal lou garroun est « le mâle de la perdrix ». D’après le FEW le provençal garre « gris fauve » et le substantif la garro « entrée de la nuit » (Mistral) appartiennent à la même famille et la racine *garr- aurait pris le sens « gris » en occitan.

perdrix

J’étais  étonné que des mots  comme berrichon rat gariau « loir »  et gariau, -elle « de couleur bariolé » sont rangés dans l’article *garr-  du FEW et que les mots provençaux  garri, gari « souris »(Thesoc), ou « rat » (Thseoc) et  garrioun « petit rat »  n’y sont pas mentionnés1.

Dans l’article *garrium « souris » von Wartburg explique que la répartition géographique, notamment le fait que le type *garrium « souris » est limité à l’est de l’occitan et au piémontais, rend l’étymologie *garr-  improbable.

Garrél « boiteux, pied-bot, détraqué »,  de garrel « de travers » vient d’un gaulois *garra « partie de la jambe, jarret ».

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  1. Si cela vous intéresse voir l’article dans la Zeitschrift  40, p.644 et 51, p.558