Compoix, coumpés « cadastre dans le Midi sous l’ancien régime ». J’ai utilisé le mot des dizaines de fois à propos du Compoix de Mirepoix décrit magnifiquement par la Dormeuse, et du Compoix de Valleraugue sans donner sa définition et son étymologie. Dans IGPDE vous trouverez la définition complète1
O. de Labrusse a eu la gentillesse de me faire parvenir le lexique de l’avant-projet d’ UN ESSAI de GEOHISTOIRE du FONCIER des GARRIGUES du GARD et de l’ HERAULT. Il écrit
Les plus anciens compoix apparaissent au XVe siècle (Le Roy Ladurie,1969,p.8). Ce sont des registres décrivant avec précision, les biens, le foncier, en localisation, surfaces, occupation du sol, et valeur ou catégories : terres « maigres », « grasses », …etc…. Ils sont établis à des intervalles de temps d’une ou 2 générations. Les mutations, échanges fonciers etc… sont consignés en surcharge sur les registres.
Ils servent de base à l’établissement annuel des « rôles de taille », par les greffiers des Communautés, c’est à dire la liste de répartition de l’impôt (« globalisé – « l’allivrement » – par Communautés ou paroisses) par propriétés, c’est à dire la ventilation par « taillables ».
Lorsqu’au fil des générations et des changements le compoix devient par trop surchargé d’annotations et trop éloigné des nouvelles réalités terrain, ne permettant plus d’allivrer correctement les tailles, il est refait. (Le Roy Ladurie, 1969, p.29 et 30).
Les compoix ne recensent que la « partie taillable » du territoire de la Communauté ou paroisse. (Blanchemain, 2005, p.96).
Voir aussi sa définition sur le site des archives départementales de l’Hérault : et aussi le compoix .
On notera que certains compoix comportent des plans de propriétés ou parcelles.
L’étymologie est le latin compensus « sorte de cotisation » attesté avec ce sens dans des textes en latin du VIe au XIVe siècle écrits dans le Midi de la France. (Du Cange Compensus). « Cotisation » est bien sûr un euphémisme, c’est bien d’un impôt qu’il s’agit.
La première attestation en ancien occitan compes avec le sens « cadastre » vient de Béziers et date de la fin du XIVe siècle.
On distingue le coumpes terrié « cadastre des biens-fonds » et le coumpés cabalisto « cadastre des revenus mobiliers ». Après l’ordonnance de Villers–Cotterêts (1539) , coumpés a été francisé en compoix (Albi 1601) mais le mot ne s’appliquait qu’au domaine occitan. Il est resté dans les dictionnaires français jusqu’au XIXe siècle. Il ne se trouve pas dans le TLF, même pas comme terme de droit ancien.
O. de Labrusse distingue dans son Lexique foncier 3 types de compoix:
Sur cette carte on note également, que les zones d’allivrement, les clausades, prennent en compte la diversité, les différences de terroir (et pas seulement la distance au village). La clausade 1 est en plaine, la clausade 3 recouvre les reliefs (garrigues) (O. de Labrusse).
Le comperayre est le cadastreur (Béziers, fin XIVe s.) .
Dans le Tarn existe le verbe coumpesia « enregistrer » d’après le dictionnaire de J.P. Couzinie de 1850.
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Il s’agit d’une matrice cadastrale, établie seulement dans les pays de la taille réelle, donc dans le Sud du royaume. Les plus anciens compoix du Languedoc remontent au xive siècle. Ils énumèrent avec précision la surface, la nature et la valeur des biens-fonds, pour permettre de fixer le prélèvement fiscal. Périodiquement, il faut refaire le compoix afin de tenir compte des défrichements, des abandons, des changements de culture. Le compoix cabaliste énumère les biens mobiliers : cheptel, meubles, industries, créances, etc. (Guy Cabourdin et Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1978, p. 74.) Voir : Emmanuel Le Roy Ladurie, Les Paysans du Languedoc, Paris, 1966, 2 vol. ↩
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