Pousseto « sein, téton ». J’ai rencontré cet emploi du mot pousseto dans un Noël de Saboly (1614-1675):
Canten Nouvè…Chantons Noël…
Helas ! moun Diéu ! lou bel Enfant ! (Mon Dieu ! le bel Enfant !)
Coume pren la pousseto! (Comme il prend le sein !)
Dirias avis que mor de fam : (Je suis d’avis qu’il meurt de faim )
Regardas coume teto ! (Regardez comme il tête !)
Mistral l’utilise avec le sens « poitrine; seins » dans Lou pouèmo dóu Rose :
(Source :Frédéric Mistral Poet and Leader in Provence. Par Charles Alfred Downer)
Louis Bernard Royer (Avignon 1677-1755) écrit:
(Source)
L’abbé de Sauvages donne pousseto « le mamelon » (S2).
L’étymologie donnée par le FEW a été une surprise. J’ai pensé en première instance qu’il s’agissait d’un dérivé de pousse dans le sens « jeune pousse, bourgeon » dérivé du verbe du latin pulsare « bousculer, heurter ». Le verbe pousser avec le sens « croître » ne se trouve en français que depuis la Renaissance. La première attestation vient d’ Olivier de Serres, originaire du Vivarais (Ardèche). Les attestations dans les parlers galloromans viennent surtout du domaine occitan: Toulouse, Hérault, Lozère, …. Il n’est donc pas impossible que cette évolution sémantique s’est produite en occitan1 avant de monter à la capitale.
Le FEW range pousseto « sein, téton » dans l’article *puppa « petite fille ». En effet popa « mamelle de la femme » est attestée en occitan depuis 1350 et le verbe popar « téter » vers la même époque. Dans les parlers modernes les deux mots sont attestés en franco-provençal et tout le domaine languedocien et gascon, avec quelques rares attestation à l’est du Rhône.
Une deuxième forme, poussa est très bien attestée en franco-provençal et en provençal, d’après le Thesoc : possa « pis » ALPES DE HAUTE-PROVENCE, ALPES-MARITIMES,ARDECHE, BOUCHES-DU-RHONE, DROME, GARD, HAUTES-ALPES,ISERE, VAR, VAUCLUSE. avec quelques dépassements du Rhône comme par exemple dans le Gard à Sernhac et Uzès pousso « sein » (Thesoc 2 s.v. sein] et à Marsillargues ( HERAULT).
En italien nous avons le mot poccia « poitrine de la femme » qui y est largement répandu, comme le verbe pocciare « boire au sein ».
La forme avec –ss- ou -cc- en Italie, au lieu de -pp- est expliqué par l’influence des représentants de *suctiare « sucer » (Salvioni s.v.mammella) ou *tittia « téton » (J. Jud dans Literaturblatt 39, 1918, p.249)3
Malgré le fait qu’il est impossible de rattacher les formes italiennes avec -cc- à pulsare, je ne suis pas 100% convaincu.
Dans les données du Thesoc nous voyons que le mot possa a dégringolé du point de vue social. Le mot dialectal est devenu courant pour « pis de la vache », mais est remplacé par le type « tette, téton » pour le sein de la femme. Cela me rappelle l’évolution sémantique de metge « médecin » devenu « vétérinaire ».
Popel « pis de la vache, sein, mamelle » a la même étymologie sans la contamination par *suctiare ou *tittia . D’après le Thesoc s.v. pis limité aux Alpes Maritimes et la Vaucluse, mais les données du FEW 4 montrent que poupa et ses nombreux dérivés sont courants de Nice jusqu’en Béarnais. Poupe « mamelle de la femelle d’animaux féroce » est attesté dans des dictionnaires français du XVIe au XIXe siècle. Le dernier est leGrand Dictionnaires.v.poupe de Pierre Larousse, qui propose pulpa comme étymologie.
Par contre poussette dans la pétanque a un autre sens, voir poussette.
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