Goy, goï adj. « boiteux ». Une visiteuse me demande:
l’étymologie concernant l’emploi du mot goye chez les locuteurs originaires du Languedoc: ma mère qui a grandi à Sète dans les années 30 et dont une partie de la famille est originaire de l’Ariège a toujours dit « avoir une patte goye » pour désigner quelqu’un qui boîte ou qui a mal à la jambe et j’aimerais savoir si cet emploi de ce mot viendrait de l’hébreu « goy »(non-juif)….
J’ai dû lui répondre:
Pour le moment il n’y a aucun étymologiste qui a trouvé l’origine du mot goy « boiteux » attesté dans beaucoup de parlers occitans. Il est répandu des Alpes jusqu’à l’Aude et Toulouse, toujours avec le sens « boiteux ».
L’ hébreux goi, au pluriel goim signifie « chrétien » et le féminin goja « serveuse chrétienne ». Ces mots et leurs dérivés sont très répandus dans tout le domaine occitan, presque toujours avec un sens péjoratif « femme , homme de mauvaise vie ».
Il y a une seule attestation du XVe siècle en français qui se rapproche de « boiteux » à savoir goin adj. « qui est empêché de se servir de ses membres. » Mais cela ne suffit pas pour rattacher l »occitan goi « boiteux » à goi.
Voilà tout ce que je peux vous dire.
C. Germi, Mots de Champsaur. Hautes-Alpes, écrit à propos de goï « boiteux » :
Malgré les quantités de mots péjoratifs relevés dans les articles GOI et GOJA , le FEW classe le verbe occitan gouiar « boîter » dans les étymologies inconnues.
Il faut y ajouter que le mot goï se trouve au même endroit dans le FEW. J’étais également étonné. Mais il n’est pas évident d’établir le lien sémantique entre « homme, femme de mauvaise vie » et « boiteux ».
Ce mot « goy » pour « boiteux », me fait penser à des mots voisins ayant d’autres sens et qui pourraient en être des variantes, origines ou dérivées.
Par exemple, les mot « gouyat » et son diminutif « gouyassou », encore utilisés couramment de nos jours en Dordogne et je suppose dans une zone plus vaste du Sud Ouest français y ont un sens pas du tout péjoratif et même souvent affectueux pour désigner un garçon, ou aussi une fille sous la forme « gouyate » (peut être une création récente répondant simplement au besoin d’usage quotidien);
« Gouyat » évoque bien sûr le « goudjat » provençal (garçon, valet) qui de même n’est pas péjoratif, contrairement au français « goujat », qui semble n’avoir de valeur que péjorative.
On pense aussi bien sûr forcément au « gadjo », féminin « gadji », de la langue romani, ayant le sens d’étranger à la communauté des locuteurs du romani, un sens très proche du terme « guy » en yiddish. L’inversion vocalisue entre « gadjo » et « goudjat » ne diminue pas la possibilité de leur parenté, étant fréquente dans le passage d’un mot d’une langue à l’autre.
Beaucoup de pistes à explorer…
Sans oublier qu’il est souvent rapporté que le patronyme Gouy (ou Goy) se rapporte lui à une petite serpe vigneronne en région occitane mais aussi en latin au lemme gaudium,ii se rapportant à « la joie » (et ses manifestations ?). Il serait peut-être extrapolé de rapporter ça à l’expression « avoir la patte folle » mais pourquoi pas émettre l’hypothèse