Pot « 1.(grosse) lèvre; 2.moue; 3.baiser » vient d’une racine celtique ou pré-celtique *pott « (grosse) lèvre » qu’on trouve dans les parlers gallormans jusqu’à une ligne qui va de la Loire jusqu’aux Vosges, ainsi qu’en lorrain et en wallon. En dehors de la Galloromania, il y a l’italien potta « vulve » et avec une dissimilation de la voyelle de la racine le catalan petà « baiser », ancien catalan potó (source), apetonar « donner un baiser ».
Dans beaucoup de parlers le mot pot a été remplacé sous l’influence du français par le type lèvre au sens propre, mais est resté bien vivant dans les dérivés comme poutoun.
Pot « lèvre » est attesté en occitan depuis le XIIe siècle. Au figuré pot désigne « le bec d’un vase, le goulot d’une cruche ». Le pluriel potte a été pris pour un féminin sg. et signifie dans beaucoup d’endroits « grosse lèvre ». Potigros est attesté dans le Val d’Aran avec le sens « qui a de grosses lèvres » est aussi le sobriquet des habitants de Gaillagos, Hautes Pyrénées (C.Achard).
Les parlers occitans sont très riches en dérivés et composés et chaque localité en créé à sa guise. Poutarro est « grosse lèvre » à Toulouse, un poutarrüt « un homme avec des grosses lèvres » en Béarn, espouterla « rompre le bec d’un vase » à Toulouse devient despoutorlha à Millau. Despoutar est « sevrer un enfant » à Marseille.
Comme je ne suis pas pêcheur, j’ai voulu avoir le coeur net et j’ai trouvé une image.
Pour augmenter l’expressivité du verbe, le p- initial a été remplacé par un b- dans l’Aveyron : boutiná et emboutinat « boudeur ». Nous sommes dans un domaine de la vie de tous les jours où l’expression des sentiments joue un rôle très important. Expression de sentiments et créativité sont étroitement liées. Les Occitans étant libres et très créatifs linguistiquement parlant, ont formé d’inombrables dérivés et composés avec la racine *pott., comme repoutiná « gronder », repoutegá « bougonner; repliquer brusquement » (Alès), « gronder » (Aude), repotegaire « celui qui fait des repliques »(Mende), etc.
Dans un article dans la Z 11, p.474 Schuchart étudie tous les mots basques du dictionnaire Basque-Français de W.J.Eys (Paris, 1873) qui commencent avec la lettre p- et qui ont un lien avec des langues romanes. Pot « baiser » se trouve à la p. 491
Bonjour.
Wiktionnaire propose une autre étymologie pour l’italien potta. En vieil irlandais, « lèvre » se disait « bél » (d’où vient l’écossais « bile »: lèvre), qui vient du proto-celtique « *wewlos » (lèvre), dixit Wiktionarny. En Breton, « lèvre » se dit « muzell » (ce qui ne nous aide guère) ou « gweuz » dont Witionnaire en français en dit:
« Du moyen breton gueus, issu du vieux brittonique *wo-bussu, issu du proto-celtique *bussu « lèvre », duquel procèdent le gaélique écossais bus « lèvre » et l’irlandais busóc « bise ».
À comparer avec les mots gweus, gwefus en gallois, gweus en cornique, tous deux au sens de « lèvre humaine » ».
(Tout ça n’est pas très cohérent, car ça fait 2 mots pour dire « lèvre » en proto-celtique).
Je suis donc dubitatif sur l’origine celtique de l’occitan « pot ».
L’anglais « pout » a rapport avec les lèvres, mais semble venir du proto-germanique via le scandinave, et il resterait à expliquer comment un mot germanique soit arrivé en Languedoc. Or Wikiccionary (en occitan) fait descendre « pòt » de l’ancien bas francique « *pott », ce qui me parait plus crédible que de le faire venir du celte et expliquerait l’origine germanique commune de l’anglais « pout » et du l’occitan « pòt ». Wiktionary fait remonter « pout » ainsi: « from Proto-Germanic *pūto (“swollen”) (…), from Proto-Indo-European *bu- (“to swell”) »
en.wiktionary.org/wiki/poto#Latin
https://en.wiktionary.org/wiki/Reconstruction:Proto-Indo-European/peh₃-
https://en.wiktionary.org/wiki/pout#English
https://oc.wiktionary.org/wiki/pòt
Cordialement.