Escanar » étrangler, étouffer ; resserrer, égorger ; crier à tue-tête » n’a rien à voir avec le scanner, un mot anglais emprunté au latin scandere « monter, grimper » et qui au 16e siècle a été utilisé pour » scander des vers « . A l’époque, les élèves frappaient de leurs mains ou de leurs pieds à chaque syllabe accentuée pour en marquer le rythme montant ou descendant des vers. » Le sens « regarder attentivement » date de 1540 et son contraire dans scan a page « jeter un coup d’oeil sur une page » en 1926. Je ne sais si mon scanner est supposé de regarder attentivement ou superficiellement.
Notre escanar est dérivé du substantif canna » roseau, tuyau » que les Romains ont emprunté aux Grecs. A partir du sens « tuyau » beaucoup d’autres se sont développés : cheneau « robinet, bobine » ; cannelle ; occitan cano « mesure de longueur : 1.98 m (voir cet article); bâton et de là jambes en argot ; cruche, cannette ».
Celui qui nous concerne est : « trachée-artère » dans l’expression canne du poumon. Ex + canna + are prend alors le sens de « achever de tuer, un porc par exemple ; égorger « . Le mot est bien occitan, attesté avec le sens « égorger » de la Val Soana jusqu’en béarnais. Dans le Midi on aime les expressions fortes. A Alès par exemple s’escanà veut dire « travailler dur, s’éreinter ».
canna canne du poumon
Deux problèmes :
Mathon donne dans son site : escana « chapardé « , escana « chaparder » et escanaïre « chapardeur » . (Nîmes) Ce sens est confirmé par mon copain de Manduel. Escana « dérober » est attesté comme mot marseillais et dans des dictionnaires d’argot depuis 1838. A quel sens de excannare faut-il le rattacher?
Le « bleuet » (la fleur ou l’oiseau ??) est appelé escanapols à Saurat en Ariège; confirmé sans localisation par Alibert.
Michel Wienin commente et ajoute:
ESCANAR. Pas de problème pour le sens initial d’égorger avec extension à étrangler (resté dominant en Lgdc sud) : quand j’étais petit les grands garçons jouaient à l’escanette chacun étranglait l’autre jusqu’à ce qu’un des deux abandonne ; jeu bien sûr interdit à l’école !). les sens dérivés suivent la même logique qu’en français : prêter à taux usuraire : escanaire = étrangleur, escanador = coupe-gorge d’où escroquer (dominant Provence et Lgdc est) puis voler, chaparder etc. Un usurier ou un prêteur malhonnête est qualifié d’escana-cat (il ferait rendre gorge à un félin).
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