Tartonraira « passerina tartonraira » (Marseille) Nom scientifique actuel : Thymelaea tartonraira subsp. tartonraira (Tela Botanica). Une modeste contribution au site Plantuse dans le domaine des noms populaires de la flore, est l’occasion de revoir mes articles sur les noms occitans des plantes.
La coordination avec Michel Chauvet, ethobotaniste (Plantuse) a donné la première attestation de tartonrare : Pena et Lobel, Stirp. advers., 1570. voir page 160
Ci-dessous une photo de la tartonraire prise à Marseille Marseille (13) le 14 avril 2010.
Un abonné à ma « Lettre de nouvelles » a eu la gentillesse de m’envoyer le lien vers le livre téléchargeable de Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Louis Anguillara, Pierre Bellon, Charles de l’Ecluse, Antoine Constantin. Marseille, 1901, qui m’a permis de retrouver l’origine du nom botanique et populaire de la tartonraire. En le feuilletant je lis que l’ amateur-botaniste provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (né le 1 déc. 1580) correspond régulièrement avec Charles de l’Escluse, appelé Clusius1 , qui enseigne à l’université de Leyde aux Pays Bas. Peiresc lui envoie des colis avec des fleurs, feuilles, semences et racines de plantes de Provence, notamment de Marseille. Les lettres de Peiresc témoignent du zèle avec lequel il s’efforça de donner la plus complète satisfaction aux desiderata du célèbre professeur de Leyde.
Voir en bas de cette page l’inventaire de la boîte que Peiresc à envoyée à Clusius. Les lettres conservées à Leiden ont été numérisées. Une trouvaille.
En 1603 Clusius lui envoie son portrait et un exemplaire de son Rariorum plantarum historia : Fungorum in Pannoniis observatorum brevia historia (1601), et lui demande en même temps des graines de l’Astragale marseillais.
Clusius illustration extraite de Rariorum Plantarum Historia
Peiresc lui répond le 25 février 1604 :
En plus de l’astragale il lui envoie
une autre plus rare que les mariniers appellent tartonraire et de laquelle ils se servent pour se purger d’autant qu’elle faict une merveilleuse opération tant par le haut que par le bas.
Dans le tome IX de RollandFlore, qui n’est pas numérisé hélas, il doit y avoir une attestation de 1570 du nom tartonraire.
L’étymologie est d’après le FEW l’onomatopée trant- « balancer, vaciller ». Voir aussi l’article trantanel. Cette étymologie n’est pas 100% justifiée. C’est Mistral qui l’a suggérée à von Wartburg. Un visiteur m’a signalé une correspondance entre Mistral et Ludovic Legré à propos de l’origine de tartonraire. Cette correspondance que vous pouvez consulter ici contient les autres propositions plus ou moins fantaisistes qui ont été proposées depuis le XVIe siècle.
Il faudrait savoir ce que Peiresc veut dire exactement par « une merveilleuse opération tant par le haut que par le bas » pour pouvoir expliquer le lien sémantique entre « vaciller » et l’effet de la tartonraira sur les mariniers marseillais. Michel Chauvet (Plantuse) m’explique « son sens est clair quand on lit Cazin : c’est un purgatif violent, qui purge par le haut et par le bas ! »
Voici les autres attestations de tartonraire dans le volume des mots d’origine inconnue du FEW:
Vous constatez que le premier lexicographe à le mentionner est l’Anglais Cotgrave, un excellent connaisseur de l’occitan. Les autres dictionnaires l’ont simplement copié.
Le dernier est Pierre Larousse:
TARTONRAIRE s!’ in. (tar-ton-rè-re). Bot.
Nom Vulgaire d’un arbrisseau du ‘genre
dàphne. On dit aussi TÀRTONAIRE.
Le deuxième partie de cette fiche se trouve dans l’article aliboufier « styrax officinalis ».
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