Christine Belcikowski, suit toujours Les chemins de Jean Dabail ou la dissidence d’un fils du petit peuple de Mirepoix au temps de la Révolution française, L’Harmattan, 2014. Il y a quelques jours elle a raconté l’horrible assassinat d’un marchand colporteur, aux Pujols. Dans les archives elle trouve des documents originaux qui témoignent de la vie de tous les jours au début de la République avec des détails tirés d’un procès verbal de l’administration. Par exemple celui-ci:
Et de suite le dit Jean Senesse, agent municipal, nous a conduit au lieu du hameau de Fournels, où était déposé un cadavre d’une taille d’environ cinq pieds, cheveux gris, nez fort, couché sur son séant, regard le ciel, habillé d’une bonne chemise, d’un gilet et pantalon de drap gris mélangé, d’une vieille roupe 3 vert de bouteille, des bas gris, des souliers ferrés.
Note 3: Roupe : blouse en drap grossier, fendue par devant, portée dans la Drôme par les bergers transhumants ; veste large ; sorte de redingote ; issu de l »espagnol ropa « paquet, bagage, vêtement » ; manteau ample ; vêtement de dessus.
A la fin de la lecture je n’ai pas pu m’empêcher de suivre seon indication étymologique. En effet le mot roupe semble venir de l’espagnol. Le Diccionario de la lenga española donne les définitions suivantes :
Espagnol ropa a des sens assez vagues: « Prenda de vestir. » ~ blanca. « 1. f. Conjunto de prendas de tela de hilo, algodón u otras materias, usualmente sin teñir, que se emplean debajo del vestido exterior, y, por ext., las de cama y mesa. » ~ de cámara, o ~ de levantar. 1. f. desus. Vestidura holgada que se usaba para levantarse de la cama y estar dentro de casa. ~ hecha. 1. f. La que para vender se hace en diversas tallas, sin medidas de persona determinada. ~ interior. 1. f. La de uso personal, bajo las prendas exteriores. ~ vieja. 1. f. Guisado de la carne y otros restos que han sobrado de la olla. etc.
Ce dictionnaire indique que l’espagnol ropa vient du gotique *raupa un dérivé du verbe raupjan « déchirer » rupfen ou raufen en allemand moderne. Mais il y a un problème historique. Il n’y a pas d’attestations d’avant le XVIe siècle, et en plus ce sont des dérivés comme français roupille « manteau ample, guenille », roupiho « guenille » à Marseille et ils sont plutôt rares. Le mot roupo qui désigne toutes sortes de vêtements amples en général, est fortement attesté dans tout le domaine occitan et franco-provençal. En plus la première attestation vient du gascon, dans le texte de Gérard Bedout, Lou parterre gascoun coupouzat de quouate carreus. de 1642. Pourtant l’extension géographique de roupa, jusqu’à la Suisse romande reste à expliquer. Voir FEW XVI, 680
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