Quilhar verbe transitif et pronominal « placer dans un endroit très élevé; se percher », en français régional quiller (Manduel; Camargue); « dresser, empiler »(Alibert); être quillé se dit d’un « joueur au loto qui n’attend plus qu’un seul n° pour crier quine »(Andolfi).
Le verbe est dérivé de quilha « quille; plantoir, outil de gantier; jambe mince » d’origine germanique probablement ancien haut allemand kegil, allemand et néerlandais modernes kegel.
L’emprunt est relativement récent. En français il n’y a pas d’attestations avant le début du XIVe siècle et en occitan les premières datent du début du XVIIIe s.
C’est l’emploi au figuré de quilha « jambe » comme fr. quille, attesté depuis François Villon, qui est à l’origine du sens « se percher ».
Quilho-mouto « traquet, oiseau »(M), quilhamota (Alibert).
Dans le FEW nous trouvons les significations suivantes: « se tenir sur une jambe, se jucher sur quelque chose d’élevé, comme les poules ». Le sens « se percher » se trouve surtout dans la région de Marseille et dans est-languedocien.
Est-ce que les Méridionaux sont des tricheurs? Le verbe quilhonar signifie « jouer » , mais aussi « duper, tromper ». On le dirait. Nous trouvons la même évolution sémantique dans maréla « jouer à la marelle ».
D’après Joblot s’enquiller est « partir à l’improviste. Se sauver en profitant d’un moment d’inattention: « j’ai vu le voleur au moment où il s’enquillait ». Le lien sémantique est peut-être la notion « prendre ses jambes à son cou » ou le sens « tromper, duper ».
Dans la moyenne vallée de l’Hérault, G. Lhubac signale en français régional le verbe enquiller avec les sens
Dans le domaine galloroman le verbe quiller et surtout les dérivés esquillà, resquillà avec le sens « déraper, glisser », sont limités au Midi. Nous les retrouvons dans la zone italienne et ibéro-romane voisine, quiller et les composés avec es- ou res- qui ont même sens « glisser sur, déraper, patiner ». Provençal resquilha, languedocien resquilha , esquilha. L’abbé de Sauvages (1750) donne reskinla « glisser », reskinladou « glissoire »; jouga a la reskinleto « jouer à écorche-cul ». (Un lecteur me signale que Littré connaissait ce jeu: « En glissant, en se traînant sur le derrière. Ces enfants jouent à écorche-cul. » ), resquiéto « glissoire ». Ce dernier signifie en provençal aussi « ricochet qu’on fait avec une pierre plate sur l’eau ».
Français resquiller « tricher » est un emprunt à l’occitan. Von Wartburg a joint cette famille de mots à l’étymon kegil tout en faisant la remarque que la discussion reste ouverte parce que le lien entre quilha « quille » et esquilha « glisser », n’est pas clair ni du point de vue phonétique et surtout du point de vue sémantique.
Resquiller est entré dans le TLF, qui donne l’étymologie suivante:
Voir aussi esquil « grelot ».
Mars 2018, un visiteur me signale le verbe ; »desquiller » ce mot était utilisé dans l ‘Hérault, dans le sens de » faire tomber » . On desquillait une pigne en lui lançant des pierres. On desquillait les quilles au jeu de quilles. Et, curieusement, « desquiller » voulait dire aussi, galéger, exagérer, mentir. D’où « desquilleur » pour une personne dont on ne peut prendre la parole au sérieux.
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