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Jolh

Jolh « ivraie » et jolverd « persil ». Latin lōlĭum désignait « l’ivraie ». Nous le retrouvons dans beaucoup de dialectes romans, comme le piemontais lœy, toscan loglio, aragonais luello, franc-comtois leul et franco-provençal louei toujours avec le sens « ivraie ». : Déjà pendant l’époque classique lōlĭum est devenu jōlĭum par un jeu de dissimilation et assimilitaion. Jōlĭum a abouti à jolh, juelh, jel dans l’est du domaine occitan, en provençal et en languedocien, toujours avec le sens « ivraie » (cf. Thesoc pour l’état actuel).

Le dérivé enjouya, enjuela signifie « enivrer, assoupir ».

Joc

Joc « perchoir des poules ». L’abbé de Sauvages l’appelle jhoucadou ou ajhoucadou (S1). Le mot n’apparaît en occitan  que depuis le 18e siècle. D’après le FEW l’étymologie est l’ancien nord francique j ŭ k qu’il traduit par « perchoir ». Comme le mot juk existe aussi en néerlandais, mais avec le sens « joug », j’ai vérifié avec le dictionnaire de Grimm, qui donne de nombreuses attestations de Joch « joug »mais pas de « perchoir ». Il y a un seul  sens qui s’en rapproche « bout de bois fixé horizontalement sur deux bois verticaux. » (Grimm). L’évolution sémantique de j ŭ k « joug » > « perchoir de poules » se retrouve dans le nord de l’Italie et en catalan. Comme joc « perchoir » n’est pas attesté en ancien occitan, on suppose que le catalan l’a hérité du gotique et le piemontais du longobard.

Je n’ai pas la possibilité de consulter toute la littérature sur cette histoire, mais je ne suis pas convaincu par l’étymologie joc < j ŭ k « joug ». La répartition géographique, l’absence du sens « perchoir » dans les langues germaniques, le riche développement sémantique et des dérivés ou composés dans les parlers galloromans posent problème.

Thesoc « perchoir » joc, jocador, joca°° (en transcription phonétique c’est plutôt un -ü-), joquièr; juchoir (fr), ajocador. et « se percher »

Jas de mouli

Jas de mouli, jhas de mouli (S) « gîte du moulin : celle des deux meules d’un moulin qui est immobile. Synon. meule gisante. » La meule tournante et le gîte, appelé dormante de nos jours.. Déjà attesté en ancien occitan (1567) dans les Alpes Maritimes. D’un latin *jacium « gîte » qu’on retrouve en Italie. Voir aussi jas « bergerie »

jaquemart

Jaquemart voir jacouti

Jhacoumetto

Jhacoumetto « simple, niaise » Voir Jacouti

Jacou

Jacou « niais », et même au féminin : provençal jhacoumetto « simple, niaise » Voir Jacouti

Jaco, jaqueto

Jaco « ancien vêtement », marseille jaqueto « petite jupe », en languedocien  « corps de jupe ». voir jacouti

Jalenco

Jalenco « variété de châtaignes » mot cévénol d’après Mistral. Il est en effet dans la liste du XIXe siècle des variétés de châtaignes dans ma page Castagno : JALENCO, qualité :bonne; grosseur: moyenne; exposition : les bas-fonds; maturité : la plus précoce peu productive. Observations: D’un bon débit, on la mange fraîche, 8 jours avant que les autres tombent, feuilles luisantes jaunâtres. D’après le FEW jalenco est un dérivé du latin gelus « gel ». Le lien sémantique est peut-être le fait qu’elle est précoce.

Brega

Brega, brego « lèvre; mâchoire, dents; broie; querelle », avait besoin d’une page speciale avec des cartes de la répartition géographique..

Jacouti

Jacouti « sorte de vêtement d’enfant qui ne couvre que le buste ». La dormeuse qui fouille dans les archives de Mirepoix, a relevé les textes suivants concernant des enfants trouvés: « J’ai soussigné et declare que paule est baptisée et née le 15 mai 1815 et non anregistrée. […] mauvais lange et pardessus un vieux morceau de sargue une bonne chemise et pardessus un jacouty en laine grise rayée de blanc.L’enfant a reçu le nom de Paule Robinier. » et l’année suivante : 23 mars 1816 enfant trouvé à l’entrée du vestibule de l’église en entrant à gauche par Louis Echau carrillonneur.enfant mâle enveloppé d’une mauvaise étoffe de couleur carmelité d’une ceinture de draps appelée vulgairement jacouti d’indienne mauve à petite mouche d’une chemise courte granie en mousseline rayée..

Il  s’agit probablements d’un dérivé de Jacobus.

La jacquerie de Meaux. Gaston Phébus et Jean de Grailli chargent les Jacques et les Parisiens qui tentent de prendre la forteresse du marché de Meaux où est retranchée la famille du Dauphin. (9 Juin 1358) (Wikipedia).

Saint Jacques le Majeur par Rembrandt 1661)

 

Quel est le lien entre St. Jacques et le jacouti ? La réponse est: la popularité du Saint. Le prénom Jacques, Jaqueme en ancien occitan, était tellement populaire qu’il est devenu synonyme de « paysan ». Les jacques étaient les paysans qui prirent part au soulèvement de 1358, les Jacqueries. Ensuite le nom a été transféré sur des vêtements que les paysans portaient habituellement : occitan jaque « pourpoint court et serré », jaco « ancien vêtement », Marseille jaqueto « petite jupe », en languedocien  « corps de jupe ».
Le dérivé jacouti « jaquette » est attesté par Borel en 1655 et plus récemment à Pézenas avec une description plus précise: « gilet à manches pour les enfants », ou à Prades « brassière pour faire marcher les enfants ».
Par la suite d’autres traits de caractère attribués à tort aux paysans ont reçu le nom du Saint Apôtre: languedocien jacou « niais », et même au féminin : provençal jhacoumetto « simple, niaise ». La même évolution s’est produite en anglais : jackass  » âne mâle; personne stupide » (Cf.Harper).
Le néerlandais jack « manteau court » (depuis 1929) a été emprunté à l’allemand Jacke, anglais jack (1345) qui a connu un riche développement, (voir etymonline), ancien néerlandais jacke , néerl. moderne jak, espagnol et portugais jaco sont des emprunts au français.J’ai failli oublier le jackpot qui vient d’une expression maintenant obsolète du poker, quand personne n’a mieux qu’une paire de jacks « valets ».

Jackpot?

La forme provençale Jaqueme a donné le dérivé jaquemart « figure d’homme armé d’un marteau, qui battait les heures dans une horloge » attesté en franco-provençal en 1422 à Fribourg (Suisse), le berceau de l’industrie horlogère, et en 1472 en provençal.  Dans le DMF est marqué qu’il y a de nombreuses occurrences du nom propre Jakemars, Jaquemart, Jacquemart, Jaquemars… datant du XIVe siècle.
D’après Alibert Jacomart signifie en occitan «  »horloge de beffroi; nigaud, benêt; tête » dans l’expression es tocat del jacomard.

Jaquemart