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Micocoulié, belicoco

Micacoulié, micocoulié « micocoulier » un arbre méditerranéen.  Charles Estienne écrit en 1547 : « Lotos est un arbre nommé en Provence micacoulier« . D’après Wikipedia il s’appelle officiellement en français le micocoulier de Provence. Le micocoulier est répandu dans le Sud de l’Europe et le Nord de l’Afrique.

En grec moderne il s’appelle mikrokukki, mikrokoukouli, melikoukkia. FFEW XX,20  mikokahki Ce nom a été emprunté par l’occitan au grec médiéval et il a subi quelques transformations phonétiques. Micacoulié est attesté dans le dépa rtement de l’Hérault, milicouquié dans le Gard. Le fruit s’appelle la micacoula, devenu picopoulo d’après l’abbé de Sauvages (S2) et falabrego, farabego  qui vient de  Bfaba + graeca = « fève grècque ».

Le secrétaire de la mairie d’Agde à la fin du 19e siècle, a dit à Edmont (ALF) que le mikokoulo était le fruit de l’aubépine. Il faudrait vérifier cela.
Dans le Gard on trouve aussi des formes avec beli- : bélicouquié, belicoco s.f. « fruit du micocoulier » (S2), qui viennent du grec melikoukkia. Il semble que le fruit est sucré et qu’on l’ajoutait à de l’alcool.
Dans la même région on a donné le nom micacoulié à « l’alisier » (Hérault), belicoquo « alise » à Nîmes.
Tous les trois fruits étaient utilisés comme balles pour les sarbacanes. Voir aussi l’article falabrega < faba graeca

aubépine    

     

  micocoulier                                                                      alisier

Un fidèle visiteur me propose la mise à jour suivante, que j’insère avec plaisir :

Sauve s’enorgueillit à juste titre d’être la capitale de la fourche. Le micocoulier de Provence, celtis australis est un arbre appartenant à la famille des Ulmacées représentée par les ormes. A Sauve, on l’appelle aussi « Fourchier » en raison de son usage. C’est avec son bois que l’on fabrique la célèbre fourche de Sauve depuis « mille ans ».

Fréderic Mistral écrit à propos de la fameuse fourche:
« La trinita, mi fraïre, es tamben coumparadisso a-n-uno fourco, a-un- poulido fourco D’aquéli fourco de falabréguié que fan à Saouvo. »
Frédéric Mistral. Proso d’Armana. La Trinita
Suivez ce lien; SAUVE
S auve s’enorgueillit à juste titre d’être la capitale de la fourche. Le micocoulier de Provence, celtis australis est un arbre appartenant à la famille des Ulmacées représentée par les ormes. A Sauve, on l’appelle aussi « Fourchier » en raison de son usage.
www.ville-de-sauve.fr
 
Voir aussi l’article Esclafidou
où vous trouver des utilisaions du fruit du micacoulié avec la sarbacane. Des jeux que les jeunes ne font plus, mais qui va peut-être revenir pendqant le confinement et qui sera immédiatement interdit.

Aufabrego

Aufabrego, fabrego s.f. « basilic », un mot que le languedocien a emprunté au catalan alfabrega. Le mot arabe al -habaqa a été introduit probablement avec la plante en Espagne et au Portugal où la prononciation s’est adaptée aux habitudes locales : espagnol albahaca, catalan alfabrega, portugais alfavaca. Dans l’Aude et dans le Tarn il y eu une contamination par le mot baselic ce qui a donné alfasega. Littré mentionne dans son supplément fabrègue « basilic », mais je ne crois pas que ce mot a vraiment vécu dans la langue d’oïl.

En provençal existe également le mot fabrego, falabrego, farabrego avec le sens  « micocoule »(Mistral), qui selon Schuchardt (Z35,385), suivi duFEW, vient de faba graeca « micocoulier » attesté chez Pline. Je suis étonné qu’il n’y a apparemment aucun rapport entre ces deux fabrego… Voir aussi falabrego

Argelas

Argela, argala « ajonc (ulex parviflorus), genêt épineux (genista scorpius) » vient de l’arabe al ğaulaq  « ajonc » . Il est curieux qu’une plante sauvage et indigène ait tiré son nom de l’arabe, mais sens et forme correspondent.

Mise à jour de l’étymologie dans un nouvel article argelas paliure

(FEW I, 65 mais  corrigé dans le vol XXI, 105  voir aussi à la fin de mon article). Attesté en latin médiéval en 1308 argilax. Les formes du Gard argala avec g- au lieu de -j- ou t restent inexpliquées. Par influence du nom dune autre plante ? En catalan argelaga. La Seyne argeiras « Genêt épineux, Ajonc de Provence, ou Calycotome pineux (Calycotome spinosa) « .

argela

A propos de cette étymologie de von Wartburg, le spécialiste Florent Dieterlen du basque m’écrit:
« Bonjour, J’ai vu dans votre site l’étymologie de argela, qui viendrait de l’arabe. J’ai déjà vu cette explication (chez Corominas, dans le FEW ou ailleurs?), mais elle ne me convient pas. En effet, ce mot et ses variantes se retrouvent dans des dialectes jusque dans les Alpes, la Sarthe, les Côtes du Nord, l’Italie. Or je ne vois pas une ancienne influence arabe là-bas. Je propose le mot basque arkatx=buisson. Vous me direz que le basque non plus n’allait pas jusque là. Eh bien si. Je fais depuis dix ans une thèse à l’Université de Lausanne sur le sujet, et retrouve des mots basques dans toute la France et l’Italie, ce qui est amplement corroboré par la génétique des populations. Cependant, je ne suis pas satisfait 100% de cette étymologie, et serais ravi si vous trouviez autre chose de mieux. Meilleures salutations, Florent Dieterlen

Dans le Gard nous trouvons Les Argel(l)as  aussi comme toponyme à Jonquières-St.Vincent et à Montfrin. Arjalas

Pour ceux qui s’intéressent à l’influence du basque notamment dans l’occitan, je conseille vivement de suivre ce lien

La plus ancienne attestation en gallo-roman est le toponyme Argilargueira dans un document de la région nîmoise de 1180.  C’est Corominas vol.1, pp.329-331 qui a approfondi le sujet et il vient à la conclusion que cette famille de mots vient de l’espagnol aulaga. Il est suivi par von Wartburg dans  le vol XXI, 105. L’arabe al ğaulaq serait un emprunt à une langue romane.

Aubarda

Aubarda s.f. »sorte de bât allongé » voir bardotades.

Bardot

Bardot « mulet; nigaud » voir bardotades

Barda

Barda « selle (rembourrée) » voir bardotades.

Bardotades et bardot

Bardotades “bêtises” (Lhubac),   est un dérivé de bardot  » mulet ; nigaud (Lhubac) ».  Pour le glissement de sens vers « nigaud » voir ase.

L’étymologie est la même que celle du français bardot. D’après le FEW, suivi par le TLF, bardot vient de l’arabe barda’a  « bât rembourré pour un âne ou une mule; couverture qu’on met sous la selle ». La première attestation vient d’un texte en latin rédigé à Toulouse en 1144 (DuCange):

Barda « selle (rembourrée) » est bien attesté en provençal et languedocien, comme ses dérivés bardon « bât », bardèlo « bât rembourré » (Marseille), bardino « idem » à St-Affrique, barder « couvrir un cheval d’un barde » (français), bardeto « petit corset d’enfant ».Barda « bagage » vient de l’argot militaire et a été importé directement par les soldats qui faisaient leur service en Algérie.

A partir du sens « barde mince » s’est développé le sens « tranche de lard mince pour garnir un chapon, etc. » bardo, bardino « tranche de lard » (Aveyron).

Bardot « mulet » est dérivé de  barda par métonymie de contiguité. Le mot a probablement été créé en occitan et prêté au français. Il prend les mêmes emplois secondaires que ase: « souffre-douleur, imbécile, celui qui doit travailler dur, etc. « . Languedocien bardoutas est « un grand nigaud » et une bardotado « une bévue » mot formé comme cagado. Un bardou est un petit âne.

Les sites de Généalogie  donnent comme origine du nom de famille  Bardot1 , l’ancien francique  barda « hache », ou avec une certaine réticence le bardot  « mulet »  qui aurait pris le sens « propriétaire de mulet’.  Le  problème qui se pose avec l’ étymologie  barda « hache » est que le mot est très peu répandu dans les parlers galloromans.  Quelques rares attestations en ancien et moyen français et dans les parlers du Valais suisse. Par contre bardot « muletier »  est attesté chez Brantôme, un Périgourdin, pour la première fois dans l’expression  passer pour bardotbardot  désigne une personne: (Godefroy):

bardot au XVIe siècleJ’ai cherché la source de Godefroy. Il l’a trouvé chez Lacurne de St.Palay, qui cite Brantôme,

Un bardot  est  « le mulet qui marche à la tête des autres mulets et qui porte le muletier avec ses provisions et ses ustensiles ».  Le transfert du nom du mulet sur le muletier  > Bardot  est une simple métonymie.

Aubarda « sorte de bât allongé », qu’on trouve dans l’Ouest-occitan fait partie de la même famille, mais a été emprunté à l’espagnol albarda qui avait gardé l‘article arabe comme dans beaucoup d’autres mots d’origine arabe. Au figuré aubardo signifie à dans le Val d’Aran et à Bagnères « la laine laissée sur la peau de la brebis à l’occasion de la tonte ». En béarnais aubardà « ôter le bât; se débarasser d’un vêtement lourd ».

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  1. Bardot :Nom fréquent dans l’Allier mais aussi dans l’Est (88, 90). Sans doute dans la plupart des cas un diminutif de Bard, Bart, nom de personne d’origine germanique (barta = hache). Il peut cependant s’agir parfois d’un toponyme (cf le hameau du Bardot à Senaide, dans les Vosges), avec le sens de terrain argileux.

Asirar

Asirar, s’asirar « se mettre en colère, haïr; abandonner le nid » < *adirare « mettre en colère ».(FEW XXIV, 142b en français).

L’étymologie doit être le dérivé *adirare « courroucer, irriter » qui a été formé à partir du substantif ira « colère ». Nous en trouvons des représentants dans presque toutes les langues romanes : l’italien du 14e s. adirare « irriter », l’espagnol et le portugais airar « courroucer », l’ancien français (s’)airer « (se) mettre en colère » et l’ancien occitan azirar « haïr, se courroucer ». Le dictionnaire Panoccitan fournit les données suivantes : asir nom m. 1. haine nom f.; 2. aversion nom f.; asirable adj., asiradís, asiradís, asiradissa adj. haïssable; asirança nom f. haine; asirar verbe tr. 1. haïr; 2. prendre en aversion loc.
Toutes les significations qu’on trouve dans les parlers occitans et français  » haïne, aversion, violence, ardeur, dégoût  » etc. s’expliquent facilement à partir du sens « colère ».

D’après le Thesoc,  le verbe   aver asir dans les parlers des départements de la Hte-Vienne, de la Corrèze, Creuse et asir dans le  Puy de-Dôme ou prendre asir  dans la Creuse ont sauvegardé dans leur langue le sens « abandonner le nid en parlant des oiseaux »  qui témoigne d’une sagesse ancestrale.

Il m’a fait penser à l’époque où mes enfants étaient ados. « L’adolescence est une période d’éloignement et la colère ou l’ « ira », est un des éléments nécessaires pour provoquer cet écartement, cet éloignement. (d’après un des nombreux sites consacrés à la psychologie de l’adolescence, p.ex. celui-ci).

     asir

Sur le point d’asirar   

Vié d'ase

 Vièt’d’ase, vié d’ase « sexe de l’homme ; nigaud », littéralement « sexe de l’âne »

C’est Rabelais (encore lui) qui a introduit l’expression en français : viet d’aze « terme d’injure obscène » ; il a dû l’apprendre à Montpellier. La forme ase  du latin asinus prouve qu’il s’agit du languedocien (ay est  provençal). A Alès viedas  veut/voulait dire « diable !, peste ! »  Ounte sian? Pièi, s’estènt esperluca en plen, reprenguè: – Que siéu viedase! sounjave … naciounau? – Res se n’avisara, viedase! …  d’un texte intitulé La terrour trouvé sur internet.

Le sens « aubergine » viedaze ou  bietase  (p.ex. à Pézenas), est limité à l’occitan, du dauphinois jusqu’au béarnais.

Etymologie : vié'(t) vient du latin vectis « manivelle d’un pressoir, pilon, barre ». Le sens « sexe de l’homme » n’est pas attesté pour le latin mais il a dû exister, parce qu’on le retrouve dans d’autres régions comme en Frioul , région de Trieste en Italie.

En fouinant dans la vénérable Revue des Langues Romanes, de 1879, que tout le monde peut consulter grâce au site Gallica de la Bibliothèque Nationale, j’ai trouvé la note suivante, attendrissante par la façon pudique dont l’auteur s’exprime à propos du juron vié d’ase:

Dans le livre de J.P. Durand, p.72 sur l’Aveyron, se trouve une autre longue explication de l’expression locale Joan-viech qui égale le viéd’ase.  Il connaît la variante viech d’auques déjà mentionné par l’abbé Moyne.  Ce n’est pas viet  qui est victime du tabou mais l’ase!

Pebre

Pebre « poivre; variété d’olive, gattilier (arbrisseau); lactaire poivré (lactarius piperatus) ». Du latin piper « poivre ».

Pèbre d’âse ou pèbre d’aï  « la sarriette ». Orthographe ou ay « âne », mais l’ail est autre chose.
Pour certains le pèbre d’ail est une variété de thym ou de serpolet. Une visiteuse vient me signaler que pour elle la sarriette a un goût entre le poivre et l’ail et il y aurait donc deux noms pebre d’ase et pèbre d’aï. En effet ces deux noms peuvent prêter à confusion, d’autant plus que très souvent les noms des plantes varient d’un endroit à l’autre. Mais ce n’est pas le cas pour pèbre d’âse et pèbre d’aï  « la sarriette ». Latin asinus a abouti à ase en provençal central et en languedocien, mais à en provençal de l’est, Alpes Maritimes et Var, où le -s- entre deux voyelles de ase est tombé. A Arles et Avignon les deux formes sont en concurrence, et la forme ase y est considérée comme « populaire ».

D’autres plantes, généralement avec un goût piquant s’appellent également pèbre  comme le « gattilier »  (Vitex agnus castus), appelé communément  Agneau chaste, Poivre de moine, Faux poivre, Gattilier, anglais Chasteberry.

Explication: en surfant j’ai trouvé les remarques suivantes: le pèbre est une  « Graine comestible à la saveur de poivre, à consommer avec modération : on l’appelle poivre de moine car il était utilisé dans les couvents pour amortir le désir de la chair. » De nos jours  d’autres effets sont mis en avant: le vitex agnus castus est une plante asiatique qui permet de mieux vivre les variations physiologiques dans les périodes de pré-ménopause. Il agit sur les sensations de chaleur.

Solerius1 parle de deux sortes de pebriers :

C’est la 3e fois que je tombe sur cette plante! Voir vedigana et bedigas.

Pebrada « sarriette (Velay); thym (Hte Loire, Thesoc).

A ne pas confondre avec le poivre d’âne ou pèbre d’aï qui est un fromage français à pâte molle. Son appellation provient de son enrobage de plusieurs herbes sèches, dont une,  la sarriette,  porte le nom provençal de pèbre d’aï  (Wikipedia).

Pébron « piment, poivron » (Camargue) vient du provençal pebroun.  Pebron a pris un sens péjoratif : « Amateur, jusqu’à l’excès, des boissons alcoolisées ! » Comme français poivrot, parce que les boissons alcoolisés contenaient pas mal de poivre.

Charlelie Couture  m’a demandé l’origine de l’expression « qui date de l‘an pèbre » . Dans le blog de Pappataci vous trouverez l’explication suivante:

L’origine de cette expression est vraisemblablement liée à une terrible épidémie, la « pébrine »qui, en 1848, causa des ravages sans précédent dans les élevages de vers à soie du Midi de la France, et plus particulièrement dans les Cévennes et la Provence. Le nom français de  » pébrine  » est tiré du provençal  » pèbre « , car la maladie se caractérisait par de petits points noirs, comparables au poivre moulu.

Philippe Blanchet propose dans l’ouvrage Zou boulegan : expressions familières de Marseille et de Provence une autre explication:  l’an pèbre  désigne l’an pépin, c’était à l’an pèbre = c’était il y a très longtemps » mais nous n’avons pas pu vérifier cette information.
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  1. Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.