cat-right

Gag, gatch, gay

Gag, gatch, gay,etc. « geai » vient probablement du prénom latin Gaius. Le geai est un oiseau qu’on peut apprendre à « parler », comme le perroquet. A la campagne, il était souvent tenu en cage. Comme nous, les Romains donnaient un nom propre à leurs animaux domestiques. Gaius était un prénom très commun chez eux. Dans les parlers français le geai porte d’autres prénoms, comme Richard, Jacques ou Colas. Le type Gaius se retrouve dans les parlers nord-italiens, en catalan gaig, anglais jay et en néerlandais gaai.

Horrupa

Horrupa forme gasconne pour fourrupa.

Boscalhar

Boscalhar « couper du bois » voir buscalhar

Buscalhar

Buscalhar « ramasser du menu bois » , buscailler en français régional. Alibert donne deux formes : boscalhar et buscalhar tous les deux avec le sens « ramasser du menu bois ».

Le type buscalha « ramasser du petit bois, des copeaux » se trouve en Normandie, en poitevin, en franc-comtois, en franco-provençal et en occitan des vallées provençales italiennes jusqu’en Béarn. En languedocien buscalh a pris le sens de « tison ». Le dérivé buscalhar « ramasser du petit bois » est attesté en ancien occitan depuis 1240, dans les patois buscalhar se trouve en provençal et en languedocien jusqu’en Rouergue.(FEW XV/2, 25b-26a s.v. *busk-)

Le type boscalhar se trouve dans des textes en ancien franco-provençal avec le sens  » couper du bois pour son usage dans une forêt seigneuriale ou communale » qui était un droit à l’époque, et de nos jours (??) je crois. Mistral donne les formes bouscaiage, bouscaiatge pour ce droit  et bouscaiá, bouscalha pour le verbe.(FEW XV/1, 104b s.v. *bosk-)

L’étymologie n’est pas évidente. Boscalhar viendrait du mot germanique *bosc- « bois » et la forme avec –u-, buscalhar du germanique *busk- « baguette, tige ». Mais il y a un lien étroit entre ces deux étyma, d’après Braune il s’agit du même mot avec un changement de la voyelle (apophonie) du radical (Voir Zeitschrift, 36 p.713 et p 584 pour les formes italiennes). Je peux ajouter qu’en néerlandais le mot bos signifie aussi bien « bois, forêt », que « faisceau, botte » et nous retrouvons l’apophonie dans le diminutif bussel « botte; faisceau ». L‘EWN  pense qu’il s’agit d’un emprunt à un substrat pré-indoeuropéen, et dit que les rapports entre les mots germaniques et romans ne sont pas encore très clairs.

 

         

Bugada

Bugada « buée; lessive; linge de la lessive » et les dérivés bugada(r) « lessiver », bugadarià « blanchisserie », bugadier « cuvier à lessive », bugadièra « blanchisseuse, buanderie; liseron » bugadon « petit cuvier », bugador « cuvier », bugàs « vent chaud et étouffant ». Mistral donne quelques indications complémentaires:

       bugadiera  

L’étymologie est la même que celle du français buer, buée.  « De l’a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » » (TLF). Suivez ce lien.  Vous verrez que mon travail est de la vulgarisation.

Budets, budèl

Budèl « boyau, tripe, intestin » est la forme de l’ancien occitan, conservée dans le Lauragais, ailleurs dans l’Ouest-occitan c’est budets avec changement de suffixe.

L’étymologie est la même que pour français boyau à savoir latin botellus « petit boudin, petite saucisse », mais le –ü- des formes occitanes comme le -u- de l’italien budello reste inexpliqué.

Dans beaucoup de parlers occitans budets, budel est remplacé par le type tripes. Voir Thesoc pour la répartition géographique. Catalan budell « intestin ».

Le languedocien a créé un dérivé embudela « éventrer », comme l’ancien français emboeler. Ce dernier, comme ancien français boel sont passé en anglais : bowel « intestin » et embowel rendu plus transparent par disembowel « éventrer, vider des intestins ».

Bugà(r)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher » voir  Buc

Buc

Buc  » chicot d’une branche d’arbre ; pointe ; écharde ; cime de montagne ; ruche d’abeilles ; tronc d’arbre creusé où l’on plaçait les bébés ; dans l’Aude : conque ou bassin fabriqué avec un morceau d’écorce ; ….  » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne en plus  le sens   » chicot d’une dent cariée « .  Le mot a existé en ancien français avec les sens  » tronc du corps  » et  » tronc d’arbre « , comme en ancien occitan. Dans les parlers modernes, buc n’est attesté qu’en wallon, en franco-provençal et en languedocien.

D’après le FEW l’origine est l’ancien franc buk  » ventre « , que l’on retrouve en allemand Bauch,, néerlandais buik et ancien néerlandais buuk avec le sens » ruche  » comme le mot buc occitan ! Le sens primaire de buk semble être  » cavité  » et de là  » tronc  » ou  » ventre  » et ruche,  » chicot  » etc.. Le mot existe également en catalan, espagnol et italien.

des bucs à Thines (Ardèche)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher ». Le visiteur/apiculteur Jean Courrènt m’envoie la contribution suivante:

« Comme vous le savez, la ruche est appelé buc, de Toulouse à la mer1. Dans votre présentation, je ne trouve pas le bugar (le rucher). Buc est apparu après l’installation des Wisigoths. L’orthographe de « buga » (rucher) est bugar, bugat ou bugalh (avec des nuances de sens), en Terre d’Aude. Le mot bugar, qui désignait « un gros rucher » (probablement du seigneur civil ou religieux, à l’origine, à l’époque de la féodalité et des droits d’abeillage et d’épaves) n’est plus utilisé depuis que la production de sucre à bon marché a réduit l’importance de l’élevage des abeilles (probablement deuxième moitié du XIXe siècle). Actuellement, les vieux apiculteurs ne disent plus que « ai bucs » (« Vau ai bucs » ou « Vau a las abelhas« ) ce qui rejoint le apiaria [pluriel de apiarium], les lieux où l’on met les ruches des abeilles, constaté dans le langage commun, par Aulu Gelle, au IIe s. (Nuits Attiques, II, 20). Le rusca des Gaulois devait également se maintenir jusqu’alors, pour la ruche familiale (ce qu’il faudrait quand même prouver).
Bien cordialement. J.COURRENT.
PS : En 1704, le compoix de Montredon-des-Corbières signale deux bugars (un gros et un petit). A la même date, il y avait trois bugars à Tuchan, dans les Corbières. Le bugar ne désignait donc plus le rucher du seigneur. »

  1.  Remarque : Le Thesoc donne le type buc « ruche » pour les départements de l’Ariège, le Gers et la Haute-Garonne. Alibert mentionne bugal, bugar « rucher, groupe de ruchers »

Brousto

Brousto « pousse, ramée » (M). Alibert donne deux formes: brost et brot.  Brousto  est dérivé du germanique *brust « pousse ». Ancien occitan brost et brosta « feuillage, ramée » fin XIIe s. Cf. fr. brouter, broutille. Le sens « jeune pousse » se trouve surtout dans le Midi et en catalan brosta.

Voilà une famille de mots qui relie le moyen âge à internet. Pour trouver ce site sur internet vous avez utilisé un browser , comme Mozilla ou IE, littéralement un « brouteur ».

Le verbe anglais to browse: « paître »; to browse through a book « feuilleter un livre « . Emprunté au moyen français brouster dans lequel on a pris le -t final pour la forme du participe passé : *browsed.
Le substantif occitan brousto « pousse » se traduit en anglais par the browse « tender shoots, twigs, and leaves of trees and shrubs used by animals for food « . Suivez ce lien vers le Metaglossary

Brodo

Brodo s.f. « paresse, fainéantise » (S2) est encore très vivant dans le français régional : avoir la brode, avé la broda (Camps) , la brode le prend (Lhubac). D’après Camps il y a de nombreuses attestations dans le Gard et les Cévennes (où?). Dans le FEW il n’y a que les attestations de l’abbé de Sauvages (S2), reprises par Mistral et deux attestations dans le Puy-de-Dôme où brodo signifie « envie de dormir ». S2 donne aussi le verbe broudà « lambiner ».

Je viens de trouver une attestation cévenole, dans le Vocabulaire de mots occitaniques   de Fabre d’Olivet:

Mistral ajoute les composés abroudi et abroudimen:

Mistral_ abroudiTout ce groupe de mots est limité au languedocien, à part les deux attestations du Puy-de-Dôme. L’étymologie en est inconnue.

En cherchant dans les Incognita du FEW, j’ai encore trouvé d’autres attestations, qui du point de vue sémantique et phonétique peuvent appartenir à la même famille: limousin brodo s.f. « homme lâche qui manque de vigueur et de courage; mauvais cheval »; « personne capable de rien, nulle »; dans le Puy-de-Dôme brodo « envie de dormir »; dans le Dauphiné brodo « sobriquet des montagnards alpins; mal élevé, grossier ».