cat-right

Baisse, beso ‘hotte’

Jean-Pierre, manduellois venu d’Ardèche, a continué ses recherches sur lo beso et lou coulassou  et il a trouvé un article sur la  beso qui est  utilisée en Saône-et-Loire. Un article très intéressant, avec une description et la manière de s’en servir. Le petit établi est typique pour cette région de plaine. En Ardèche on n’en a pas besoin. Voici une  copie:

appeléé « bachoule« 

La description et l’utilisation détaillée:

description et utilisation

Le mot baissa existe en provençal  et signifie « terrain basse » . Il est dérivé du verbe *bassiare « abaisser ». La petite étoile signifie que le mot n’est pas vraime,t attesté en latin classique mais le fait qu’on le trouve dans toutes les langues romanes, rend son origine latine, du latin parlé,très probable.

*bassiare « baisser, abaisser »  FEW I, 272

Le nom de la beso dans le dép. Saône et Loire bachoule vient du latin bascauda. Cliquez sur FEW 1,267

Taoulié ‘banc en pierre’

Tâoulié « Banc en pierre coquillière en un seul bloc ou en trois parties que l’on pouvait voir sous les fenêtres des maisons du centre du village dont il en reste seulement quelques vestiges. Les soirs d‟été, on sortait une ou deux chaises et son propriétaire et les voisins échangeaient les nouvelles. Dans la journée, on y voyait aussi des gamattes avec du linge qui trempait, (La bugade). Avec la nouvelle urbanisation, ses villas, ses clôtures et la Télé, ce petit édifice de convivialité n‟est plus à la mode.

Il y en avait un dans ma rue à Manduel, mais il a été enlevé  parce qu’il gênait les automobiles à la sortie de l’école.

tâoulier

Étymologie  est le latin tabula « planche »FEW XIII,1 p.18

Pour L’abbé de Sauvages tâoulié est aussi un terme  de magnaguier « table » ou « tablette »  d’un atelier de vers-à-soie qu’on dresse avec des planches ou des claies. (Sauvages 1)

 

Échamp ‘gradin cultivé’

Mon ami manduellois d’origine ardéchoise, utilisait le mot échamp pour désigner les gradins , appelés traversiers ou bancel dans le Gard et la Lozère. D’après le dictionnaire un  échamp   est une « bande de terrain comprise entre deux allées d’arbres ou de vignes ». Curieusement   n’est attesté qu’en dauphinois et  dans les dictionnaires français depuis le début de XXe siècle. En Ardèche  un échamp est un »gradin cultivé ».   Autrefois on y cultivait la vigne, mais de nos jours ces gradins sont repris par la nature.  Il m’a envoyé une photo d’un échamp actuel :

 

 

Ci-dessous Une vue d’ensemble impressionnant:

Mais ce n’est pas partout le cas. Il y a un toponyme  Échamp dans la vallée d’Eyrieux . De nos jours les paysans   produisent une espèce de pomme de terre; appelée les Échamps, ou le Belles d’Échamps,  appellation contrôlée je pense.

Ici pas de coulassou

L’étymologie  est la même que celle du  verbe escampar « verser, épancher » composé du latin ex-, campus, et -āre, attesté  en ancien occitan avec les sens « répandre, faire couler le vin, distribuer;  jaillir ». Le verbe est attesté avec des significations proches dans de nombreux parlers occitans. Voir le FEW II, 159.

 

Coulassou ‘coussin d’épaules’

Coulassou « coussin que l’on met sur les épaules quand on porte quelque chose de lourd ». ( l’accent tonique est sur le -ou-: Voir la  graphie phonétique pour Ucel en Ardèche dans l’e xtrait FEW II,893 ci-dessous.

deux coulassous

conservés jusqu’à nos jours.

Jean-Pierre, un manduellois d’origine ardéchoise, m’a envoyé des photos d’outilsagricoles encore utilisés par son père et qui sont oubliés de nos jours. Il s’agit de lo beso  « la baisse »  en français régional sorte de « hotte  » pour transporter le fumier,  et du lou coulassou , qui était utilisés pour le transport du fumier à dos d’homme dans deux régions ardéchoises dont la vallée de l’Eyrieux.1

  

Lo beso portée avec lo coulassou

 

 

Jean-Pierre me donne en plus le mode d’emploi de la besse .Hélas on n’a pas de video.

Quand on remplissait la besse (de fumier par exemple) on la calait contre un mur (ce qui ne manquait pas dans ce pays où les échamps sont omniprésents). Une fois pleine,on se baissait pour passer la tête entre les deux bras et on se redressait pour la soulever. Et pour le déchargement, on se baissait pour poser la pointe de la flèche au sol et on basculait le haut vers l’avant. Le tout était ainsi projeté au sol.

Dans un article de Jean-François Blanc,Deux paysages en terrasses de l’Ardèche pages 405-406 dans : Revue de Géographie de Lyon. 1981/4 se trouve une description de la besso et du coulasso, symbole du tranzport par l’homme dans cette région;

En ce qui concerne les transports, ils se faisaient soit à dos d’homme, soit à dos de mulet. Pour les transports à dos d’homme on se servait de la hotte (lo besso) . C’est un panier qui a la forme d’un prisme triangulaire reposant sur l’arête longitudinale. Il est maintenu en avant sur les épaules par deux longs bâtons inclinés qui convergent vers le sol 26. Dans ce dispositif, une sorte de capuchon rembourré protège la nuque du porteur et ses épaules ; il s’agit du coulassou, tellement connu des gens des Boutières qu’il avait donné son nom à une publication locale. Ce coussin rembourré, maintenu sur les épaules par une courroie de cuir qui passe sur le front, avait de multiples usages. Utilisé seul,il protégeait le porteur pendant le transport des tonneaux de vin ou des sacs de pommes de terre. La besse et le coulassou symbolisent réellement le transport humain dans les Boutières et sur le Gras de Chomérac. Sur certains versants toutefois, on faisait appel aux équidés pour porter ces lourdes charges.

Dans le site www.atelierpatrimoine.parc-monts-ardecrdeche. j’ai trouvé une autre photo de coulassou avec la bande sur le froont du porteuhe. j’ai trouvé une autre photo de coulassou avec la bande sur le froont du porteur:

coulassou avec bande cuir

De nos jours les paysans d’Eyrieux  produisent une espèce de pomme de terre; appelée les Échamps, appellation contrôlée je pense.

Coulasou est un dérivé du latin collare « collier de chien » qui a abouti à colà en provençal et colar, coulard en languedocien. Extrait du FEW II,893

 

  1. Sur l’agriculture dans ces paysages en terrasses voir l’article Deux paysages en terrasses de l’Ardèche de Jean-François Blanc.

ratabyou ‘bugrane’

Un visiteur m’a posé la question que voici:

Bonjour,

À Camaret-sur-Aigues j’ai grandi dans un quartier appelé RATAVOUX. On retrouve ce nom à Volx et à Cucuron.
Auriez-vous une idée de l\'étymologie de ce nom ?
Merci par avance de votre réponse.
Cordialement

J’ai pu lui répondre qu’il s’agit probablement d’un essai de francisation de  tanca-buou  « arrête-bœufs » ou bugrane. Il n’y a pas d’attestations en ancien occitan. Il faudrait savoir de quelle époqie datent ces toponymes.

Ratabyóu  « bugrane » s’appelle tanca-buou dans beaucoup de parlers occitans, mais d’après les données du FEW XXV,313  le type français arrête-bœufs  y est également très répandu. Les deux formes  ratabyou et aratabyou  se retrouvent dans tout le domaine occitan.

Tanca-buou « arrête-bœuf ». Bugrane. Voir Wikipedia

9s’appelle ainsi parce que leurs racines traçantes font obstacle à la charrue, d’après Wiktionnaire. D’après Wikipedia allemand, les épines peuvent blesser le bétail aux pieds . Qui a raison?? Wikipedia italien donne: I nomi comuni tipo Arrestabue o Stancabue è inteso in quanto le spine di questa pianta non sono gradite da questi animali. Un altra versione ci dice invece che a causa del suo voluminoso ceppo radicale i buoi sotto l’aratro non poco faticavano quando il campo ne era infestato.

Autres langues

Catalan estancar « étancher », espagnol estancar « retenir, étancher; monopoliser un commerce (estanca « bureau de tabac) et portugais estancar « arrêter, fermer ». Le catalan connaît aussi les formes sans es- : tancar « fermer », tanca, tancada « se dit d’une personne inaccessible » etc. En italien stanco signifie « fatigué », un développement sémantique de effet > cause. Le même sens a existé en ancien occitan estanc (XIIIe) et en ancien français estanchier « tomber de fatigue ». Anglais to staunch « arrêter l’écoulement du sang » (1300) et breton stancguaff idem, ont été empruntés au français.
Pour les toponymes qui font partie de cette famille de mots voir Pegorier, s.v. Estan- (Oc), et Stang, Stankell (Breton)

Api, crique au lapi

Crique au lapi

Un journaliste  hollandais a passé des vacances en  Cévennes et découvert les crique au lapi, une recette très bien placée dans l’air du temps, parce ce crique est végétarien, vegan même, sans gluten et sans lactose, en plus il est bon marché. On s’en servait aussi pour cacher l’amertume des médicaments aux enfants.

article en néerlandais

article en néerlandais

Api ou lapi  vient du latin apium « celeri des marais »  ou « ache ».  Les mots galloromans qui continuent ce mot latin désignent plusieurs plantes. Les premièeres attestations  api, lapi, ache ou lache  désignent le céleri, persil des marais, ache des marais, ache odorante.

aspi feuilles tigeEn provençal  c’est  l’ api bouscas

S’agit-il de l’apium repens ? ache rampante?

api du latin apium FEW XXV, 14

Aussi néerlandais eppe

argousin

Argousin mot français qui a signifié 1.anciennement Bas officier des galères.2. péjoratifvieilli Agent de police.

Les linguistes qui s’intéressent à l’occitan ont à leur disposition un travail inestimable sur le vocabulaire maritime, fait par

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud intitulé

De la Nave au Pointu

 

dans lequel on trouvé les attestations que voici:

Agosin, argousin, argusin, algousin s.m. (ar. al guazil). Argousin. 1453: « …Guilhen de Goa agosin de ladita galeassa… » A.D. BdR. 3 B 168 f°58. 1509: « Sen Lansalot Manatel pagas al nauchier et al gardian de frayre Bernadin et l’agozin a causa de l’esclau que frayre Bernardin donet al ponton la soma de fl. III. » A.C. Marseille HH 509 Bul.
Voir FEW 19,198

Le commandant propose comme étymon le mot arabe al guazil. 

Dommage que le Commandant Noël Fourquin et Philippe Rigaud n’ont pas eu connaissance du FEW d’une part  et que les collaborateurs et successeurs de von Wartburg n’ont pas connu cette oeuvre.

Voir la suite en cliquant ici

Les explications :wazir 2Je traduis parce que von Wartburg ne connaissait aucune attestation occitane. Grâce au travail

 

 

Glossaire Nautique = première att; de 1452 dans BdR

Longue citation de BEGUES F. de, Lou jardin deys musos Prouvençalos, Aix, 1666.

arganel ‘gros anneau en fer’

Florian Vernet a eu raison de suivre le TLF en classant  arganeau dans la liste des mots français empruntés à l’occitan. Il écrit:

Arganeau, subst. masc. Arganèl {arganèu}argan”l argan”w]Gros anneau de fer placé à l’extrémité de la verge d’une ancre pour y étalinguer un câble, ou scellé dans le mur d’un quai, et qui sert à amarrer les bateaux. Le même terme existe en espagnol :arganel.

Le CNRTL qui écrit toute l’histoire en traduisant le FEW VII, p.411.:

Empr. prob. par l’intermédiaire du prov. arganèu ourganèu « organeau, puis anneau de fer auquel on passe un câble » (seulement ds Mistral) issu d’une forme diminutive (-ĕllu-)d’un b. lat. *arganum, lat. class. organum « instrument, outil », empr. au gr. ο ́ ρ γ α ν ο ν « id. » Le changement de voyelle initiale remonte prob. au plur. gr. τ α ̀ ο ́ ρ γ α ν α prononcé τ α ́ ρ γ α ν α compris comme τ’α ́ ρ γ α ν α. L’évolution de sens « outil » > « anneau » est vraisemblable. L’explication du passage de org- à *arg- sous l’infl. d’un lat. médiév. argata (attesté au sens de annulus en 1349, Du Cange) qui représenterait le gr. ε ̓ ρ γ α ́ τ η ς « travailleur » (attesté au sens de « levier de serrage d’une vis », Biton [3es. av. J.-C.] Math., 110eds Bailly) paraît peu solide. L’hyp. de l’empr. d’arganeau au cat. arganell issu d’un croisement entre le cat. anell « anneau » et argolla « anneau de fer » (art; .), Vidos 1939, p. 209 fait difficulté car le cat. arganell ne paraît pas présenter le sens de « anneau » (Alc.-Moll.). L’hyp. d’après laquelle le fr. arganeau serait une forme métathétique pour *orengueaudiminutif de *orenc (pour orin xves. « cordage qui attache une bouée à une ancre »), Barb. Misc. 2, 1925-28, p. 123, ne présente aucune base solide.

L’étymologie est le mot latin : organum  FEW 7,409  411

Pour les germanophones voici l’explication du FEW

arganeau FEW7p41  et plus loin :

Explication du FEW

avec cette différence que le  CNRT approfondit la note du FEW sur Barb. comme complètement à côté de la plaque.  On sait que les lexicologues sont des copieurs/colleurs, tous sans exceptions; moi le premier.  Ils restent humains.

la raison de cet article est le complément d(information que nous fournit un travail inestimable, le  Glossaire nautique du

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud:

De la Nave au Pointu

 

La première attestation deans le FEW et CNRT est le  moyen français de  1382. Dans le Glossaire nautique c’est bien plus tôt : provençal . 1301 !   Vous savez que les étymologistes attachent beaicoup d’importance aux datations.

Glossaire nautique.
Arganel, arganellus, arganeau s.m. (lat. organum). Formes: arganel, arganot, arganeaul, organel. Sorte de bossoir basculant utilisé sur les galères et les chaloupes annexes de plus grands navires pour déraper l’ancre. 1301: « Item, arganellos barcharum de parescalmo veteres sex. » A.D. BdR. B 1936 f°114. 1477: « Item,… l’argil a proa cum duobus arganells.. » A.D. BdR. 351 E 451 f°42v°. 1510: « Per un arguinel per l’esquifo et lo bronse tot gr. VIII » A.C. Marseille HH 509 Bul. 106. 1512: « ung arganel… l’arganel de l’esquif… » A.D. BdR. B 1487 f°63v°. 1571: « Plus fault deux arganeaulx dedans lesquels se mettent les poulies pour mettre les fers dedans la gallaire. Lesdits arganeaulx se mettent à proue et sont de chesne ou de noyer servant pour serper ou lever les ancres. » B.N.F. Ms. fr. 3174 f°24v°.

 

 

.

agoutar ‘écoper; tarir’

Dans l’inestimable œuvre du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud

De la Nave au Pointu

Glossaire nautique de la langue d’oc

Provence-Languedoc

Des origines à nos jours

se trouve un article Agotar, agoutar, agouta, agoutter « écoper, pomper, asécher » avec de nombreuses attestattions de la région d’Arles qui s’étalent du XIVe à la fin du XIXe siècle.

L’étymologie est le latin gutta « goutte » ce qui n’a aucun intérêt; par contre le riche développement sémantique est intéressant. Regardez les multiples significations très spécifiques fournies par le FEW IV,p.351 pour le domaine occitan.

 

Agotar 1 FEW IV,349

Il semble que le sens vider jusqu’à la dernière goutte » est à la base des sens dans les parlers occitans et franco-provençaux jusqu’à la fameuse ligne formée par la Loire. .Typique pour les parlers franco-provençaux est le sens « tarir une vache pleine ».

 

Agotar 2 FEWGl 1,184 revoie vers le Glossaire des patois de la Suisse romande.

Un autre travail inestimable  de GŒANTS de la linguistique ce Glossaire des Patois de la Suisse Romanden, abrégé GPSR, mais dans le FEW tout simplement Gl. Commencé en 1899 le dernier fascicule n°127 contient le début de la lettre H- Allez voir un peu.

Glossaire des patois de la Suisse romande

(GPSR)

C’est du sérieux ! Surtout ne pas comparer à

Le Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR) est, depuis 1899, un acteur essentiedans la mise en valeur du patrimoine linguistique romand. Etabli à Neuchâtel, il est l’un des quatre Vocabulaires nationaux de la Confédération helvétique. Tout comme ses confrères alémanique, grison et tessinois, il a pour mission de documenter le plus complètement possible les patois de son domaine linguistique, d’en faire l’analyse lexicologique et de rendre celle-ci accessible au public et au monde scientifique sous la forme d’un dictionnaire dialectal de grande ampleur.

arne, arnos ‘mites’

Arne : Mite microscopique qui a une prédilection pour les plumes. Les taxidermistes amateurs qui naturalisaient leurs leurres (Vanneaux, Pluviers, étourneaux et autres limicoles) pour la chasse au poste, mettaient du sel pour conserver la peau et y ajouter du poivre pour protéger les plumes de ces arnes. (Jean Daumas, Marsillargues).

arna

Pierrepiaf; vétérinaire vous explique tout sur les mites des plumes.

Les dictionnaires occitans en ligne ne donnent que les mots arne, arna et arnadura « vermoulure », mais Alibert nous fournit des compléments:

Arna AlibertLe Thesoc dans l’article mite montre que le mot  était vivant  dans une grande partie du domaine occitan. La variante darna est limité aux départements ARDECHE, CANTAL, DORDOGNE, HAUTE-GARONNE, ISERE, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN, TARN-ET-GARONNE. PUY-DE-DOME.et CORREZE,

ans FEW XIII/1, p.122  dans l’article tarmes « ver à bois » nous trouvons des attestations depuis le XIIIe siècle.arnaFEW13-1

L’auteur réunit les 3 types arta, arna et darna dans le même article, mais dans son commentaire il précise que pour le moment il n’a pas d’explications de ces formes, la disparition du t- initial, le -t- devenu -n- dans de nombreux patois et le d- initial.

Par contre les évolutiçns sémantiques ne posent aucun problème. Jetez un coup d’œil sur l’article du FEW XIII/1, p.122   pour vous en rendre compte.